En philosophie politique, le problème anglophone s’apparente aux luttes des minorités ou luttes pour la reconnaissance théorisées par Taylor, Honneth et Fraser. C’est à dire un groupe ayant une identité culturelle spécifique qui peut être la langue, la race ou le genre décide de revendiquer ses droits s’il s’estime opprimé ou marginalisé.
Le rôle de l’État n’est pas de nier l’existence de ces minorités ou du problème mais de mettre en place des politiques visant à pleinement renforcer leur appartenance.
C’est ce qu’on appelle les politiques de la différence ou politiques multiculturelles en vigueur dans de nombreux pays. Exemple, les politiques de quota répondent à cela. Mais au Cameroun, l’équilibre régional non seulement n’est pas respecté en terme de quota parce que sont parfois les moins méritants qui sont coptés. Ainsi, se considérant comme une minorité au moins du point de vue linguistique vu leur specifité historique, les anglophones décident de poser des problèmes qui peuvent être nationaux sous leur propre perspective. Ils utilisent à cet effet ce que Gayatry Spivak reprise par Butler appelle l’essentialisme stratégique. C’est-à-dire s’appuyer sur une conception figée de l’identité pour poser des problèmes. C’est à dire, si aujourd’hui vu les mélanges il est difficile de savoir qui est bulu, ewondo ou Bamileke, de nombreux camerounais se sont installés depuis des décennies en zone anglophone. D’autres francophones ont épousé des anglophones et vice versa. Mais l’essentialisme stratégique ne tient pas compte de cela.
Pour tout résumer, au delà de quelques aspects, les anglophones sont pleinement conscients dans leur grande majorité que les problèmes d’eau, de routes, d’électricité, de nominations et autres sont les problèmes de tous les camerounais et toutes les régions. Mais ils sont minoritaires. La corruption, le tribalisme, le Pillage les énervent. Les francophones sont majoritaires et se taisent. Ils ne font rien. Quand un anglophone veut dénoncer devant les francophones ces derniers le voient plus comme un “Bamenda”.
Sur cette base, fatigués de subir non seulement la discrimination culturelle, mais également la pauvreté chômage, corruption, incapables de se faire entendre par les francophones qui souffrent également ils décident de parler de leurs problèmes. C’est l’essentialisme stratégique……
Aux francophones maintenant de poser leurs problèmes. Les stratèges de Biya le savent…..
Par Boris Bertolt, journaliste