Monsieur Dieudonné Enoh,
Je peux évidemment comprendre que la querelle avec un arrière fond tribaliste dans laquelle vous êtes engagée avec vos bienfaiteurs et libérateurs vous horripile au point de vous faire dire tout et n’importe quoi; voire dénigrer ou calomnier sans le vouloir des hautes personnalités qui furent vos co-détenus et ont depuis été transférées au Secrétariat d’État à la Défense (SED) de Yaoundé.
Sans trahir un quelconque secret d’État, sachez néanmoins que nombre de prisonniers politiques ou d’opinion pour lesquelles une organisation comme le CL2P, légale et officielle, s’est souvent occupée des dossiers ou a soutenu la libération, l’ont finalement obtenu à la suite d’une longue et parfois laborieuse diplomatie souterraine, au bout de laquelle le “juge camerounais” n’a souvent été qu’un exécutant aux ordres de la Présidence de la république.
Je me garde de citer des noms, mais y compris pour le ministre d’État Marafa Hamidou Yaya (puisque c’est à lui que vous faîtes allusion dans votre tribune), cela devra malheureusement se faire ainsi, à la suite notamment de l’avis de l’ONU reconnaissant sa détention comme arbitraire, puis de ces visites de diplomates américains (que vous tournez en dérision) et les reconnaissances par le département d’État américain de la nature politique de sa détention.
Je tiens à le préciser au moment où certains pourraient être amenés à penser que la Justice au Cameroun, notamment dans le cadre des règlements de comptes politiques, est rendue de manière transparente, impartiale, et libre. Détrompez-vous monsieur et nous avons suffisamment d’éléments (sans nommément citer les personnes) pour infirmer votre assertion, y compris dans le cas tout récent de la libération du Dr. Patrice Nganang.
Pour autant nous ne saurions rougir de la discrète, modeste, et purement désintéressée qu’a pu être notre contribution au dénouement dit judiciaire de votre détention arbitraire au Cameroun.
Des élucubrations d’un bien triste sire!
Ainsi donc pour ce monsieur l’argent se ramasserait à l’appel en occident pour défendre des prisonniers au Cameroun!!!…
C’est véritablement y vivre par procuration, sans jamais faire l’effort de comprendre les règles qui régissent le fonctionnement des organisations de la société civile, notamment les conditions qu’elles doivent satisfaire pour bénéficier des subventions publiques, des donations de la part des fondations et d’autres personnes morales…
On finit par comprendre pourquoi le Cameroun gît dans l’abîme de la médiocrité depuis 36 ans. Peut-être M. Meyomesse viendra-t-il aussi affirmer – puisqu’il m’a promis sous forme de menace de “s’occuper” de nous bientôt – qu’une organisation légale et officielle comme le CL2P vit du racket sur les prisonniers camerounais de l’opération épervier. En bon serviteur déguisé du régime tyrannique en place, il est visiblement prêt à toutes les incongruités.
Quel pays, où il faudra bientôt presque s’excuser d’avoir modestement essayer d’atténuer les souffrances et humiliations d’un estimable écrivain jeté en prison comme un vulgaire briguant!
JDE
[spacer style="1"]
LE BUSINESS TRES TRES LUCRATIF DU « SOUTIEN DESINTERESSE» AUX PRISONNIERS.
Lorsque vous « soutenez » une personne, puis vous vous mettez à le chanter sur les ondes de CNN, et que vos niais admirateurs se mettent à le répéter tels des perroquets, vous ne l’avez nullement « soutenue », vous vous êtes fait de la publicité, vous avez voulu montrer à la terre entière combien vous avez un grand cœur, combien vous êtes un grand homme. Vous vous êtes livré à de la mégalomanie, tout simplement. Or, la Bible nous dit bien dans le livre de Matthieu que « ce que donne la main droite ne doit pas être vu de la main gauche » ! Traduction : pas de publicité quand vous faites du bien. Mais, lisez-vous même souvent les Saintes Ecritures au vu du nombre d’insanités qui sort de votre bouche et de l’irrépressible tribalisme qui vous habite ?
Déconcertante compétition pour mon « soutien ».
Une meute de gens s’est attelée à récupérer mon emprisonnement à des fins lucratives aussitôt celui-ci connu. Moi-même j’en fus le premier surpris. J’étais assailli par des appels téléphoniques. « M. Enoh ? Oui, c’est moi. Voilà, je m’appelle X, euh … je voudrais prendre en charge financièrement votre détention … je réside à … ». Incroyable ! Ces personnes, de nationalités diverses, parvenaient, au bout de mille efforts, à obtenir un numéro de téléphone de prisonnier à Kondengui, et entraient ainsi en contact avec moi !
Il existe en effet à travers le monde des réseaux de financement de détenus d’opinions qui brassent des centaines de milliers de dollars. Des personnes en quête d’argent les connaissent, et labourent la planète à la recherche de prisonniers de ce type à adopter pour y avoir accès. Il faut donc impérativement pour cela remplir deux grandes conditions :
1/- obtenir l’exclusivité de la gestion du prisonnier adopté ; d’où la bousculade à laquelle j’ai assisté dans mon cas, à travers pas moins de six (6) groupes qui se proposaient de me « soutenir », dont celui de cet injurieux jeune extravagant et encombrant personnage qui est depuis son week-end à Kondengui aux aguets à la recherche de la moindre occasion pour m’abreuver d’anathèmes ;
2/- fournir en permanence auprès des organismes donateurs, la preuve de ce « soutien » ; cela passe par des photographies, des vidéos, des articles de presse, etc.
D’importantes sommes d’argent dont je n’ai eu connaissance qu’une fois libre, ont été ainsi brassées à partir de mon nom et mon cas, et dont je n’avais guère imaginé l’importance.
La première alerte que j’ai reçue est survenue aussitôt après ma sortie de prison, à travers une amie de la Librairie des Peuples Noirs, à Yaoundé. Elle m’a montré un post, dans lequel, de mon « souteneur » par son irrépressible mégalomanie et son incontinent bavardage, faisait étalage du nombre de millions qu’il déclarait avoir récoltés pour moi mais que moi je n’ai guère vus !!!!! Je n’en ai même pas eu vent ! Je n’en dis pas plus.
La deuxième alerte s’est produite à Douala. J’y avais été reçu par une authentique bienfaitrice, quelques temps après ma libération. Celle-ci s’était plainte devant moi en ces termes : « je n’ai pas pu faire davantage quand tu étais en prison, c’est pourquoi je t’ai simplement envoyé la petite somme de X centaines de milliers de francs que j’espère que tu as reçus ». Et moi d’enchaîner aussitôt, bien qu’abasourdi : « oh oui, tu ne peux savoir combien ton don m’a été utile, vraiment, mille fois merci, mille fois merci, vraiment, ça été quelque chose de formidable… » Je ne pouvais guère briser l’enthousiasme de cette brave dame. J’ai préféré donc feindre d’avoir reçu son aide. Combien de fonds qui m’ont été envoyés et qui ont transité par New-York ont-ils ainsi disparu dans la nature ?
Il y a eu d’autres révélations encore plus scandaleuses, tout simplement choquantes, portant sur d’importantes sommes d’argent récoltées en mon nom, dont je me réserve de parler en temps opportun, si les injures contre moi se poursuivent.
Je signale malgré tout le fait que le Dr Chistopher Fomunyoh du NDI soit venu, en personne, me remettre son authentique soutien à Kondengui, alors qu’il vit aux Etats-Unis, n’est-il pas révélateur de quelque chose ? Pourquoi l’avocat Tayou de Toulouse en France a-t-il fait de même ? Pourquoi n’est-il pas passé par mon « bienfaiteur » à travers son compte bancaire new-yorkais ainsi que cela était exigé à tout le monde ?
Attention ! Attention ! Un proverbe camerounais dit bien à propos que « ce qui s’agite trop finit par réveiller ce qui dort » ! Attention ! Attention ! Le silence a des limites ! Il ne faudrait nullement l’interpréter comme de la peur ! Attention !
Ma « libération ».
Qu’il soit bien clair dans l’esprit des Camerounais que seul un juge, et personne d’autre, j’insiste sur « personne d’autre », détient le pouvoir de libérer un détenu. NULLE AUTRE PERSONNE ne peut le faire. C’est pourquoi, même quand le pourvoir politique le décide, il passe lui-même par un juge. Il ne signe pas un décret, comme pour nommer un membre du gouvernement ou le destituer.
De nombreux Camerounais pensent que l’agitation sur facebook peut libérer un prisonnier. Eh bien, ils sont dans l’erreur totale. J’ai trouvé à Kondengui des détenus dont la campagne sur facebook pour leur libération datait depuis des années, mais je suis sorti, et ils y sont toujours. Il y a même mieux. Un des prisonniers qui est arrivé pendant que je me trouvais à Kondengui et qui a été transféré au SED, a connu plusieurs fois là-bas la visite de l’Ambassadeur des Etats-Unis. Mais, ce dernier n’est jamais sorti avec lui dans sa voiture. Et pourtant, il était bel et bien l’Ambassadeur des USA, première puissance mondiale. DONC MEME UN AMBASSADEUR D’UNE PUISSANCE ETRANGERE QUI DETIENT LA BOMBE ATOMIQUE NE PEUT LIBERER UN CAMEROUNAIS EN PRISON AU CAMEOUN. Seul un juge détient le pouvoir de le faire, et personne d’autre.
Si donc, un mégalomane entreprend de se targuer sur facebook de m’avoir « libéré », eh bien, ce n’est pas compliqué, je l’invite donc à procéder également à la libération de ses amis sécessionnistes arrêtés dans un hôtel à Abuja comme des poussins et transférés à Yaoundé. Cela ne serait-il pas une preuve éclatante de la véracité de ses dires ? Je suis à l’écoute.
Par Dieudonné Enoh