Voir y compris dans les traditions africaines – et singulièrement bantoues- un homme d’un âge avancé, de surcroît ministre de la république depuis plus d’une décennie…traîner de la sorte comme un vulgaire malfrat …d’une cellule de prison au salon de sa luxueuse villa…traduisait l’état d’ensauvagement d’une société camerounaise qui a perdu tous ses repères, surtout institutionnels en 34 ans.
Paix à l’âme de l’ancien ministre des enseignements secondaires du Cameroun Louis Bapès Bapès, mort ce matin dans un établissement hospitalier de la ville de Yaoundé.
Ce homme symbolisait à lui seul l’ensauvagement d’une république, dans laquelle la liberté y compris d’un ministre en fonction dépend du seul bon vouloir du despote et ses proches collaborateurs.
En effet le 31 mars 2014 M. Bapès Bapès encore ministre était jeté dans une cellule de la prison centrale de Yaoundé sur des rumeurs persistantes de détournements de deniers publics, et en est ressorti le lendemain toujours ministre dans une scène surréaliste où les téléspectateurs ont ainsi pu le voir traîner comme un vulgaire malfrat …d’une cellule de prison au salon de sa luxueuse villa.
Spectacle devenu hélas fréquent dans ce pays où l’humiliation de l’autre est devenue au fil des 34 années de dictature implacable, la seule espérance d’un bien-être individuel et collectif, traduisant par la même occasion un retour à la bestialité la plus cruelle.
Reposez donc enfin en paix M. Bapès Bapès!
Joël Didier Engo
Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)