“Rapport explosif” pour celles et ceux qui ont délibérément toujours fermé les yeux sur la gabegie systémique d’un régime crapuleux qui se contentait à intervalle régulier de leur offrir des lampistes au lynchage…
Coup de gueule…”Vous n’avez encore rien vu” mes sœurs et frères camerounais
De quoi se plaignent donc les Camerounais qui feignent de découvrir – à travers le détournement des fonds covid – l’ampleur d’un système de corruption endémique et généralisée qu’ils ont collectivement couvert et parfois ovationné quand le tyran leur offrait en pâture de parfaits boucs émissaires (dont certains de nos parents arrachés du mouroir carcéral de Yaoundé sous les quolibets, injures et invectives récurrents de ceux-là même qui crient aux voleurs aujourd’hui)???
Je rappelle simplement qu’il y a encore des personnalités camerounaises qui croupissent dans les geôles du régime sur des faits non avérés de détournements de fonds publics, considérés comme des prisonniers politiques par la communauté internationale, mais pour lesquelles nos indignés à la mémoire sélective ne lèvent pas le petit doigts, au motif qu’elles auraient “fait parti du régime” comme certains de leurs nouveaux “messies” de l’opposition.
Cette mentalité de faux-culs n’augure d’aucun réel changement politique dans ce pays.
Juste devrais-je me contenter de défendre les vies – Toutes les vies humaines – et à très bonne distance.
Ce n’est pas tous les jours facile dans ce contexte de haine et malhonnêteté caractérisées.
JDE
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Chaque fois que le régime Biya est dos au mur, il joue une de ses cartes favorites : distraire l’opinion des vrais enjeux du moment. Dans un contexte où les militaires camerounais subissent une véritable déculottée en zone anglophone et que les camerounais ne voient pas d’un bon œil la transmission du pouvoir suprême de gré à gré (entre les membres d’une même famille) qui se profile à l’horizon, Biya et sa clique de mafiosos ont trouvé un meilleur moyen de distraction, à savoir l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le détournement de 180 milliards débloqués par le FMI dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. Le régime criminel et prédateur de Yaoundé a compris qu’un ministre qui est jeté dans la moiteur d’une cellule, ça fait jouir le peuple, qu’annoncer l’arrestation (où procéder à celle-ci) de quelques ministres c’est soulager de manière symbolique les souffrances des populations. Toutefois, il y a lieu de se poser les questions suivantes:
Où sont passés les milliers de milliards générés par l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2006?
Quel Camerounais digne de ce nom ignore que 98% des fonds publics détournés profitent principalement à Paul Biya, Chantal Biya, Franck Biya, Patrick et Franck Hertz (enfants jumeaux de la Première Dame), Pierre Meba (frère de Paul Biya ), Bonaventure Mvondo Assam ( neveu de Paul Biya) , bref à la famille présidentielle ainsi qu’à leurs amis?
Qui ignore que les officiers de police judiciaire et les magistrats du Tribunal criminel spécial(TCS) auxquels la présidence de la République a instruit d’ouvrir une enquête judiciaire sur cette affaire sont parmi les pires corrompus ?
Qui peut jurer de la probité morale de Yap Abdou (protégé de feu Foumane Akame), président de la Chambre des Comptes donc le rapport est à l’origine du branle-bas politico-judiciaire en cours ?
Qui ignore que l’inamovible ministre de la Justice, Laurent Esso, qui manipule le TCS en ce moment comme une girouette est l’un des plus grands voleurs de ce gouvernement ?
Ne nous leurrons pas ! La « maffiocratie » au pouvoir craint une révolte populaire suite ou en perspective d’une transmission du pouvoir suprême de père en fils. Pour apaiser la colère éventuelle du peuple, il faut sacrifier quelques bras cassés du gouvernement. C’est à cette logique qu’obéissent les auditions en cours de certains ministres au TCS au sujet de la gestion des fonds du COVID-19.
Le régime Biya sait qu’en organisant ce spectacle politique sur la durée, les médias, sur cette même durée, en feront leurs choux gras, les activistes sur les réseaux sociaux influenceront l’opinion à propos et le gré à gré sera concocté en coulisses puis imposé au peuple au moment où il se délectera du film « COVIDGATE » en pleine projection au TCS. C’est le temps des sacrifices, surtout en ce moment où on se rapproche d’une transition politique inévitable.
Cette logique sacrificielle visant à légitimer le pouvoir absolu de Paul Biya et de son clan villageois ainsi qu’à les sortir d’une situation embarrassante, a fonctionné à merveille par le passé :
Pour permettre au Cameroun d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE et ainsi de se soustraire de la pression des bailleurs de fonds internationaux à cet effet, Paul Biya a sacrifié Emmanuel Gérard Ondo Ndong, Joseph Édou, Gilles Roger BELINGA et Alphonse Siyam Siewe (des directeurs généraux de société) en 2006 en les envoyant à la case prison
Pour faire sauter le verrou de la limitation constitutionnelle des mandats présidentiels en avril 2008, les ministres Polycarpe Abah Abah et Olanguena Awono ont été arrêtés sur ordres de Biya le 31 mars 2008
Pour taire la controverse autour de l’actuel Code électoral promulgué le 19 avril 2012, le régime Biya a sacrifié les ministres Marafa Hamadou Yaya et Inoni Ephraïm, jetés en prison le 16 avril 2012
pour éviter que le virus de l’insurrection populaire du 30 au 31 octobre 2014 au Burkina Faso ne se propage au Cameroun, Paul Biya a jeté en prison le 12 novembre 2014 Gervais Mendo Ze, l’ancien directeur général de la CRTV (RIP!).
Dire que Paul Biya a lancé une chasse aux fossoyeurs des fonds du COVID-19 c’est comme faire croire qu’un chef bandit, du jour au lendemain, peut déclarer la guerre aux membres de son gang. C’est une opération sacrificielle puant de sordides règlements de compte et dont les enjeux se trouve ailleurs. Soyons vigilants, ouvrons l’œil, surtout le bon.
Michel Biem Tong, journaliste web réfugié