CAMEROUN : PAYS DIRIGÉ PAR DES NONAGÉNAIRES GRABATAIRES SOUS L’EMPRISE DES WAKAS ET WOLOWOSS ???*
*Le titre est de moi , Joël Didier Engo, inspiré de la tribune du cinéaste camerounais Jean-Pierre Bekolo intitulée « AU CAMEROUN DE CHANTAL », puis du scandale SAVANNAH à l’origine de la crise diplomatique entre le Cameroun et le Tchad.
En effet, comme le cinéaste Bekolo, nous reconnaissons que c’est la bonne question à poser au milieu du sentiment que nous avons d’être empêtrés, impuissants et complètement figés dans un réseau de mauvaises nouvelles sans espoir de sauvetage – et, pire encore, dans l’incapacité d’imaginer une réelle alternative pour l’avenir.
Inutile de dire que le désespoir est une impression dangereuse, peut-être plus encore que le déni. Parce que le désespoir nous prive non seulement de l’espoir individuel mais aussi, par procuration, de l’idée qu’une action collective significative peut nous projeter vers l’avenir, si tentée qu’elle soit encore envisageable en l’état du chaos généralisé au Cameroun. Il engendre donc le fatalisme, aux côtés d’une colère compréhensible (mais déplacée) envers les générations plus âgées, nos seniors cramponnés au pouvoir dans le culte morbide d’une immortalité obscène.
Plus grave encore, cela véhicule une pensée monstrueuse à somme nulle qui conduit de soi-disant universitaires non-conformistes à suggérer le « rapatriement » à grande échelle des citoyens «étrangers» dans leurs «villages» respectifs, au nom voulu du progrès économique. Ce type d’ethno fascisme se présente sous différentes formes, avançant masqué derrière des pièges d’apparence anodine dans une logique de cohésion identitaire et communautaire, enrobé dans un discours dit libre qui « ne fait que poser des questions ». En réalité il pose les germes de massacres de masse et d’une dislocation de la Nation camerounaise.
Le fait est que selon les normes historiques et institutionnelles, notre génération, en ce moment, aurait dû occuper les postes de pouvoir les plus importants au Cameroun – comme la présidence, mais elle est sacrifiée par l’égoïsme sadique d’octogénaires et nonagénaires grabataires sous l’emprise de jeunes marâtres budgétivores.
Et nous ne sommes même plus certain que nous soyons à la hauteur de l’exercice démocratique du pouvoir. Parce que les gens de notre génération comme Frank Biya reproduisent méthodiquement le modèle satrapique paternel, dont nous avons largement eu le temps en 40 ans de comprendre qu’il ne marche pas. En effet nous avons été dominés pendant si longtemps parce que les personnes âgées ont conservé le pouvoir au-delà du raisonnable pendant trop longtemps, et maintenant que nous sommes enfin en mesure de les remplacer, nous semblons ne pas savoir comment agir démocratiquement, car ancrés dans une logique essentiellement népotique et clientéliste assise sur une captation sans scrupule de la richesse nationale.
La réalité alarmante du Cameroun repose sur un constat commun, comme dans la géopolitique mondiale. Nous vivons dans un monde en perma-crise de chaos économique, géopolitique, technologique et climatique. Nous avons besoin d’un nouveau consensus progressiste durable et transformateur, et cela ne viendra pas d’un parti unique d’État, mais d’une alliance multipartite.
Aussi, poursuivre encore 4 décennies de règne de Biya (y compris sans Biya) serait un suicide national assuré. La seule issue est la mobilisation collective. Ce qui signifie reconnaître que la différence et la diversité, au sein d’un ensemble de valeurs largement partagées, sont une force et non une faiblesse, et que le meilleur avenir est négocié et non imposé.
L’enjeu est pour ainsi dire on ne peut plus élevé, parce que nous étouffons littéralement sous le parfum sulfureux de sept décennies d’autoritarisme UNC/RDPC. Nous avons d’urgence besoin d’une politique coopérative fondée sur l’unité nationale et un nouvel espoir salvateur pour l’avenir.
Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
Institut du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P
English version
CAMEROON: A COUNTRY RUN BY NONAGENARIES UNDER THE CONTROL OF THE WAKAS AND WOLOWOSS???*
*The title is by me, Joël Didier Engo, inspired by the publication of Cameroonian filmmaker Jean-Pierre Bekolo, “IN THE CAMEROON OF CHANTAL”, then by the SAVANNAH scandal at the origin of the diplomatic crisis between Cameroon and Chad.
Indeed, like filmmaker Bekolo, we recognize that this is the right question to ask amidst the feeling of being entangled, helpless and utterly frozen in a web of bad news with no hope of rescue – and, even more dangerously, with the inability to imagine any kind of alternative future
Needless to say, despair is a dangerous thing, perhaps even more so than denial. Despair robs us not only of individual hope but also, vicariously, of the idea that meaningful collective action surrounding the future and whether it is even possible. It breeds fatalism, alongside an understandable (but misplaced) anger toward older generations, rooted in the lethal cult of obscene immortality.
At worst, it breeds the kind of monstrous zero-sum thinking that leads so-called maverick academics to suggest the large-scale “repatriation” of “foreign” citizens to their respective “villages” in the name of economic progress. This type of ethnofascism comes in many forms, often dressing up in the seemingly innocent trappings of logic and free speech that « just asks questions. »
The fact is that by historical standards, our generation, right now, should have held the most important positions of power – like the presidency.
However, I’m not even sure we can do it, because lately people of our generation like Frank Biya, only know how to copy bad behavior, and it doesn’t work. We’ve been dominated for so long because old people have held onto power for too long, and now that we’re finally able to replace them, we seem at a loss as to how to act.
The alarming reality is based on the common observation that in Cameroon, as in global geopolitics, we live in a world in perma-crisis of economic, geopolitical, technological and climatic chaos. We need a new sustainable and transformative progressive consensus, and it will not come from a single party but from a multiparty alliance.
Thus, continuing another 4 decades of Biya rule would be national suicide. The only way out is mobilization, which means recognizing that difference and diversity, within a set of broadly shared values, is a strength, not a weakness, and that the best future is negotiated, not imposed.
The stakes could not be higher: the sulphureous scent of seven decades of CNU/CPDM authoritarianism is already suffocating. We need cooperative politics as an act of self-interest and hope.
Joël Didier Engo / Olivier Tchouaffe CL2P/ICL2P
Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P