M. Issa Tchiroma Bakary, ministre camerounais de la Communication, déclare à propos de la crise anglophone: “«Au départ, j’avais une vision perçue à travers un prisme réducteur»
Ce très tardif “mea culpa” du griot du dictateur camerounais Paul Biya confirme la perception qu’ont toujours laissé ses nombreuses déclarations approximatives et mensongères. Il aura en cela été, probablement comme aucun autre membre de ce régime agonisant, son vrai dynamiteur de l’intérieur.
Ce “mea culpa” coïncide aussi étrangement avec la prestation télévisuelle du même Tchiroma dans laquelle il demande expressément aux télévisions privées camerounaises de ne pas inviter sur leurs plateaux des contradicteurs acquis à la cause anglophone. Le problème c’est que M. Tchiroma ne semble réellement pas comprendre comment fonctionne un processus de communication moderne.
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Tout d’abord, les journalistes au Cameroun ne décident pas de l’agenda. Si la CRTV est le porte-voix du gouvernement et en reçoit l’essentiel des dotations publiques à travers notamment la taxe sur l’audiovisuelle, la télévision privée fait elle ses profits grâce aux revenus tirés de la publicité, des taux d’audience de ses programmes, et donc de ce qu’elle pense que le public camerounais veut entendre ou apprécierait le plus. Quoi qu’il en soit, les journalistes ne décident pas de l’agenda.
– Deuxièmement, M. Tchiroma devrait certainement savoir tout ceci puisqu’il est un griot professionnel qui est très loin d’être naïf. En réalité ce que veut M. Tchiroma c’est de continuer sans autre son de cloche à répéter sa récitation dans toutes les ondes, suivant laquelle la crise anglophone est une conspiration conçue «hors du Cameroun». En conséquence, en réduisant la crise anglophone uniquement à un problème de sécurité nationale, tous les outils démocratiques pour résoudre cette crise politique sont jetés par la fenêtre, afin notamment de légitimer l’état d’urgence et la violence officielle, précisément ce dont le régime est en ce moment entrain d’exécuter comme une belle partition dans les deux régions anglophones à nouveau coupées de toute connexion internet.
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Troisièmement, le silence imposé à l’opposition ne fait pas pour autant disparaître le problème. Pire encore, il donne l’impression que Tchiroma et son patron n’ont pas la capacité intellectuelle de venir à bout des soi-disant «sécessionnistes», y compris sur le terrain médiatique, malgré un avantage considérable en termes de ressources. Leur véritable objectif est donc d’évacuer un vrai débat public sur la crise anglophone afin que les “extrémistes” des deux côtés puissent montrer leur bravoure et se faire ouvertement la guerre sur le terrain. C’est ce qu’ils ont en réalité toujours voulu depuis le début. Dans ce processus sordide peu leur importe de prendre le reste du pays en otage des jeux de guerre et de la politique de génocide.
La crise anglophone est un problème démocratique qui ne peut plus être mis sous le tapis. La véritable «vision» que M. Tchiroma et son patron doivent avoir maintenant consiste humblement à reconnaître leur échec politique flagrant, puis la désintégration lente de ce pays que nous aimons tous, en partie à cause d’un leadership inepte qui n’a aucune imagination pour trouver un début de réponse appropriée à cette crise et à toutes les autres auxquelles le Cameroun fait face en général.
La politique au Cameroun a simplement besoin d’un profond renouvellement!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
Cameroon: On Tchiroma’s Unraveling Strategy of Diversion and the Politics of State of Emergency
Mr. Issa Tchiroma Bakary, Cameroonian Minister of Communication, on the Anglophone crisis, claimed that “At the beginning, I had a vision that I perceived through a reduced prism”
This very late “mea culpa” of the griot of the Cameroonian dictator Paul Biya confirms the perception that has always left its numerous approximate and deceptive statements: he will have been, probably like no other in this agonizing regime, his blaster from within.
And that is because this “mea culpa” came at the same time that Mr. Tchiroma was asking privately owned television not to invite his many contradictors on the Anglophone Crisis. The thing is Mr. Tchiroma does not seem to understand how communication processes work.
– First, the journalists in Cameroon do not decide the agenda. The CRTV is a government mouthpiece. And the privately owned television make their money through advertising revenues and audience rating and what they think that the Cameroonian pubic wants to hear. Either way journalists do not decide the agenda.
– Second, Mr. Tchiroma must know all of this because he is a professional griot who is far from being naïve. What Tchiroma wants is to continue his recitation that the Anglophone crisis is a conspiracy designed from “outside of the country.” As such, by reducing the Anglophone crisis into a problem of national security, all the democratic tools to fix this problem are thrown out of the window in order to legitimate state of emergency and violence which the regime is actually prosecuting.
– Third, silencing the opposition does not make the problem goes away .Even worse, it gives the impression that Tchiroma and his boss do not have the intellectual capacity to take on the so-called “secessionist.” The real goal is to evacuate an overdue public debate on the Anglophone crisis so that the “extremist” on both sides so they can show their toughness and have the fight they always wanted from the beginning. In the process holding the rest of the country hostage to war games and genocide politics.
The Anglophone crisis is a democratic problem that can no longer be swept under the carpet. The real “vision” Mr. Tchiroma and his boss must have now is to contemplate their failure to lead and the disintegration of a country we love because of an inept leadership that could not figure out the proper process out of this crisis and a the crisis facing the country in general. Politics in Cameroon are in need of an extreme makeover!
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CR2P)