Un missionnaire américain a été tué mardi dans la région du Nord-Ouest anglophone du Cameroun en proie à un violent conflit entre des combattants séparatistes et l’armée, ont indiqué des sources médicale, religieuse et sécuritaire.
Il a “succombé à ses blessures” après que son véhicule a été “criblé de balles” mardi à Bambui, en banlieue de la capitale régionale Bamenda, a indiqué à l’AFP une source proche de l’archidiocèse de Bamenda.
Blessé dans une attaque, il a été évacué à l’hôpital de Bamenda, où “il est mort cet après-midi”, selon une source à l’hôpital, confirmant une information d’une source sécuritaire à Yaoundé.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) est intervenue après l’incident pour évacuer “les blessés de l’attaque”, a confirmé une source humanitaire.
Un déploiement de forces de sécurité était visible mardi soir autour de l’hôpital, selon des témoins.
Les deux régions anglophones camerounaises sont le théâtre depuis un an d’un conflit entre des séparatistes réclamant l’indépendance du Cameroun anglophone et l’armée camerounaise.
Il n’était pas possible mardi soir de déterminer de manière indépendante de quel camp ont été tirés les coups de feu fatals au missionnaire.
“Mon cher mari, Charles, est désormais avec le Sauveur qu’il a adoré et fidèlement servi pendant de nombreuses années”, a posté sur Facebook Stéphanie Wesco, la femme du missionnaire Charles Wesco, indiquant que son “cœur est brisé”. “Je veux me réveiller d’un horrible cauchemar”.
a Washington, le porte-parole adjoint du Département d’État, Robert Palladino, a confirmé mardi “la mort d’un citoyen américain à Bamenda”.
M. Wesco était le frère d’un élu local de l’Indiana. “Janet et moi pensons (à) Tim Wesco et à sa famille qui pleurent la mort de son frère Charles”, a indiqué Holcomb, gouverneur de l’Indiana.
Jeudi, un enseignant de l’université de Bamenda avait été tué dans la même localité de Bambui.
Des enseignants de l’université contactés par l’AFP avaient estimé que son “assassinat” portait “la signature des Amba Boys”, les séparatistes.
Dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, une crise socio-politique sans précédent s’est installée fin 2016. Elle s’est transformée fin 2017 en un conflit armé.
Des affrontements entre l’armée et des séparatistes, regroupés en groupes épars dans la forêt équatoriale, s’y produisent depuis plusieurs mois quasiment tous les jours.
Selon des sources concordantes, aux séparatistes armés se sont ajoutés des bandes armées de bandits et de pillards, qui rackettent les populations et les entreprises.
Yaoundé, qui refuse le dialogue avec les séparatistes, qualifiés de “terroristes”, a procédé depuis début 2018 à un important déploiement de forces de sécurité pour “rétablir l’ordre”.
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont perdu la vie dans ce conflit, ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG.
Dans la zone, plus de 300.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et pour certaines au Nigeria voisin.
Dans les deux régions anglophones, le taux de participation à la présidentielle du 7 octobre a été très faible (5% dans le Nord-Ouest et 15% dans le Sud-Ouest), mais le président Paul Biya a obtenu dans chacune plus de deux tiers des suffrages exprimés.
M. Biya, 85 ans, et au pouvoir depuis 1982, a été réélu pour un septième mandat avec 71,28% des voix.
Yaoundé, 30 oct 2018 (AFP)