Cher Président…Depuis le lieu de ma détention, je vous salue et espère vous avoir en santé. Ce lieu de détention est géographiquement le Cameroun car nous sommes tous prisonniers d’un système vicieux où les libertés fondamentales sont bafouées.
Président, je souhaitais vous dire merci. Oui parce-que vous avez ouvert les yeux de millions de patriotes et montré la voie a suivre. Vous avez apporté une conception différente de la construction d’un parti politique et son action au sein de la société.
Des années passées sur la terre que nos aïeux ont cultivée, j’ai souvent demandé à Dieu la raison de ma naissance. Aujourd’hui, j’ai compris : défendre les intérêts des personnes marginalisées. Une cause juste que vous avez su inculquer à la jeunesse camerounaise dans la paix. Oui il ne s’agit pas de faire la guerre mais de mener un combat politique, noble et j’y adhère avec conviction et détermination.
Ô Presi… Je réalise la portée de cette phrase de vous *”N’ayez pas peur…”* car faire la politique ou s’y intéresser en tant que jeune s’avère dangereux malgré les encouragements de toute la classe politique.
A cet effet, sur les 202 compatriotes embastillés le 28 janvier 2019, 85% sont des jeunes avec une forte présence féminine. Vous êtes un visionnaire et cela s’illustre même à travers le logo du MRC où on remarque un jeune homme tenant fermement des deux mains le drapeau blanc, symbole de la paix et de la renaissance.
Cher Président, l’avenir de notre nation se joue en ce moment et je suis fier tout comme mes frères et sœurs patriotes d’être un acteur. Vous l’avez souvent dit la lutte pour la liberté et la justice sociale n’a jamais été facile. Il y’a un prix à payer pour nous, familles, employeurs, partenaires… Ce prix pouvant aller de la privation des libertés d’aller et venir à la mort.
*Ernest Ouandié le disait ” le sang d’un martyr est une semence pour les patriotes”*. J’ai la ferme conviction que vous avez reçu depuis votre bas âge , le jour de la mort de ce héros national, l’onction pour conduire notre nation vers le bout du tunnel.
Les récents événements continuent de fragiliser l’économie, les activités socioculturelles de notre “Afrique en miniature”, fière de sa richesse multiculturelle, naturelle et sa position de choix.
Je peux comprendre la pertinence du programme de modernisation et de développement du Cameroun qui repose sur 5 piliers: pacte républicain, pacte éducatif, pacte productif, pacte patriotique et stratégique avec la diaspora, pacte de solidarité.
Vous avez toujours en homme lucide , mis une priorité sur la résolution par voie pacifique de tous les conflits. Jamais je n’ai suivi dans vos sorties médiatiques des mots d’ordre de haine.
Votre passage à la prison principale de Yaoundé est une leçon révisée. Oui je me rappelle du traitement subi il y’a près de 30 ans à la suite de votre critique sur le livre “La pensée sociale chez Paul Biya” du Pr Mono Ndzana. Cela n’a pas empêché que le même régime vous sollicite plus tard pour expertise dans l’affaire Bakassi. J’ai la conviction que ceux qui vous persécutent viendront vous chercher à Kodengui pour une mission au haut niveau de l’État.
Prenez courage monsieur le Président, vous êtes un appelé de Dieu. Confiez-vous en lui car sa crainte est le commencement de la sagesse.
En ce qui me concerne, je porterai toujours le message de l’espoir partout, même à Kondengui.
Correspondance : Raoul Fotso depuis la prison centrale de Kondengui,Yaoundé