Cameroun: la politique de la Grenouille Bouillante et le conditionnement autoritaire systématique
Il y a une métaphore puissante de la grenouille bouillante. Comme le dit le conte, une grenouille placée dans l’eau chaude sautera pour s’enfuir, alors qu’une grenouille placée dans l’eau froide, lentement chauffée, ne réagira pas jusqu’à ce qu’il soit trop tard, et soit bouillir vivante.
Les biologistes répondent que l’histoire de la grenouille est un mythe: si les amphibiens ne réagissaient pas à la hausse des températures, il n’y aurait bientôt plus d’amphibiens. D’autre part, les animaux moins instinctifs – vous et nous par exemple – semblent prêts à supporter des températures politiques croissantes, si nous pouvons seulement rester persuadés que d’autres personnes pourraient bouillir à mort (y compris à notre place), et qu’il ne fera pas trop chaud dans notre environnement immédiats.
En cela le régime du dictateur Biya est une longue expérimentation en conditionnement autoritaire et c’est maintenant le tour des Camerounais anglophones de ressentir la chaleur des machinations orchestrées par l’appareil de sécurité nationale camerounais. Aujourd’hui, la répression dans les régions anglophones s’est même étendue en dehors de ces zones de conflit, pour continuer à réprimer explicitement et systématiquement par des rafles des ressortissants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à Douala, Yaoundé, et d’autres villes francophones sur la base d’un processus bureaucratique bien huilé et particulièrement cruel.
Il est maintenant clair que cette logique répressive de l’expansion terroriste commanditée par l’État fournit une couverture juridique imparable à tout l’appareil de l’État de sécurité nationale,notamment pour appliquer des politiques non seulement cruelles mais qui éloignent radicalement le régime de toute prétention au respect des valeurs humanitaires.
En effet, que reproche-t-on à ces infortunés systématiquement raflés, autre que leur origine ethnique qui leur vaudrait ainsi d’être automatiquement assimilés à des « Ambazoniens », c’est à dire des partisans de la sécession du Cameroun Anglophone?
Non seulement nous dénonçons et condamnons avec fermeté ces rafles anti-républicaines, mais appelons les autorités du Cameroun à les cesser immédiatement. Car elles ne sont ni plus ni moins qu’une entreprise de nettoyage ethnique orchestrée sous le couvert de la « lutte contre le terrorisme », et qui constituent sans le dire un feu vert donné aux forces de l’ordre pour commettre en toute impunité ces crimes contre l’Humanité puis ces sévices perpétrés régulièrement contre ces populations civiles.
Même une grenouille sait quand l’eau devient trop chaude pour son confort. Aussi en tant qu’êtres humains et camerounais de surcroît, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour atteindre et aider les victimes les plus vulnérables de la politique ethnofasciste polarisée et surchauffée du régime Biya.
Ça suffit!!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
English version
Cameroon: the Politics of the Boiling Frog and Systematic Authoritarian Entrapment
There is a powerful metaphor of the boiling frog. As the tale goes, a frog placed in hot water will jump to get away, while a frog placed in cool water, slowly heated, will not react until it’s too late, and be boiled alive.
Biologists respond that the frog story is a myth: If amphibians didn’t react to rising temperatures, there would soon be no amphibians. On the other hand, less instinctive animals – you and me, for instance – seem willing to endure rising political temperatures, if we can only remain persuaded that other people might boil to death, but it won’t get too hot in the immediate vicinity.
The Biya’s regime is a long experiment in authoritarian conditioning and it is now the turn of the English-speaking Cameroonians to feel the heat of the machinations of the Cameroonian national security apparatus. Now the enforcement pattern has gone out of the Anglophone regions to explicitly punitive and systematic rounds up of North West and South West nationals in Douala and other French-speaking cities with a cruel bureaucratic arbitrary process.
It is now clear that this repressive logic of state-sponsored terror expansion provides legal cover for the entire apparatus of the national security state to now enforce policies that are not only cruel but radically undermines the regime any pretensions to humanitarian values.
What is their reproach, other than their ethnic origin that would be worth them to be systematically assimilated to « Ambazonians », that is to say supporters of the secession of Anglophone Cameroon?
Therefore, not only are we strongly denouncing and condemning these anti-republican raids, but call on the Cameroonian authorities to stop them immediately.
Indeed, they are neither more nor less than an ethnic cleansing company orchestrated under the guise of the « fight against terrorism », which constitute without saying a green light given to the police forces to commit with impunity these crimes against humanity and these beatings perpetrated regularly against these civilian populations.
Even a frog knows when the water is getting too hot for comfort. As human beings and as Cameroonians, we should do what we can to reach out to and help the most vulnerable victims of our polarized and overheated ethnofacist politics.
That’s enough!!
The Committee The Release of Political Prisoners (CL2P)