Il lui est reproché d’être le complice de deux membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques en territoire camerounais. Le ministère public l’accuse aussi d’avoir « manqué d’avertir » les autorités quand il a eu connaissance d’ »activités de la secte Boko Haram« .
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Un correspondant camerounais de Radio France International (RFI), Ahmed Abba, interpellé en juillet 2015, a comparu pour la première fois lundi devant le tribunal militaire de Yaoundé sous l’accusation de”complicité de terrorisme”. Le procès a été renvoyé au 28 mars pour permettre aux juges de statuer sur les violations présumées des droits de l’accusé, soulevées par ses avocats. M. Abba, correspondant en langue haoussa de RFI, est poursuivi pour des faits de “complicité de terrorisme et non dénonciation des actes de terrorisme”. Il lui est reproché d’être le complice de deux membres du groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui mène des attaques en territoire camerounais. Le ministère public l’accuse aussi d’avoir “manqué d’avertir” les autorités quand il a eu connaissance d'”activités de la secte Boko Haram”.
L’accusé, qui risque la peine capitale, a plaidé “non coupable”.
Ses avocats ont dénoncé quatre “violations graves” des règles de procédure, sollicitant l’annulation pure et simple du procès.
Ils ont ainsi relevé une “détention arbitraire et illégale”. Interpellé le 30 juillet 2015 à Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, théâtre d’attaques attribuées à Boko Haram, M. Abba a été transféré à Yaoundé où il a été détenu “dans le secret total et absolu” à la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre, renseignements), selon ses avocats. D’après eux, il n’a eu accès ni à sa famille ni à ses avocats durant cette période. Ses avocats ont aussi déploré que sa garde à vue, entamée le 13 novembre 2015, n’ait fait l’objet d’aucune prolongation au bout de 15 jours comme le stipule la législation anti-terroriste.
Ils ont aussi relevé que leur client a été victime de “sévices corporels” et de “tortures” durant sa détention à la Dgre.
“Lorsque je suis allé lui rendre visite à la prison, il était embastillé et enchaîné comme à Guantanamo”, a affirmé l’un des avocats.Le commissaire du gouvernement a demandé aux juges de rejeter ces exceptions soulevées par la défense, estimant qu’elles étaient “impertinentes”. Les juges doivent dire le 28 mars s’ils annulent ou non le procès.
Par lefigaro.fr avec AFP