C’est une affaire qui rappelle celle du scandale de l’IRIC où des noms avaient été enlevés et d’autres ajoutés. Là bas encore, c’était de la présidence de la République que la liste polémique était partie. Au cœur des magouilles, un nom revenait : Ferdinand Ngo Ngo secrétaire général de la présidence de la République. Cette situation s’est-elle reproduite ? Qui a protégé Vanta Eto Annie ? CASH INVESTIGATION vous propose les premiers éléments de l’enquête.
Né le 21 août 1987, Vanta Annie Lucrèce Eto est entré à la Faculté de médecine de l’Université des Montagnes en 2007. Ses camarades que nous avons pu contacter la décrive comme « une étudiante comme tous les autres qui ne s’était pas particulièrement illustrés par des résultats académiques brillants ».
Après sa sortie de l’école, elle décide de postuler au concours direct pour le recrutement de 150 personnels dans le corps des fonctionnaires de la santé publique organisé les 27 et 28 décembre 2014. Le 3 novembre 2015, dans une décision signée du ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, elle est admise et affectée au centre hospitalier et universitaire de Yaoundé (CHU). Très vite, elle est mutée à la Fondation Chantal Biya. Contrairement aux rumeurs qui circulent faisant état du fait qu’elle était affectée au corps médical qui s’occupait de la mère de la première dame et belle mère du président, nous n’avons pas pu confirmer cette information dans la mesure où Rosette Mboutchouang est décédé le 2 octobre 2014. Or à cette date, Vanta Eto Annie ne pouvait pas faire officiellement partie du corps médical dans les hôpitaux du Cameroun.
Alors qu’elle attendait les résultats d’intégration dans le corps des médecins des hôpitaux généraux, Vanta Annie Lucrèce décide de concourir au concours des élèves-commissaires de police organisé le 28 février 2015. Tous ceux que nous avons contacté ont indiqué qu’ils ne savaient pas si cette dernière avait bel et bien déposé un dossier, mais un officier de la police nous a simplement confié : « Le DGSN est très en colère parce que les choses retombent sur lui ». Car, plusieurs mois après le concours, les résultats tardaient à être publiés. Envoyés à la présidence pour validation une première fois, une bataille se déclenche entre le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngo et Martin Mbarga Nguélé. Ce dernier requiert en vain l’arbitrage de Paul Biya. Comme explication en septembre 2015 au cours d’une visite dans le Nord-Ouest, le DGSN indique que les résultats tardent à être publiés parce qu’il faut respecter l’équilibre régional et le mérite des déclarations qui cache la bataille de fond qui se déroulait entre le SGPR et la DGSN.
Les admissibilités du concours de la police seront publiées en novembre. Quelques jours après, le 13 novembre 2015, Martin Mbarga Ngué signe une note intitulé : « Liste additive des admissibilités » sur épreuve des élèves-commissaires de police en 1ere année. Ce jour, le nom de Vanta Eto Annie apparaît en dernière position. Elle est déjà médecin dans la mesure où 10 jours plutôt elle venait d’être recruté par Mama Fouda et affecté au CHU. Le 22 avril 2016 lorsque les résultats définitifs sont publiés, sur les 5 candidats en médecine générale, elle est à nouveau dernière.
La polémique autour de son admission au concours d’entrée à la police ce serait estompé si 6 jours après les résultats, alors qu’elle n’est sorti de l’école il y a à peine deux ans, a seulement un an et demi d’expérience professionnelle, le nom de Vanta Eto Annie ne figurait pas dans les commissions d’organisation du championnat d’Afrique des Nations rendu publiques par le ministre de la jeunesse et des sports, Bidoung Kwpatt, où elle est rapporteur de la commission médicale. Son nom vient même avant celui du médecin de la FECAFOOT. Qui est donc cette fille ? Comment en l’espace d’un an et demi a-t-elle pu intégrer rapidement le service médical, se faire admettre à la dernière minute dans les admissibilités du concours de la police, être sur la liste des résultats définitifs et devenir le rapporteur n°1 des championnat d’Afrique sans expérience ?
Pour avoir des réponses, il faut chercher à comprendre ce que dans certains milieux on qualifie de « Haute-Sanaga connection ». Vanta Eto Annie Lucrèce est la fille de Roland Romain Eto, journaliste camerounais avec tous les tares que l’on peut reprocher à cette profession. Depuis 2002, il est maire de Nnanga-Eboko, d’où est originaire le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngo Ngo. Les deux se connaissent d’ailleurs depuis plus de 20 ans. Ils ont habité au quartier manguiers à Yaoundé ensembles. Aujourd’hui c’est Roland Romain Eto qui s’occupe personnellement des biens immobiliers de Ferdinand Ngo Ngo à Nnanga Eboko. Les personnes contactées à la DGSN sont formelles : « ce nom a été directement ajouté au secrétariat général de la présidence de la république » ; confie une personne ayant participé à l’organisation. Mais le nom de Vanta serait pas l’unique nom. On parle d’une vingtaine de personnes qui se sont retrouvés sur les listes. Certains n’ayant même pas déposé de dossier.
Mais le maire de Nnanga n’a pas que Ngo Ngo comme ami. Il est également très proche de Bidoung Mkwpatt l’actuel ministre de la jeunesse et des sports, lui également originaire de Nnanga Eboko. Mais tous se vantent de bénéficier de la protection d’une personne au cœur de l’État, la première dame : Chantal Biya.