Notre constante position sur l’état de santé préoccupant des détenus d’opinion au Cameroun: le droit à des soins appropriés doit primer sur toutes les autres considérations.
Dans un État qui se veut de droit, nous ne pouvons pas nous ériger en juges et bourreaux, quelque soit la gravité des faits reprochés à des prisonniers d’opinion, y compris quand ils font l’objet comme l’ancien ministre Polycarpe Abah Abah d’une cascade d’accusations cousues de toutes pièces et de condamnations arbitraires.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
Tribunal criminel spécial : Polycarpe Abah Abah hospitalisé
L’audience criminelle spéciale s’est tenue hier en l’absence de l’Ex-Minfi. Peut-être aussi une éventuelle évacuation
La collégialité présidée par le Président Nyo Mathias Dinga a été assez courte. L’audience est reprise aux environs de 11h30 minutes. L’auditoire est resté sur sa faim jusqu’à la suspension de l’audience. Hors mis l’absence fort remarquée de Polycarpe Abah Abah, toutes les parties étaient présentes. Le collectif de la défense d’Abah Abah était représenté par Me Mong, Nko’o et Bilong. Le magistrat J.C Téguim assurait le Ministère public et Me Tchangou la partie civile. L’affaire enrôlée à l’audience de ce jeudi constituait le début de l’audition des témoins du Ministère public.
Le premier témoin de l’accusation, sieur Akumchi, ancien directeur du trésor, était bel et bien dans la salle, prêt à être ‘’examiné’’. A la lecture de la prévention par le greffier audiencier, le tribunal a constaté l’absence de l’ex Minfi dans la salle. Le Président a donné la parole à sa défense pour en savoir plus. En réponse, Me Mong a produit une demande de report d’audience et la copie d’un certificat médico-légal ressorti d’une incapacité de travail de 45 jours. Bref, l’ancien argentier de l’Etat a 45 jours de repos. Mais le tribunal a coupé la poire en deux. Pour une bonne administration de la justice, le président a fixé la prochaine audience au 28 décembre 2015, en attendant l’évolution de l’état sanitaire de l’illustre patient. De fait, le mal dont il souffre n’a pas été dévoilé.
La nouvelle affaire Abah Abah, on dirait la troisième, est appelée pour la première fois en février 2015 suite à l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction du 21 novembre 2014 notifiée à l’ex-Minfi. L’ordonnance porte sur un montant de 1 211 601 571 de francs Cfa. Une deuxième ordonnance du 24 novembre 2014 porte le montant à 1 811 601 571 Fcfa. La défense va crier à la manipulation des chiffes qui peut jeter la suspicion sur le travail judiciaire. Me Nouga sera convaincu que l’accusation a grossi frauduleusement les chiffres d’une part, et d’autre part Abah Abah n’a pas été entendu pour les seconds faits à savoir, la somme de 53 219 178 FCfa de la 2ème ordonnance.
En effet, l‘examen du relevé du compte personnel N°301 807-01-S d’Abah Abah ouvert dans les livres de la Commercial Bank of Cameroon (CBC), agence de Yaoundé, laisse apparaître qu’il a été crédité le 05 mai 2000 d’un montant de 1 158 352 393 Fcfa par le débit du compte 301 897-01-M du ‘’Remboursement TVA’’. Pour dire, en d’autres termes, que l’argent crédité dans le compte d’Abah Abah, directeur des Impôts, représentait plutôt le ‘’Remboursement TVA’’. Mais selon les différentes correspondances entre le Directeur général de la CBC et le Directeur des Impôts, l’erreur fut corrigée le même jour.
L’affaire ne s’est pas arrêtée à ce stade. Car quelques années plus tard, sieur Peter William Mandio, alors directeur de publication d’un canard de la place va ressusciter l’affaire par le biais d’une dénonciation. Alors même que la tutelle, M. Meva’a M’Eboutou à l’époque des faits avait pris position : «Ni détournement de deniers publics, ni administrative, ni faute commise par Abah Abah, D.I ». In fine, faute de la banque. Aucun préjudice pour l’Etat. En attendant la fin de l’intermède, nous ne pouvons que lui souhaiter un prompt rétablissement.
© La Nouvelle Expression : Charles-Olivier Mbami