Yaoundé, 8 déc 2020 (AFP) –
Les policiers qui encerclaient depuis deux mois et demi le domicile de Maurice Kamto, le principal opposant au président camerounais Paul Biya, de facto assigné à résidence, ont levé leur dispositif, ont annoncé mardi à l’AFP son avocat et son parti.
M. Kamto, rival malheureux de l’inamovible chef de l’Etat réélu en 2018 dans un scrutin contesté par l’opposition, emprisonné sans procès neuf mois durant en 2019 avant d’être relâché grâce à d’intenses pressions internationales, était bloqué chez lui à Yaoundé depuis la veille de “marches pacifiques” que son parti et lui avaient organisées le 22 septembre pour réclamer notamment le départ de M. Biya.
Il s’estimait “séquestré” à domicile et n’avaient jamais reçu aucune notification de son statut ni par la justice, ni par la police.
“Le dispositif sécuritaire a été levé entièrement cet après-midi”, a déclaré mardi à l’AFP Emmanuel Simh, troisième vice-président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de M. Kamto.
Me Hippolyte Meli, l’un des avocats de l’opposant le plus virulent à M. Biya, qui dirige à 87 ans le Cameroun d’une main de fer depuis plus de 38 ans, a confirmé l’information à l’AFP après s’être rendu dans le quartier de la résidence de son client.
“Je crois que M. Kamto est désormais libre de ses mouvements, il n’avait pas été notifié de l’interdiction de sortir, il ne va pas attendre une notification pour se mouvoir”, a assuré M. Simh.
“La situation du leader du MRC (…) continuera de faire l’objet d’un examen attentif” par la justice, avait annoncé quelques heures plus tôt le gouvernement dans un communiqué, sans plus de précisions sur le sort de M. Kamto.
Le 22 septembre, la police avait violemment réprimé dès le début le moindre rassemblement à l’appel du MRC et d’autres partis de l’opposition pour des “marches pacifiques”. De nombreux militants et cadres du MRC avaient été arrêtés puis écroués. Certains ont été relâchés depuis, d’autres sont toujours détenus.
Le gouvernement accuse le MRC et M. Kamto d’avoir tenté d’organiser un “mouvement insurrectionnel”. “Les procédures judiciaires engagées contre les meneurs et les organisateurs de ce mouvement se poursuivront”, lit-on dans le communiqué du gouvernement mardi.