Affaire Adèle Mballa: la fuite en avant de la CRTV
Face à la colère de l’ambassade de France au Cameroun relayée au Mincom/PCA de la CRTV par le Minrex, avec information de la Présidence camerounaise, Charles Ndongo, le DG de notre radio télévision publique a présenté finalement ce jour des excuses à la communauté française. En passant, il met en cause sa collaboratrice présentatrice du journal télévisée de ce 15 mai 2017. Au sujet du fameux faux gouvernement diffuse sur ses antennes, le DG de la CRTV accuse en effet Adèle Mballa d’avoir relayé de fausses informations issues des réseaux sociaux.
Par cette sortie, M. Ndongo essaie de sauver sa propre tête en livrant le maillon le plus visible d’une faute globale de l’entreprise dont il est le principal responsable.
Dans une chronique ce midi sur LTM TV, avant lesdites excuses que j’ai relayées en fin d’émission souhaitant qu’elles mettent fin à cette affaire, je dénonçais auparavant le fait que depuis 5 jours la CRTV ne les avait pas présentées aux téléspectateurs (public) ainsi floués. Mon analyse de la volée de bois vert que subissait sur les réseaux sociaux Adèle Mballa se résumerait en une insatisfaction générale vis-à-vis de ce média à capitaux publics qui s’affirme davantage dans la propagande partisane.
Pour un Médiateur à la CRTV
Je proposais alors qu’au lieu de s’en prendre à la présentatrice disparue de l’antenne dès le lendemain de la bourde, la CRTV devrait instituer en son sein, comme la plupart des grands médias, le mécanisme du Médiateur. Il permet en effet à un grand média (France 2 comme le New York Times en ont) de recueillir et traiter les récriminations du public relativement au traitement de l’information par le dit média. Hélas, avec le ton de ces excuses, on n’a pas l’impression que notre média à tous (la CRTV est financée par tous les contribuables camerounais) en prenne cette (bonne) direction. La sanction – suspension d’antenne présumée – à l’encontre de Adèle Mballa apparaît de ce point de vue comme une fuite en avant. Elle ne résoudra aucun des problèmes gravement révélés par cette affaire, notamment celui de la collecte et le traitement de l’information en général et de l’information politique en particulier.
Par Alex Gustave, Journnaliste
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Affaire du «faux» Gouvernement français: Le DG de la CRTV Charles Ndongo présente ses excuses à la communauté française
La concernée, par ailleurs directrice de l’information à la télévision publique, a immédiatement été écartée de la présentation du journal phare de la CRTV. L’ambassade de France aurait même appelé la présidence de la République pour se plaindre de cette fausse information qui a failli causer un incident diplomatique.
Une semaine après, le Directeur général de la CRTV, Charles Ndongo, présente ses excuses à la communauté française suite aux «malencontreuses informations diffusées par la présentatrice du Journal télévisé Adèle Mballa Atangana». Selon un communiqué diffusé dans l’émission dominicale «Dimanche midi» ce 21 mai, il s’agit «d’informations relayées sur les réseaux sociaux par la présentatrice au sujet du nouveau gouvernement français».
Ci-dessous, la vidéo de la bourde d’Adèle Mballa Atangana:
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Crtv/Diffusion de fausses nouvelles: Adèle au pays des merveilles
La sortie de la présentatrice vedette de la Crtv interroge sur le traitement de l’information sur la chaine publique nationale.
On sait Emmanuel Macron ouvert sur l’Europe et sur le monde. On sait que le nouveau président français a des attaches partout et même dans des coins insoupçonnés de la planète. Peut-on penser qu’il ait murmuré à l’oreille d’Adèle Mballa Atangana, la « pulpeuse » présentatrice du 20h30 sur la Crtv, pour lui communiquer en exclusivité les noms des nouveaux ministres de son gouvernement ?
Si tel est le cas on peut se dire qu’il s’est bien moqué d’elle car aucune information relative à ce gouvernement fantôme annoncé en grande pompe par notre consœur lundi dernier n’était finalement fondée. On se demande bien qu’elle mouche a pu piquer cette journaliste réputée pour qu’elle cède aussi lamentablement à la divulgation d’une fausse nouvelle qui aurait pu créer un incident diplomatique entre la France et le Cameroun.
Le 20h30 est censé être un espace sacré où les informations doivent être recoupées au moins à trois niveaux avant d’être servies au grand public. Plus encore une information aussi délicate que la nomination d’un nouveau gouvernement en France. Où était le Rédacteur en chef ? Le responsable de l’édition a-t-il seulement lu cette dépêche ?
Mais au final, c’est bien la responsabilité de la journaliste qui est en premier engagée. Comment a-t-elle pu donner une information aussi capitale sans la recouper ? Nous pourrions toujours esquisser des pistes de réponses à ces interrogations mais pourrions-nous vraiment décrypter le code de médiocrité en vigueur à la Crtv et même dans l’ensemble de l’univers médiatique camerounais ?
Comment se surprendre de pareille méprise quand un DG à peine nommé ne pense qu’à encenser le président à qui il promet allégeance et dévouement pour lui avoir « sauvé la vie ».
Elle n’est pas la première
Mais enfin, faut-il s’étonner qu?une journaliste chevronnée se laisse aller à pareille énormité quand on scrute cet univers médiatique camerounais ou trônent gaillardement imposteurs et snipers. Où il suffit de se payer des trois pièces et de se maquiller comme Fantômas pour séduire son monde. Où il vaut mieux garnir sa garde-robe que d’enrichir sa mémoire…Où quelques intellectuels cathodiques ont pris les médias en otage et vous rappellent leurs titres et grades chaque fois qu’ils placent une phrase.
Au fond, faut-il encore s’émouvoir du fait qu’une journaliste qui a dirigé le Centre de Formation de la Crtv d’Ekounou et par conséquent formé des journalistes reporters d’images et qui est directrice de l’information télé en soit à buter ainsi sur un principe élémentaire du journalisme ?
Il y a quelques mois encore, un confrère avait dans un éditorial du journal l’Action annoncé et commenté la victoire d’Hilary Clinton aux élections présidentielles américaines. Pris en flagrant délit d’impatience, l’icône de la presse nationale qui dirige avec hardiesse les organes de presse du Rdpc n’avait même pas cru devoir s’excuser de cette contre-information ahurissante. Pourquoi donc condamner la belle Adèle ? Après tout, ne sommes-nous pas au pays des merveilles ?