La « diplomite aiguë » affichée qui nourrit notamment toutes les foires d’empoigne entre Camerounais francophones de la diaspora expose en réalité les insuffisances démocratiques d’une résistance qui se veut aujourd’hui la seule alternative envisageable au système obscurantiste en place au Cameroun depuis plus de 37 années.
Cette dernière fait pourtant preuve d’un manque préoccupant d’armature intellectuelle (pas nécessairement liée à la possession des titres universitaires) et culturelle qui augure à court, moyen et long terme des lendemains qui déchantent pour le Cameroun…
Nous courons en effet le risque, au regard de la violence (verbale et physique) qui structure la résistance diasporique à la dictature de Paul Biya, de voir une tyrannie de la pensée unique remplacer aussitôt une autre, avec le même culte de la personnalité (ou pire), les mêmes formes de répression et lynchage des opposants et dissidents, alimentées ici par une chasse aux sorcières d’essence ethno-tribale déjà en gestation (quoiqu’ils en disent), sur la base d’une victimisation communautaire à outrance.
D’où la nécessité de privilégier dans l’après Biya qui se dessine inéluctablement une vraie transition démocratique autour de différentes offres politiques crédibles, concourant sans exclusion en toute liberté et transparence, à la conquête des suffrages des Camerounais, au besoin sous la supervision des instances internationales comme l’ONU.
La transition à laquelle je fais allusion est celle dont sont astreints tous les pays trop longtemps restés sous l’emprise des régimes autoritaires.
En effet je ne crois pas au messianisme autour d’un homme providentiel qui à lui seul résorberait la profonde crise de légitimité issue des élections contestées et frauduleuses, aurait une pratique plus équilibrée et vertueuse d’institutions plombées par une hyper-centralisation et concentration des pouvoirs, puis initierait la profonde mutation démocratique dont a tant besoin ce pays pour s’inscrire pleinement dans la démocratie.
Je penche donc raisonnablement pour commencer en faveur d’une transition inscrite dans le respect strict de l’actuelle constitution avec une période transitoire consacrée à la refonte des institutions qui permettra à toutes les organisations et personnalités qui le souhaitent de présenter des offres politiques concurrentielles dans l’optique d’un scrutin véritablement ouvert, libre et transparent, fondé lui-même sur un processus électoral consensuel.
J’ai acquis la conviction qu’en réalité l’opacité actuelle du jeu électoral profite au fond aux deux principaux camps qui se déchirent actuellement sur la scène politique camerounaise à coup d’invectives et d’arrestations arbitraires, car incapables objectivement de prétendre à un succès électoral sachant pertinemment que toutes les données, tant sur les électeurs que les taux réels de participation, puis les résultats proclamés sont d’avance faussées au Cameroun.
J’en avais déjà fait état au président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) le principal opposant incarcéré arbitrairement depuis le 28 janvier 2019, le Professeur Maurice Kamto lors de son passage sur Jmtv Plus, et c’est la raison première pour laquelle je plaidais en faveur du boycott de cette mascarade électorale qui actait en plus l’exclusion d’autres candidats potentiels car détenus (eux-aussi) arbitrairement par le régime sous le prétexte fallacieux de détournements de deniers publics. Tout observateur avisé du Cameroun sait que cette accusation tient davantage souvent d’une exclusion de la scène publique et singulièrement politique par le fait du prince.
Voilà la position qui est désormais la mienne sur l’alternance et/ou la transition politique au Cameroun, au-delà de la lutte acharnée que je mène sur un plan organisationnel et légal pour la libération immédiate de TOUS les prisonniers politiques. L’une n’allant évidemment pas sans l’autre.
Je vous remercie
Joël Didier Engo, Président du Comité de Libération des Prisonniers Politiques – CL2P