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Le grand timonier camerounais est ainsi un des rares dirigeants du monde à faire une telle publicité d’une lettre purement formelle adressée par un Président controversé des États-unis à l’occasion de la fête nationale du Cameroun célébrée le dimanche 20 mai. La plupart de ses homologues évite soigneusement d’en faire état dans le contexte international actuel.
Mais bon, Paul Biya n’a plus que ces rares opportunités là pour agiter sa respectabilité internationale ,alors même qu’il est de fait jugé infréquentable par nombre des grands de ce monde.
On aura donc compris que cette communication est destinée comme toujours à abrutir les Camerounais.
Pour autant les États-Unis condamnent les incitations et les faits de violence des deux côtés, tant des autorités en place que des sécessionnistes.
Cela a le mérité de la clarté et c’est le plus important!
JDE
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Les Etats-Unis accusent le pouvoir camerounais et les séparatistes anglophones d’exactions
Depuis 2017, un conflit de basse intensité oppose les forces gouvernementales à des sécessionnistes armés dans le nord du pays.
Les Etats-Unis ont accusé le gouvernement camerounais et les séparatistes de la minorité anglophone d’exactions dans le conflit qui les oppose depuis des mois, au moment où Yaoundé pointe du doigt l’Afrique du Sud, l’Amérique et l’Europe comme étant des bases arrière des indépendantistes.
Du côté gouvernemental, « il y a eu des assassinats ciblés […] des incendies [et] des pillages de villages », a accusé, dans un communiqué obtenu vendredi 18 mai par l’AFP, l’ambassadeur américain au Cameroun, Peter Henry Barlerin. Le diplomate, dont le texte a été publié à la suite d’une rencontre jeudi à Yaoundé avec le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, accuse aussi les séparatistes armés de « meurtres de gendarmes, enlèvements de fonctionnaires et incendies d’écoles ».
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C’est la première fois qu’une chancellerie occidentale affirme ouvertement que des exactions ont été commises par un camp ou l’autre dans ce conflit de basse intensité qui oppose depuis fin 2017 l’armée camerounaise à des sécessionnistes armés réclamant l’indépendance des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En février, l’Union européenne (UE) avait appelé l’armée à un « usage proportionné de la force ».
Les deux camps « ne s’écoutent pas »
Les combats sont devenus quasi quotidiens entre les forces de sécurité et les hommes se réclamant de « forces de restauration » d’un Etat anglophone qui avait brièvement vu le jour entre les deux guerres mondiales, sous mandat britannique.
D’abord cantonnés aux attaques contre les symboles de l’Etat (commissariats, gendarmeries), les séparatistes ont commencé, en 2018, à kidnapper des fonctionnaires et des francophones et à s’en prendre aux entreprises étrangères qu’ils accusent de soutenir Yaoundé. De nombreuses écoles ont aussi été brûlées. Le gouvernement central a répondu par un important déploiement de forces de sécurité dans les deux régions anglophones sur les dix que compte le pays.
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Les Etats-Unis, qui estiment que les deux camps « ne s’écoutent tout simplement pas » et « se sont engagées dans une rhétorique qui déshumanise la partie adverse », ont appelé le président Biya à « utiliser son leadership » en vue d’un dialogue. Pour la première fois depuis le début de la crise, Yaoundé a admis mardi avoir malmené un séparatiste présumé arrêté. L’armée a toujours nié les accusations d’exactions qui se sont multipliées ces derniers mois.
Des séparatistes « tapis à l’étranger »
Yaoundé a désigné l’Afrique du Sud, l’Amérique et l’Europe comme des bases arrière des séparatistes anglophones. « Il est apparu que ces sécessionnistes émettraient [leurs discours sur Internet] à partir d’un pays qui se trouve être un pays ami. Nous avons donc reçu l’ambassadrice [sud-africaine] pour lui faire part de nos inquiétudes, de ce que l’Afrique du Sud, un pays frère, pourrait prendre comme mesures », a déclaré le ministre de la communication, Issa Tchiroma Bakary, à la télévision d’Etat vendredi.
Le 11 mai, le ministre de la défense avait asséné que les séparatistes « sont tapis à l’étranger, en Amérique et en Europe, où ils procèdent à des levées de fonds pour venir porter la déstabilisation au Cameroun », selon la presse camerounaise. Interrogé au sortir de sa réunion avec Paul Biya, l’ambassadeur américain a indiqué « en avoir parlé » avec le président camerounais.
Fin 2017, début du conflit armé dans la crise présente depuis fin 2016 dans les régions anglophones, de nombreux appels à la création de groupes armés d’« autodéfense contre les forces d’occupation » camerounaises ont été lancés par des leaders séparatistes depuis l’étranger et diffusés sur les réseaux sociaux.
Des tortures entraînant la mort
Les Etats-Unis étant impliqués au côté du Cameroun dans la lutte contre le groupe djihadiste nigérian Boko Haram dans le nord du pays, l’ambassadeur Barlerin a « félicité » le président Biya des efforts conjoints. « J’ai aussi indiqué que les lois américaines nous obligent à ne pas travailler ou former des unités [de l’armée] contre lesquelles des allégations crédibles de violations des droits de l’homme ont été avancées », a prévenu l’ambassadeur.
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En 2017, un rapport de l’ONG Amnesty International avait accusé les forces camerounaises de tortures entraînant la mort dans sa lutte contre Boko Haram, estimant que des « dizaines » de prisonniers seraient morts au Cameroun dans des centres de détention. A l’époque, le gouvernement avait démenti ces accusations.
Enfin, l’ambassadeur des Etats-Unis a indiqué avoir discuté avec Paul Biya, 85 ans dont 35 au pouvoir, « des élections à venir » alors qu’une présidentielle est prévue cette année, à laquelle il n’a pas dit s’il se présenterait. « J’ai suggéré au président qu’il devrait réfléchir à son héritage et à comment il veut que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire », a-t-il indiqué.
LE MONDE