Ingénieur architecte, il entend accompagner Maurice Kamto et le MRC dans son ambition de redonner au Cameroun sa prospérité perdue.
L’allusion qu’il fait à ses enfants et à ceux du président Paul Biya a quelque chose d’émouvant. «Je me pose la question de savoir comment Junior et Brenda peuvent-ils dormir d’un sommeil paisible avec leurs parents quand mes filles Josée et Orphelia, mes fils Arthur et Loïc sont séparés de leur père et sont conscients que celui-ci est innocent et en sont les témoins ? », lance Pierre Anoumedem. Arrêté le 28 janvier 2019 à Douala et détenu depuis plus près de quatre mois à la prison centrale de Yaoundé, il n’a jamais douté du caractère illégal de cette détention.
Une injustice qui a suivi de près un autre malheur qui lui est arrivé. «Absent de Douala du 24 au 28 janvier pour assister aux obsèques de ma sœur aînée, j’ai été arrêté dès mon retour à Ndogbong avec mes autres amis politiques et sympathisants alors que nous n’y faisions rien de répréhensible », dit il. Et c’est justement sur la base de l’illégalité de cette détention que, comme ses amis politiques et les autres personnes interpellées autour du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Pierre Anoumedem s’est retrouvé devant le juge d’habeas corpus, pour solliciter une libération immédiate. En vain. Ce qui, pour lui n’est pas vraiment une surprise : «Comme attendu, face à ces derniers, je voyais derrière eux, caché derrière une baie plus transparente qu’un verre en cristal, un monstre qui leur disait sans arrêt ‘’celui-là aussi, aucun ne doit échapper’’ ».
Un monstre froid
Et pourtant, ce constat n’a pas été signé de désespoir pour le détenu, car il ne s’est pas arrêté à ça. La suite de sa métaphore montre bien son état d’esprit : «Curieux comme tous les ingénieurs, j’ai regardé attentivement le monstre qu’on me disait froid. C’est alors que j’ai fait le constat qu’il diminuait en volume avec le temps et qu’il transpirait à grosses gouttes. Pour un monstre froid, qu’il transpire me paraissait assez paradoxal et je me suis dit «regarde encore plus attentivement ». Et c’est alors que j’ai vu que mon monstre était un bloc de glace qui fondait et qui fond encore chaque jour ».
On l’a donc compris, Pierre Anoumedem est militant du Mrc, une formation politique dont le programme l’a séduit. «Que dire du Mrc que mes chers compatriotes ne savent déjà, sinon qu’il s’agit simplement d’un regroupement de personnes déterminées à donner aux Camerounais tout le bonheur qu’ils méritent, d’une part, et au Cameroun toute la prospérité qu’il n’aurait jamais dû perdre, d’autre part». Il n’est pas allé au Mrc pour convoiter quelque strapontin, explique-t-il. «Mon avenir en politique ? Détrompez-vous, les postes électifs c’est pour les autres. Je suis là pour les soutenir tant qu’ils resteront dans le canevas tracé par le digne fils de ce pays qu’est Maurice Kamto ».
Pierre Anoumedem est militant du Mrc, mais il est aussi et avant tout un ingénieur architecte fort qualifié, avec un parcours admirable. Né le 09 septembre 1963 à Dschang, il va bien vite quitter sa mère ménagère et son père planteur. Il sera emmené dès l’âge de 8 ans à Bafoussam par son frère aîné, Louis Tsague, qui y exerce comme photographe. C’est une tout autre vie qui commence pour le petit garçon, car son frère aîné est célibataire. En attendant donc que celui chez qui il vit désormais prenne femme, il doit se nourrir au quotidien de beignets et de gâteaux.
Il fait aussi ses débuts à l’école, notamment à l’école annexe groupe 1 de Bafoussam où il est inscrit. Ce parcours se poursuivra au Ces, puis au lycée classique de Bafoussam où Pierre Anoumedem obtient un baccalauréat série C, avec mention assez bien. Le supérieur, ce sera d’abord l’université de Yaoundé. Il y obtient un diplôme en physique-chimie, avant de s’envoler pour la Chine. Là-bas, il fréquentera l’institut des langues de Pékin, puis l’université polytechnique de Zhejiang. Il en ressort avec le diplôme d’ingénieur architecte, spécialité construction civile et industrielle.
De retour au Cameroun, l’ingénieur va mettre ses nouvelles compétences au profit de divers projets. Il sera, par exemple, ingénieur qualité dans le cadre des travaux préparatoires du pipeline Tchad – Cameroun. Par la suite, il sera employé dans diverses entreprises successivement comme conducteur de travaux, directeur de travaux et directeur technique. Dans des nombreux bureaux d’études techniques, il a également occupé les fonctions d’ingénieur de suivi et de chef de mission de contrôle, aussi bien au Cameroun que dans d’autres pays de la sous-région d’Afrique centrale. Le portail des camerounais de Belgique. Depuis 2007, il est promoteur d’entreprises dans le bâtiment et les travaux publics, Société de Travaux et de Consulting (Stc-Btp), et dans la promotion immobilière, Sci-Planet Universalis. Il est également actionnaire dans différentes sociétés cotées à la bourse de Douala. On peut citer ici Safacam ou encore Global ID, une start-up développée à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse. Un parcours admirable que Pierre Anoumedem assume, sans pourtant s’en accorder le mérite.
Un homme fier et épanoui
«Ma vie a été belle, je suis un homme fier et épanoui. Mon avenir n’est pas important car j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris mais seulement beaucoup plus par chance que par le mérite, malgré mes compétences, car le système actuel est mauvais, favorise les médiocres, fait la promotion des incompétents, ne sanctionne pas les prévaricateurs, fait profiter aux détourneurs le fruit de leurs forfaits. Non. Cela doit cesser et le Mrc et son leader n’abdiqueront pas », lance celui qui est aussi notable dans son village, Lapoh par Bafou dans le département de la Menoua. Sa détermination est d’autant plus forte que, pour lui, la renaissance du Cameroun est enclenchée et il appelle les citoyens à y adhérer. Lui qui a indiqué ne pas s’intéresser aux postes électifs a tout de même une idée du soutien qu’il pourra apporter à son président : en le conseillant sur les questions d’équipement du territoire en infrastructures diverses (routes, autoroutes, barrages, etc.), en le conseillant sur les projets d’aménagements urbains et ruraux.
Mais pour le moment, du fait de ce rêve d’un Cameroun à nouveau prospère, il est privé de liberté et coupé de sa famille. Mais celle-ci sait son innocence, comprend son combat et l’accompagne dans ces moments difficiles. «En ces temps d’incertitudes, quand l’avenir semble s’obscurcir, ma chère épouse Gisèle ne me regrette pas comme époux, car elle me l’a dit : tu es innocent, ton combat est juste, nous ne manquons de rien, mais il faut que cette nation prenne en compte la situation de tous ses fils ».
Le Jour : Jules Romuald Nkonlak