Au Cameroun, le procès de notre correspondant RFI en langue haoussa, Ahmed Abba, a été renvoyé ce mercredi au 5 octobre. Il est accusé par les autorités camerounaises d’« intelligence » avec le groupe terroriste Boko Haram. Arrêté dans l’extrême-nord du pays en juillet 2015, Ahmed Abba est emprisonné depuis plus d’un an. Il risque la peine de mort et clame son innocence.
Surprise, lors de cette nouvelle audience, le procureur a voulu faire témoigner un très inattendu expert en cybercriminalité. Un « expert » qui aurait été désigné en février dernier pour produire un rapport, mais sans que les avocats de la défense en soient avertis.
Une méthode ubuesque que dénonce l’avocat du journaliste Ahmed Abba, maître Nakong : « C’est une méthode en violation totale avec les principes qui guident le procès pénal, c’est-à-dire la violation du principe du contradictoire. Et au-delà même, lorsque le Conseil du gouvernement a renvoyé notre client Ahmed Abba pour être jugé devant le tribunal militaire le 4 janvier 2016, il était dessaisi du dossier. Nous ne comprenons pas que le 24 février, quelques mois plus tard, il continue à poser des actes d’instruction, les faire admettre au dossier. C’est inacceptable ! Inacceptable ! C’est pourquoi nous nous insurgeons avec la plus grande fermeté contre de telles pratiques ».
La défense va donc demander la nullité de la procédure : « Nous espérons tout simplement que le tribunal nous a très bien suivis et qu’il n’acceptera pas que des principes fondamentaux garantis par notre Constitution – le principe du contradictoire, la violation des droits de la défense – que le tribunal en tiendra compte et prendra position dans le sens du droit. C’est tout ce que nous demandons ».
La prochaine audience est prévue pour le 5 octobre prochain.
Par RFI