La lutte contre la corruption ne peut pas se réduire à une succession d’épisodes spectaculaires d’arrestations que l’on commente dans les journaux et dans les chaumières. Le bon gardien n’est pas celui qui poursuit et arrête les voleurs qui dévalisent son magasin tous les jours mais celui qui empêche au maximum que le magasin ne soit dévalisé.
Il y a un article 66 qui figure dans la constitution depuis 20 ans. Cet article, sur la déclaration des biens, permettrait de résoudre pas mal de problèmes. L’on sait, pour la plupart des charges publiques, combien peut gagner un fonctionnaire ou un gestionnaire de la fortune publique. Dès lors, il est plus aisé de comparer ses revenus avec ses biens déclarés avant et après le service de sa charge.
L’autre mesure, c’est la numérisation accrue des transactions financières dans nos services publics. Il faut limiter autant que possible la circulation de l’argent liquide dans nos administrations. L’informatisation des transactions dans nos administrations aura le double avantage de limiter non seulement la manipulation du cash et des tentations qui s’y accompagnent mais surtout de laisser systématiquement des traces.
Toute chose qui est de nature à décourager les intentions malveillantes.
Pour réussir cela, il faut accélérer la vulgarisation du paiement en ligne et faciliter l’accès aux services bancaires.
L’autre phénomène, ce sont les marchés publics. Quand ils sont nommés, nos gestionnaires sont envahis par une meute de courtisans qui en attendent des retombées. Par complicité villageoise, affinité politique ou autres, de nombreux bénéficiaires de décrets distribuent à des proches ou s’auto-attribuent par sociétés écrans, des marchés pour se faire de l’argent quand bien même ces marchés sont exécutés.
Les règles et l’audit sur l’attribution et l’exécution des marchés publics doivent être austères, systématiques et sans complaisance.
Avec le recours à des compétences privées pour assurer la contre-expertise.
Il faut revaloriser les salaires des fonctionnaires. Beaucoup d’agents publics auraient de la peine à prendre 3 repas par jour s’ils devaient se contenter de vivre de leurs salaires. On se souvient du fameux recrutement de 25000 jeunes dans la fonction publique. Nombre de compatriotes y sont allés, délaissant parfois des emplois bien rémunérés, dans l’idée de sauvegarder un matricule. Nombre de recrues ont déchanté, n’ayant probablement pas de place où brouter en dehors de la solde mensuelle. Bien-sûr, le petit fonctionnaire commence toujours par brouter dans les limites que lui permettent sa fonction. 5000 francs par ci, 10 000 francs par là et il s’y habitue. Le périmètre de broutage s’élargit au fur et à mesure que ses fonctions s’accroissent. Il commence par brouter 5000 francs en début de carrière et finit par brouter des milliards une fois promu ministre ou Directeur Général.
Ces mesures et bien d’autres sont parfaitement connues des dirigeants actuels mais pour l’instant, l’heure est au spectacle des arrestations et à la distraction. Surtout que dans un système comme celui du Renouveau, il n’est pas bien difficile de trouver matière à condamnation chez n’importe quel haut fonctionnaire qui aura géré les deniers publics ces trente dernières années.