M. Fru Ndi bien que principal opposant au régime Biya depuis plus de deux décennies, dit ici une évidence que la communauté internationale, et particulièrement la France, n’ a en réalité voulu prendre au sérieux: le Cameroun a à sa tête depuis bientôt 35 années un tyran sanguinaire dont la cruauté n’épargne ni ses propres anciens collaborateurs enfermés dans des geôles infâmes à Yaoundé, ni les journalistes, ni les activistes des droits humains, et encore moins les populations civiles anglophones.
Alors que faire? Le laisser continuer à massacrer en toute impunité ou le traîner avec nombre de ses principaux lieutenants devant la Cour Pénale Internationale?
À l’évidence la CPI est devenue la seule réponse adaptée aux crimes contre l’Humanité pouvant confiner au génocide auxquels nous assistons depuis des mois dans les deux régions anglophones du Cameroun.
Je refuse -si je garde le silence – d’en devenir un complice francophone passif.
Joël Didier Engo, Président du CL2P
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Cameroun : « Paul Biya doit être traduit devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité »
Dans la cour de sa villa de Bamenda, ville épicentre de la contestation anglophone, John Fru Ndi reçoit, le visage grave. Le « chairman » du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition du Cameroun, dit avoir « tout fait pour attirer l’attention sur cette crise qui se préparait depuis des années ». A 76 ans, l’opposant historique du Cameroun a vieilli. Sa parole n’est plus aussi écoutée qu’en 1990, à la création de son parti, lorsqu’il soulevait des foules entières sur tout le territoire national. Mais, depuis le début de la crise anglophone, en octobre 2016, il a multiplié les appels et les interviews pour dire le mal-être de cette région dont il est originaire.
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En février, il a profité d’une invitation du président de la République après le sacre, en janvier, des Lions indomptables, l’équipe camerounaise de football, à la Coupe d’Afrique des nations pour lui rappeler l’urgence de la situation. En vain. Dans cet entretien, John Fru Ndi assure qu’il est « trop tard ». « Paul Biya ne m’a pas écouté. Tout a empiré », regrette le vieil opposant.
Dimanche 1er octobre, les jeunes des deux régions anglophones sont descendus dans les rues pour proclamer leur « indépendance » symbolique. Les forces de l’ordre ont répondu par des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Amnesty International et des sources officielles font état d’un premier bilan de 17 personnes tuées.
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Comment avez-vous vécu cette journée de dimanche ?
John Fru Ndi Quand les jeunes ont voulu descendre dans les rues, je leur ai donné ma bénédiction. J’avais vu les choses arriver. On pouvait les éviter. Souvenez-vous, j’ai supplié Paul Biya. Au palais d’Etoudi, en février, lorsque Paul Biya m’a salué, j’ai tiré sa main vers moi. Je lui ai parlé : « Monsieur le Président, si tu peux payer de l’argent, faire libérer les otages et négocier avec Boko Haram, tu peux aussi pardonner ton propre peuple. » Mais il ne m’a pas écouté. Au lieu de cela, j’ai été accusé de vouloir empêcher que les « criminels » [anglophones] qu’ils avaient arrêtés soient jugés.
Vous avez vu ce qui est arrivé hier [1er octobre] ? Dans tous les coins qu’ils pensaient inaccessibles, les jeunes ont commencé à marcher, même dans le village du ministre Elvis Ngolle Ngolle. Les gens n’avaient plus peur. Vous croyez que j’en suis heureux ? Non, et Monsieur Biya est la seule cause de tout ça.
Au moment où les anglophones descendaient dans les rues, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, organisait des marches dans huit des dix régions du Cameroun pour vanter l’unité et la paix…
Voilà ce qui arrive dans mon pays et je condamne l’idée que des membres du bureau central du RDPC, des membres du Sénat, de l’Assemblée nationale, se réunissent au lieu de chercher la solution. Voilà pourquoi les anglophones pleurent et disent tous les jours qu’il n’y a pas de lois au Cameroun. J’étais très content des marches des jeunes anglophones. Car si ton père ne veut pas t’écouter, tu dois te battre toi-même.
Vous êtes pour l’indépendance de la partie anglophone ?
Que faire quand votre père vous frappe et vous pousse hors de la maison ? Quand les autres membres de votre famille vous poussent aussi dehors ? Dans huit régions du pays, des représentants du pouvoir ont marché contre les anglophones. Cela signifie qu’ils leur disent : « Nous n’avons pas besoin de vous. Partez ! » Nos jeunes ont chanté « Home again, Home again ». Je ne suis pas sorti pour la marche, mais j’ai aussi chanté.
La télévision nationale annonce huit morts alors que les manifestants parlent d’une trentaine. Avez-vous un bilan précis ?
Il y a une confusion avec les chiffres. Certains blessés par balles ont été transportés par la police. On ne sait pas s’ils sont morts et ont été conduits à la morgue ou s’ils sont à l’hôpital. Personne ne connaît encore le bilan exact. Admettons que huit personnes « seulement » soient mortes : Monsieur Biya devait le condamner. L’a-t-il fait ? A-t-il condamné la violence des policiers qui ont tiré à balles réelles sur des manifestants désarmés ?
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Avez-vous entendu que les manifestants ont tiré sur les policiers ? Qu’ils ont sorti des machettes ? C’étaient des jeunes hommes et femmes désarmés. Qui a donné l’ordre de tirer et de tuer ces gens-là ? Je pense que Monsieur Biya doit être amené à la Cour pénale internationale et qu’on doit le juger pour crimes contre l’humanité.
Depuis le début de la crise en 2016, les discussions avec le gouvernement n’ont pas abouti. La situation empire. Quelles sont les solutions ?
Je ne vais pas perdre mon temps à vous faire des propositions. Je vous ai dit que j’ai tiré la main de Paul Biya au palais d’Etoudi et que je lui ai parlé. J’étais en colère et j’avais du sang dans les yeux. Quand les choses ont commencé, j’ai parlé aux gens de cette colère à travers le Cameroun. Vous, les journalistes, avez dit : « Monsieur Fru Ndi, si vous parlez ainsi, cela veut dire que vous planifiez quelque chose. » Je ne planifiais rien. C’est juste qu’en tant que politicien de terrain, habitué à côtoyer le peuple, je l’ai senti.
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Tout est entre les mains de Monsieur Biya. Il est déterminé, tout comme les membres du RDPC, à détruire ce pays. Regardez cette ville. Lorsque Paul Biya y a effectué sa première visite, il y a plus de trente ans, il a dit qu’il allait personnellement superviser la construction de la route. Regardez la route qui mène chez moi. Si vous êtes enceinte, vous allez perdre votre enfant avant d’arriver. Nous parlons de quoi ? De ce régime qui ne peut tenir ses promesses ? Il est trop tard.
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Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts
Une déclaration symbolique d’« indépendance » des régions anglophones a été proclamée dimanche sur les réseaux sociaux par Sisiku Ayuk, « président » de ce nouvel « Etat » que les séparatistes veulent appeler l’« Ambazonie ». A l’appui de cette proclamation, les séparatistes anglophones ont tenté de manifester dans les deux régions.
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Les contestataires ont été dispersés violemment et au moins 17 personnes sont mortes, selon Amnesty International et des sources officielles. Le gouverneur du Nord-Ouest, une des deux provinces anglophones, a parlé, à la radio d’Etat, de 11 morts dans sa seule région, dont 5 au cours d’une tentative d’évasion dans une prison.
Dans le quartier Travellers de Bamenda, Georgette et sa famille se sont retrouvés malgré eux aux premières loges. « C’est ici que se sont formés les cortèges de jeunes manifestants qui tenaient des arbres de la paix et des drapeaux de l’Ambazonie », explique Georgette en chuchotant au téléphone. Soldats et policiers ont tenté de les disperser avec des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Un hélicoptère a aussi longtemps survolé la zone. « Je me suis dit qu’il y avait beaucoup de morts et de blessés, dit Georgette. J’ai entendu des cris de douleur de ceux qui avaient reçu des balles. »
« Ne sortez plus de chez vous ! »
Selon deux autres personnes du quartier, la tension est montée lorsque les forces de sécurité, excédées par les manifestants qui ne cessaient de revenir après avoir été repoussés, ont brûlé sept motos-taxis. La foule, pour se venger, a mis le feu à la station-service Tradex qu’elle croyait appartenir à la première dame du pays, Chantal Biya.
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Lundi, les rues de Bamenda, la capitale du Nord-Ouest, restaient sous couvre-feu et quadrillées par les soldats et les gendarmes. Les habitants qui tentaient de sortir étaient interpellés ou pris pour cible par des tirs. A un carrefour, quatre jeunes femmes qui marchaient en file indienne ont été arrêtées par la police militaire, qui les a obligées a s’asseoir par terre. « Ne sortez plus de chez vous ! », leur a ordonné un policier avant de les relâcher. Un jeune homme qui arrivait en sens inverse a été prié de rebrousser chemin. Il a refusé d’obtempérer et a nargué les hommes armés. « Venez, venez ! », leur a-t-il crié en riant. Deux soldats se sont lancés à sa poursuite, sans parvenir à le rattraper. Il sera finalement rejoint par un pick-up de policiers cagoulés qui l’ont tabassé avant de l’emmener au poste.
Dans le centre-ville, les forces de l’ordre ont nettoyé les rues des barricades de bois et de pneus dressées la veille par les manifestants. Non loin de la villa de John Fru Ndi, président du Social Democratic Front (SDF), principal parti d’opposition du Cameroun, dans le quartier Ntarikon, trois policiers lourdement armés marchent dans la rue. « Ils vont interpeller des jeunes, s’alarme l’opposant, prévenu par l’un de ses vigiles. Ils m’ont encore provoqué, ils ont tiré des gaz lacrymogènes dans ma cour. C’est la deuxième fois que cela se produit depuis le début de la crise anglophone l’an dernier. »
Outre Bamenda, les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles dans plusieurs autres villes comme Ndop, Kumbo et Kumba, selon des sources concordantes. « Avez-vous entendu que les manifestants ont tiré sur les policiers ? Qu’ils ont sorti des machettes ? C’étaient des jeunes hommes et femmes désarmés, s’insurge John Fru Ndi. Qui a donné l’ordre de tirer et tuer ces gens-là ? Je pense que M. Biya doit être amené à la Cour pénale internationale et qu’on doit le juger pour crimes contre l’humanité. »
« Marginalisation »
Le président camerounais Paul Biya, actuellement en vacances à Genève (Suisse), a condamné, dimanche, « de façon énergique tous les actes de violence, d’où qu’ils viennent, quels qu’en soient les auteurs », appelant au « dialogue ». Un porte-parole du gouvernement a prévenu que les médias n’auront plus le droit de donner la parole aux « personnes qui promeuvent l’idée de sécession ».
Depuis novembre 2016, la minorité anglophone, qui représente environ 20 % des 22 millions de Camerounais, proteste contre ce qu’elle appelle sa « marginalisation » dans la société. Outre les séparatistes, des anglophones exigent le retour au fédéralisme, qui a prévalu au Cameroun entre 1961 et 1972, avec deux Etats au sein d’une même République. La crise a été exacerbée début 2017 par une coupure de l’Internet de trois mois ne touchant que les régions anglophones, et s’était amplifiée ces dernières semaines à l’approche du 1er octobre, date symbolique de la naissance, en 1961, de la République fédérale du Cameroun. L’Internet et l’accès aux réseaux sociaux ont été à nouveau limités depuis vendredi soir.
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Lundi, la France s’est dite « préoccupée par les incidents (…) qui ont fait plusieurs victimes » et appelle « l’ensemble des acteurs » à la retenue. Samedi, l’Union européenne avait appelé « tous les acteurs » à « faire preuve de retenue et de responsabilité ». Jeudi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait exhorté les autorités camerounaises « à promouvoir des mesures de réconciliation nationale ».
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VOICI QUELQUES UNES DES RÉACTIONS INHUMAINES DE CERTAINS FRANCOPHONES CAMEROUNAIS FACE À LA RÉPRESSION SAUVAGE ET BARBARE DE LEURS COMPATRIOTES ANGLOPHONES PAR LA DICTATURE DE PAUL BIYA.
AUTANT DE RAISONS QUI JUSTIFIENT QUE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) ENTAME AU PLUS VITE DES POURSUITES CONTRE LES PRINCIPALES AUTORITÉS DE CE PAYS.
JDE