Élections dimanche. Résultat lundi ! Ce n’est pas en France. C’est chez nous…Nous, camerounais, passons le temps à faire la leçon aux africains. Perdons un temps fou à justifier l’injustiable pour maintenir au pouvoir nos éternels dirigeants.
Nous, au Cameroun, consumons de l’énergie à traiter d’opposants, d’activistes, d’ennemis et que sais-je encore dans le vocabulaire fleuri du président, ceux qui expliquent calmement qu’on peut organiser une élection dimanche et proclamer les résultats lundi.
À quelques kilomètres de nous, le Burkina Faso en a fait l’éclatante démonstration.
La Commission électorale nationale indépendante que nous refusons effrontément, a distillé de façon régulière, au fil de l’eau, dans la nuit, sur son site Internet, les résultats provenant des bureaux de vote, sur l’ensemble du territoire.
Chez nous, la fibre optique sert à faire les titres du grand quotidien national (Cameroon Tribune), inaugurer les chrysanthèmes et garnir les comptes de quelque ministre et hommes d’affaires écran. Avec au gratin, les nems de la coopération chinoise.
Les techniques ont évolué au point où, il n’est plus besoin de ce décorum, de ces flonflons, de ce lourd appareillage, voile de la fraude et des tractations de minuit pour proclamer des résultats au bout d’un mois. Plus aucun pays ne le fait. Même en Birmanie, chez les fieffés despotes du régime militaire de Rangoon, les choses se décantent progressivement.
Avec nos conservatismes, ces techniques éventées et l’art de la ruse, le risque est clair: le Cameroun, sous ses dehors de ” démocratie apaisée “, deviendra le fossile d’Afrique comme le reflet des peintures rupestres, d’il y a quelques millénaires, de nos ancêtres des Rhumsiki.
© Correspondance : ABDELAZIZ MOUNDE