CAMEROUN: NON À LA RÉPRESSION AVEUGLE SOUS COUVERT DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
un jeune condamné à 10 ans de prison pour une blague sur Boko Haram
Une court militaire camerounaise vient de condamner à Yaoundé un étudiant de 27 ans à 10 ans d’emprisonnement pour avoir échangé un SMS humoristique sur Boko Haram avec ses amis. C’est l’un des pires cauchemars des opposants à la loi anti-terroriste camerounaise adoptée en 2014 qui devient réalité.
Selon des informations publiées par Amnesty International les jeunes Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, le premier avait envoyé en 2014 à ses deux amis un SMS avec le contenu suivant: « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement: avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat».
Dénoncés et immédiatement arrêtés, ils étaient en détention provisoires depuis 2014. Le 05 octobre dernier le tribunal militaire de Yaoundé avait reconnu l’étudiant Fomusoh Ivo Feh coupable de «non-dénonciation d’actes terroristes», sur la seule base du SMS ci-dessus. Selon des sources proches de leurs avocats, la justice militaire veut montrer que même l’humour est interdite en matière de lutte contre le terrorisme.
Pour l’accusation de «non-dénonciation d’actes terroristes» les 3 amis risquaient jusqu’à 20 ans d’emprisonnement.
Selon les défenseurs des Droits de l’Homme Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob n’auraient jamais dû être arrêtés pour un tel motif, à plus forte raison condamnés à des lourdes peines pour avoir usé de l’humour, y compris sur un groupe terroriste. Une des nombreuses raisons pour lesquels les tribunaux militaires ne devraient pas avoir compétence sur les personnes civiles au Cameroun.
Par Roufaou Oumarou