Il n’y a rien de plus légitime pour tout chaque Camerounaise ou toute Camerounaise de nourrir de grandes ambitions pour son pays en briguant la magistrature suprême. Mais, je suis très amusé quand chaque jour qui passe, nous assistons à un déluge de candidatures à présidentielle de 2018, sans que personne ne pose la question de savoir si ces candidatures peuvent prospérer, au regard de certaines dispositions de la loi électorale.
L’article 121 de la loi n° 2012/001 du 19 avril 2012 portant Code électoral, modifiée et complétée par la loi n°2012/017 du 21 décembre 2012, dispose :
(1) les candidats peuvent être :
1°) soit investis par un parti politique ;
2°) soit indépendants, à condition d’être présentés comme candidat à l’élection du Président de la République par au moins trois cents (300) personnalités originaires de toutes les Régions, à raison de trente (30) par Région et possédant la qualité soit de membre du Parlement ou d’une Chambre consulaire, soit de Conseiller régional ou de Conseiller municipal, soit de Chef Traditionnel de premier degré.
(2) Le candidat investi par un parti politique non représenté à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans un Conseil régional ou dans un Conseil municipal doit également remplir les conditions prévues à l’alinéa (1) ci-dessus applicables aux candidats indépendants.
Lesdites personnalités doivent apposer leurs signatures légalisées par les autorités administratives territorialement compétentes sur les lettres de présentation. Une même personnalité ne peut apposer qu’une seule signature et pour un seul candidat.
À la lecture cette disposition de la loi électorale, tout observateur, même passablement averti, comprend que tout a été mis en place pour qu’aucune candidature indépendante ne prospère et par ricochet pour qu’aucune candidature présentée par un parti politique qui n’a pas au moins un élu ne prospère.
Pourquoi?
– D’abord, parce qu’aucun élu du RDPC qui contrôle l’ultra-majorité des élus n’apposera sa signature sur les lettres de présentation des candidats indépendants ou celles des candidats des partis concurrents.
– Ensuite parce que sur 360 communes, le RDPC contrôle 303 communes contre 23 pour le SDF, 15 pour l’UNDP, 7 pour l’UPC, 5 pour le MDR, 5 pour l’UDC, 1 pour l’UFP et 1 pour l’UMS.
Le Cameroun compte à ce jour 305 partis politiques. Sur les 10 632 sièges de conseillers municipaux, seuls vingt-deux (22) partis politiques ont pu obtenir au moins un siège. Ce sont : Le RDPC (8685 conseillers), le SDF (826), l’UNDP (518), l’UPC (179), l’UDC) (163), le MDR (149), l’UFP (25), l’UMS (21), le MRC (19), le FSNC (14), l’ANDP (13), l’ADD (5), le MP (3), le CPP (2), l’UNIVERS (2), le PADDEC (2), le MLDC (1), l’AFP (1), le FPD (1), le RCPU (1), le MCNC (1), le PURS (1).
Cela dit, les Camerounais peuvent créer 1000, voire 10 000 partis politiques, mais ce sont ces 22 partis politiques qui possèdent au moins un conseiller municipal qui ont le plus de chance de voir la candidature de leur leader valider par la Cour suprême (qui joue le rôle de Conseil constitutionnel) au cas où ils remplissent toutes les autres conditions requises pour être candidat à l’élection présidentielle au Cameroun.
C’est dire si parmi les candidats déjà déclarés à la présidentielle de 2018 qui fleurissent comme du mauvais champignon, certains n’ont qu’un objectif: avoir une visibilité médiatique. Comme on dit en français facile, ils veulent qu’on parle d’eux.
Et des partis politiques que l’on crée à la pelle ne se sont en réalité que des tremplins alimentaires. Ils n’apportent rien à l’amélioration de la gouvernance et à la démocratie camerounaise.
Haaaaa!!!!!, ces Camerounais qui aiment bien qu’on les appelle Monsieur le Président. Et puis, plus rien !!!!!!!
Par Jean-Bosco Talla, journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire Germinal