Photo: Gilbert Schlick, ce juge camerounais a déjà acquitté deux prisonniers politiques: Jean-Marie Atangana Mebara et Dieudonné Enoh Meyomesse.
Qui est-il réellement?
Source: Le jour, 04 janvier 2013
C’est un beau métis. 1 m 65. Cheveux frisés quelque peu blanchis. Une démarche nonchalante. Le président du Tribunal de grande instance du Mfoundi, Gilbert Schlick, claudique du pied gauche. Son entourage professionnel le décrit comme un homme simple et humble.
Quand il se rend à la chancellerie, il lui arrive très souvent de laisser son 4×4 vert et de s’y rendre à pied. De même qu’il ne faut pas grand-chose pour le rencontrer dans ses bureaux au deuxième étage du Tgi. De prime à bord, Gilbert Schlick, magistrat 4è grade, paraît froid, impassible. Des attitudes qui sautent à l’oeil lorsqu’il préside les audiences. Avec une grande courtoisie. Un côté gentleman que les avocats brandissent et qu’ils affectionnent. Son professionnalisme est toujours cité en exemple. Sa moralité et sa rigueur aussi.
Gilbert Schlick s’est bâti une stature à Douala, à Bonanjo. Au Tribunal de grande instance du Wouri. C’est l’un des rares juges dont les décisions de justice détonantes entraînaient des standings ovation, apprend-on. Au point où il a été surnommé « Petit Jésus ». Le 3 mai 2012, à la surprise générale, il acquitte Jean-Marie Atangana Mebara et Otélé Essomba pour « faits non établis” dans l’affaire de l’achat d’un avion présidentiel.
Quelques jours après cette décision, le magistrat Schlick reçoit une demande de note explicative de la présidence de la République. Une correspondance dans laquelle il est sommé de donner les motivations de son verdict. Lui qui aime pourtant à rappeler en privé que le magistrat de siège juge avec la loi et sa conscience.
Gilbert Schlick, qui a des origines allemandes de par son géniteur, grandit à Yaoundé au quartier Mvog-Mbi. Son père y a ouvert un garage qui a une grande renommée. Pendant les vacances, le jeune Gilbert y travaille d’ailleurs de temps à autre. Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), promotion 1987, Schlick, qui achève la cinquantaine, est marié à une magistrate qui exerce, elle, au parquet.
Photo: M. Jean-Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général à la Présidence du Cameroun
L’acquittement de l’ancien secrétaire général à la Présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara, le jeudi 03 mai 2012
Par Eitel Elessa Mbassi, Le Jour,
C’était une nuit froide à Yaoundé. Un jeudi, 3 mai 2012. Un peu après 23h. Le juge Gilbert Schlick, alors président du Tribunal de grande instance du Mfoundi du haut de son magistère rend le verdict dans l’affaire de l’avion présidentiel. Une première.
Celle-ci oppose Jean-Marie Atangana Mebara, Jérôme Mendounga et Otele Essomba à l’Etat du Cameroun. Trois chefs d’accusation sont imputés à l’ancien secrétaire général de la présidence de la République. Il s’agit du détournement de 24 milliards FCfa, du détournement en coaction de 1,5 milliard FCfa, et du détournement en coaction de 720 millions FCfa.
L’ex Sg/Pr est acquitté sur chacun de ces griefs pour « faits non établis ». Ce soir-là, son conseil Me Claude Assira forme le poing en signe de victoire. Atangana Mebara n’est pas sous le coup d’un autre mandat de détention provisoire à ce moment-là. Suite à cette décision, il est donc libre. Et c’est naturellement que le lendemain, vendredi, 4 mai 2012, le juge Gilbert Schlick signe un ordre de remise en liberté de Jean Marie Atangana Mebara. Ce vendredi-là, Atangana Mebara avait livré un match de tennis avec ses codétenus, comme il en avait l’habitude.
Il pensait que c’était le dernier dans le pénitencier. Mais le parquet n’a pas cru bon de devoir acheminer cet ordre de remise en liberté à Kondengui pour la levée d’écrou. Jusqu’à minuit, les proches d’Atangana Mebara ont campé devant la prison. L’une de ses filles, qui avait fini par désespérer, éclate en sanglots. Elle ne reverra pas son papa libre de si tôt. Le parquet a bloqué l’ordre de remise en liberté en attendant de faire appel le lundi, 7 mai.
Ce même lundi, Mebara est inculpé en prison d’un nouveau chef d’inculpation. Et un nouveau mandat de détention provisoire lui est délivré. L’acquittement, “il fallait alors l’oublier”, pour emprunter à un magistrat qui l’avait conseillé à Atangana Mebara. Dans la foulée, Gilbert Schlick reçoit une demande de « note explicative » de la présidence de la République. Il est sommé de s’expliquer sur sa décision d’acquittement d’Atangana Mebara.
Deux ans après, en décembre 2014, Schlick est affecté à la Cour d’appel du Centre à Yaoundé, comme vice-président. Une nomination perçue dans le milieu judiciaire comme une sanction.
Photo: l’écrivain et homme politique Dieudonné Enoh Meyomesse
“L’acquittement” le 17 avril 2015, toujours non suivi d’une levée d’écrou, de l’écrivain et homme politique Dieudonné Enoh Meyomesse
Par Eugène C. Shema, Journal du Cameroun
L’écrivain et historien camerounais, poursuivi pour «recel aggravé» dans une affaire de trafic d’or, a été condamné jeudi 17 avril à 40 mois d’emprisonnement, ce qui correspond au temps déjà passé en détention. En effet après 24 renvois, 40 mois et 15 jours passés en détention, Enoh Meyomesse aurait dû depuis recouvré sa liberté puisque la peine prononcée par le juge Schlick correspond au temps déjà mis en prison.
On ne saurait également évoquer cet “acquittement” d’Enoh Meyomesse sans souligner l’action particulière d’un magistrat, le juge Gilbert Schlick. En effet lorsqu’il arrive à la tête de la cour d’appel du Centre, par un décret présidentiel (sanction?) publié le 18 décembre 2014, en remplacement de Louis Lambert Bolko, le magistrat trouve le cas Enoh Meyomesse, que notre Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P) et d’autres associations de défense des droits de l’homme considère comme un prisonnier politique.
Dans une lettre adressée au président de la République, à la mi-février 2015, l’ancien président de l’Association nationale des écrivains camerounais se plaignait déjà d’être «l’un des appelants le plus ancien de toute la Cour d’appel du Centre», après 21 renvois dans cette juridiction.
Le 19 février 2015, le juge Gilbert Schlick annonçait à l’historien que les débats devaient désormais être conduits sous sa présidence. Deux mois plus tard, l’issue s’avère favorable pour Enoh Meyomesse.
Veillons à ce que la courageuse liberté de conscience du magistrat Schlick dans ces procès politiques, s’accompagne d’une véritable remise en liberté des personnes acquittées.
Monsieur Le Ministre d’État en charge de la Justice du Cameroun Laurent Esso (photo), Libérez l’écrivain et homme politique Dieudonné Enoh Meyomesse qui attend désespérément sa levée d’écrou depuis le 17 avril!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)