Il n’y a que l’imagination fertile d’un tyran pour faire germer une telle incrimination en détournant et instrumentalisant de la sorte la nécessaire et légitime lutte contre le terrorisme, dans le but non avoué d’exercer indirectement un ignoble chantage diplomatique sur sa puissance protectrice, La France.
Nous n’exigeons rien d’autre que la libération pure et simple du correspondant camerounais en langue haoussa de Radio France Internationale (RFI), Ahmed Abba.
Parce que nous ne pouvons nous résigner et nous taire devant la prise en otage d’un journaliste dans un processus de criminalisation assumée de l’appareil judiciaire camerounais, avec une orchestration quasi parfaite (jusqu’ici) des séquestrations arbitraires à des fins politiciennes.
Monsieur Paul Biya, il est enfin temps d’y mettre définitivement un terme, pour l’honneur et la respectabilité internationale de l’État du Cameroun.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Cameroun: Ahmed Abba, correspondant de RFI, condamné à dix ans de prison ferme
Au Cameroun, le tribunal militaire de Yaoundé a prononcé, ce lundi 24 avril, une peine d’emprisonnement ferme de 10 ans à l’encontre du correspondant de RFI en haussa. La défense de Ahmed Abba qui clame toujours l’innocence de notre confrère a déjà annoncé qu’elle fera appel.
Ahmed Abba a été condamné à 10 ans de prison ferme, peine assortie d’une lourde amende de près de 56 millions de francs CFA. La décision du tribunal est tombée à 18h30, heure locale, au bout d’une longue journée d’attente dans l’enceinte du tribunal militaire de Yaoundé.
Le cauchemar a commencé en juillet 2015, au moment de son arrestation, à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Il y a eu ensuite plusieurs mois de détention au secret, à Yaoundé, durant lesquels il a été torturé. Ahmed Abba a dû attendre quatre mois pour enfin parler à son avocat et deux de plus avant que son procès ne commence.
La procédure s’est longtemps limitée à une série d’audiences de forme et d’innombrables reports. Ahmed Abba n’a été entendu par les juges qu’en mars dernier et la sentence est tombée la semaine dernière. Le tribunal militaire l’a jugé coupable de non-dénonciation et blanchiment du produit d’un acte terroriste.
Les preuves apportées par RFI ont en revanche permis de faire tomber l’accusation d’apologie. Les juges ont reçu une copie de tous les travaux produits par Ahmed Abba et nulle part on ne trouve de traces de propagande.
Le journaliste risquait la peine de mort. Ses avocats ont réussi à ramener la peine à dix ans de détention – le minimum dans les cas de blanchiment – en mettant en avant la conduite exemplaire d’Ahmed Abba depuis son arrestation et le fait qu’il n’ait jamais été impliqué dans la moindre affaire.
Ahmed Abba a commencé à travailler en 2010 dans cette région très sensible qu’est l’Extrême-Nord du Cameroun – une zone régulièrement visée par Boko Haram – mais le journaliste n’envisageait pas de travailler ailleurs. D’abord cameraman, il est devenu en 2014 correspondant de RFI en langue haoussa et durant toutes ces années, il n’a rien fait d’autre que son travail de journaliste.
■ Communiqué de RFI
Condamnation d’Ahmed Abba: RFI consternée, les avocats font appel
RFI est consternée par le verdict du tribunal militaire de Yaoundé qui vient de condamner Ahmed Abba, son correspondant en langue haoussa au Cameroun, à 10 ans de prison ferme. Il s’agit de la peine minimale pour le motif de « blanchiment de produits du terrorisme » retenu contre lui. L’accusation d’« apologie du terrorisme » avait été écartée en raison des preuves irréfutables fournies par RFI (la traduction de l’ensemble des productions d’Ahmed Abba sur son antenne en haoussa).
Les avocats d’Ahmed Abba font appel de cette décision incompréhensible.
Alors qu’aucune preuve n’a été apportée au dossier, cette condamnation est celle d’un journaliste qui n’a fait qu’exercer son métier.
Au-delà de la condamnation d’Ahmed Abba, c’est la liberté d’informer et d’être informé qui est mise en cause. RFI en appelle à la mobilisation générale de tous ceux qui dans le monde se battent pour défendre ce droit fondamental.