Cameroun: Nos Vies Comptent!
Mes compatriotes Camerounais, Arrêtons de nous mentir, le Cameroun va mal, très mal.
Sans être dans la polémique, je ne partage pas la perception qui voudrait que ce simple constat soit assimilé à une haine caractérisée du Cameroun. Simplement parce que je n’ai jamais croisé de Camerounais qui n’aime pas son pays ou serait heureux de le voir «sombrer dans des difficultés». Peut-être ne l’aime-t-il pas de la même manière que d’autres et ne peut-il plus se résigner ou se taire de le voir «sombrer désespérément dans des difficultés».
Je ne peux plus me résigner ou rester silencieux devant la tragédie dont mon pays est confronté. C’est une tragédie. Et c’est une tragédie de notre propre fabrication. Arrêtons d’enterrer nos têtes dans le sable avec de belles formules propagandistes voulues patriotiques. Notre consensus républicain est malheureusement brisé et une grande majorité des ressortissants de ce pays ne se reconnaît plus dans la poudrière qui se forme à mesure que le délitement de notre modèle social, politique, et économique s’accentue, avec l’aide des partisans du statu quo dictatorial en place.
Il s’agit d’une déclaration d’urgence parce que nous ne pouvons plus nous identifier à un coup d’état silencieux qui procède notamment par la fraude généralisée, usant de la division, du népotisme et du crime de l’État pour violer systématiquement nos droits fondamentaux, alors même que la décence commune et les signes palpables nous ont permis depuis longtemps de le cerner.
La rupture du consensus national est bien plus profonde que la somme de nos déceptions, souffrances, et ressentiments individuels; dès lors qu’elle dénote l’impossibilité – pour ce qui constituait autrefois la nation camerounaise – de s’inscrire dans un avenir et un projet commun; dans un pays littéralement pris en otage par une clique familiale et villageoise avec la complicité des valets de service.
Devant cette flagrante impossibilité, nous devons convenir que le régime de Yaoundé plus n’avoir aucun mandat, même celui d’écrire ses propres lois. Car un pays qui voue vraiment une fidélité à sa constitution et un respect à son l’État de droit ne peut plus tolérer ces graves entorses aux devoirs publics.
Vous pourrez ainsi retourner le problème dans tous les sens, cela n’y changera rien. En effet, tant que le despote et sa cour s’imposeront au pouvoir par la force armée et la fraude électorale institutionnalisée, le délitement désespéré que nous constatons se poursuivra inéluctablement, malgré quelques belles rustines ici ou là.
Par conséquent, cessons de nous mentir à nous-mêmes parce qu’au fond, chacune de nos vies compte. Défendons donc nos droits fondamentaux et inaliénables, notamment le droit à la subsistance. Car nous ne sommes pas des « créatures » de Paul Biya. Être une « créature » de Biya signifierait que je n’ai aucune conscience personnelle et traîne une ignorance de ma propre condition, et je n’aurais aucune capacité d’autonomie personnelle. Ce qui est faux. Cette assertion prouve à elle seule que Biya ne peut pas priver les Camerounais ordinaires de leurs droits fondamentaux, si ils le veulent.
Les Camerounais sont une nation résiliente. Mais nous devons reconnaître que la reconstruction de notre pays prendra du temps, en raison de l’héritage toxique du Vieux Nègre.
La lutte pour un Cameroun uni et démocratique avec une justice sociale intégrale pour tous. La société civile camerounaise n’est pas vaincue. Mais nous claudiquons.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
Cameroon: Our Lives Matter
My fellow Cameroonians, Let us stop lying to ourselves stop telling, our country is really in bad shape.
I am not trying to be polemical here. I do not share the perception that my declaration of emergency is an expression of self-hatred as a fellow Cameroonian. I have never met a single Cameroonian who failed to like his country or would be happy to see our land “sink into extreme and irreparable difficulties”.
Perhaps, there are many ways to love one’s own country, however, I can no longer resign myself or remain silent from the tragedy my country is facing. It’s a tragedy. And it’s a tragedy of our own making. Let’s stop burying our heads in the sand with beautiful propagandist formulas known as patriotic rhetoric lies. Our republican consensus is unfortunately broken and an overwhelming majority of nationals of this country no longer recognize themselves in the powder keg that constitute the breakdown of a degraded form of social, political, and economic model supported or vaunted by supporters of the dictatorial status quo in place.
This is a declaration of emergency because we can no longer identify with this vast silent coup and swindle, which proceeds through division, nepotism, and state crime that violate not only our basic rights but also common decency and the signs have long been there for all to see.
Does this mean that I am a man driven by the hatred of my country of origin in the name of I do not know what crimes, abuses, and punishments endured by my folks in general indifference? No.
The breakdown of the national consensus is much deeper than the sum of our personal disappointments, sufferings and resentments; since it denotes the absolute impossibility – for what once constituted the Cameroonian nation – of being part of a common future and project; in a country literally captured and taken hostage by a family and village clique with the complicity of service valets.
As with this state of impossibility, we must agree that the regime of Yaoundé no longer has a mandate to write laws on its own. A country with firmer commitment to its constitution and the rule of the law can no longer stand these forms of derelictions of duties.
For the rest you will be able to turn the problem in all the directions that will not change anything.
Indeed, as long as this despot and his court impose themselves on power by armed force and institutionalized electoral fraud, the desperate disintegration that we see will continue, despite some beautiful patches here and there.
Hence, let us stop lying to ourselves because our lives matter. Let us defend our basic and inalienable human rights and right of subsistence. We are not “creatures” of Paul Biya. Being a “creature” of Biya means that I have no self-awareness and therefore no psychological insights into my own condition and therefore no capacity for personal autonomy. In this, Biya cannot deprive ordinary Cameroonians of their basic rights.
Cameroonians are a resilient nation. However, we must recognize that refocusing and getting back to rebuilding our nation will take a long time, because of Le Vieux Negres’ toxic legacy.
The struggle for a united and democratic Cameroon with full social justice for all. The Cameroonian civil society is not defeated. But we are limping.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)