Retour sur le rapt samedi 27 avril du leader historique du SDF John Fru Ndi, enlévé dans une localité du Nord-Ouest anglophone, une zone en proie à une fronde séparatiste. John Fru Ndi a ensuite été libéré quelques heures plus tard, dans la soirée. Il pointe du doigt les séparatistes, assure que ces derniers ne réclamaient pas de rançon… rien de bien clair sur leurs intentions, mais John Fru Ndi dénonce leurs méthodes.
« Nous nous rendions aux funérailles de notre honorable député Dr Joseph Barnazem. Mais sur le chemin, notre convoi a été bloqué par des Ambazoniens. Ils ont dit que les autres pouvaient partir, mais qu’ils voulaient me parler. Ils m’ont enlevé. J’ai passé près de six à sept heures dans leur camp », a-t-il confié ce dimanche par téléphone à RFI.
« Les anglophones ont un problème. C’est lié au fait, que leurs leaders ont des idéologies différentes, qui ne servent même pas l’intérêt général. Ils cherchent du soutien, mais dans le même temps, ils kidnappent les gens et veulent qu’on adhère à leur cause. Cela devrait se faire de manière volontaire ! », a-t-il ajouté.
« Ils ont arrêté deux de nos frères à Bafut récemment. Depuis janvier, ils m’ont volé une centaine de vaches, ils ont brûlé ma maison au village, ils ont kidnappé ma sœur et ils commettent des choses horribles contre les civils », précise-t-il.
Nous nous rendions aux funérailles de notre honorable député Dr Joseph Barnazem. Mais sur le chemin, notre convoi a été bloqué par des Ambazoniens. Ils ont dit que les autres pouvaient partir, mais qu’ils voulaient me parler. Ils m’ont enlevé.
Au sein de l’opposition et des médias, cet enlèvement fait débat
Après avoir passé la nuit à Kumbo, Ni John Fru Ndi est retourné, ce dimanche matin, chez lui, à Bamenda, mais les quelques heures qu’il a passées en captivité continuent à agiter les débats avec des questionnements sur les zones d’ombre que suscite son kidnapping.
Quelles étaient réellement les intentions des ravisseurs ? Était-ce même un enlèvement ? Et quelles pourraient être les conséquences de cet épisode dans le traitement global de la crise, dite, anglophone ?
Dans l’opinion et dans les médias, ces questions divisent.
Intervenant sur un plateau de télévision, ce matin, le politologue Mathias Eric Owona Nguini a ainsi estimé que l’élite anglophone dont Ni John Fru Ndi est l’une des figures les plus éminentes paie le prix d’une posture ambiguë face aux positions extrémistes. Pour cet universitaire, les partisans de la partition du Cameroun, cette élite est désormais sommée de se positionner de manière claire pour ou contre la sécession.
Pour l’homme politique, Célestin Bedzigui, le déroulement de ce rapt du leader du SDF qui a duré quelques heures cache mal une grossière mise en scène dont le but serait de replacer le SDF au cœur de la résolution de la crise. Cependant, de manière générale, beaucoup de voix pressent à l’ouverture du dialogue entre les parties pour mettre fin à l’escalade de la violence.