MRC, CPP. Contrairement aux partis politiques dits traditionnels qui ne bougent qu’en période électorale, ces deux formations essaient d’occuper le terrain même en période dite morte.Sommes-nous en train d’assister à la naissance d’une nouvelle opposition au Cameroun ? Difficile d’être péremptoire, mais un constat s’impose : quelques jeunes formations essaient de faire la politique autrement.
On peut citer à titre d’exemples, le Cpp de Kah Walla et le Mrc de Maurice Kamto. Pendant longtemps, on a accusé l’opposition camerounaise d’être essentiellement «électoraliste ». C’est-à-dire de ne sortir du bois qu’en période électorale pour quémander les voix des citoyens et de rester atone en période dite morte, s’éloignant du même coup des préoccupations quotidiennes des Camerounais. Le Cpp et le Mrc semblent avoir compris ces critiques et surfent désormais sur les échecs de l’opposition dite traditionnelle. Laquelle se montre essoufflée après le long combat qu’elle mène depuis le retour au multipartisme au début des années 1990.
4 décembre 2015. Alors qu’on est théoriquement à trois ans des prochaines échéances électorales, le Mrc lance un débat sur le Code électoral qu’il juge mauvais ou tout au moins pas de nature à garantir des élections justes. Ce jour-là, Alain Fogue et une petite poignée de camarades avaient sillonné une bonne partie de la ville de Yaoundé pour distribuer des prospectus appelant à la modification de la loi électorale.
Ils seront par la suite violentés par des gendarmes. On garde encore présent à l’esprit cette image d’Alain Fogue posant sa patte emmitouflée dans un énorme bandage sur la table de Canal 2 Internationale au cours d’un débat. Une manière désopilante pour le trésorier du Mrc de prendre le public à témoins sur la violence dont il a été victime.
Au-delà du côté anecdotique de la scène, le Mrc a réussi au moins une chose : lancer dans l’opinion le débat de la modification du Code électoral.Trois ans avant la prochaine échéance électorale.
Pendant ce temps, le Cpp ne se tourne pas les pouces. Le parti de Kah Walla a la réputation de recruter parmi les jeunes. Sa stratégie semble donc consister à utiliser les outils des jeunes pour leur parler D’où l’intense activité que mène ce parti sur les réseaux sociaux et dans les médias. A la suite des déboires d’Alain Fogue et de ses camarades, le Cpp a été le seul parti à publier immédiatement un communiqué pour condamner la violence politique et revendiquer le droit des acteurs politiques à manifester. «Le Cpp se joint à l’ensemble des citoyens et patriotes camerounais pour condamner avec la dernière énergie ce type de pratiques et appelle à la cessation de toutes formes de violations des droits et libertés des citoyens au Cameroun. Le Cpp tient à exprimer toute sa solidarité avec les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun en particulier et aux autres citoyens victimes de ces abus et violences. Le Cpp réaffirme sa disponibilité à agir de concert avec l’ensemble des citoyens et organisations nationales, politiques et citoyennes, qui entendent obtenir l’effectivité de l’Etat de droit et de la démocratie au Cameroun », avait alors réagi Kah Walla.
Difficile donc de ne pas entendre la voix du Cpp ou celle du Mrc dans les sujets qui font le quotidien des Camerounais. Cette stratégie de présence, pour l’instant semble porter quelques fruits. Lors de la présidentielle d’octobre 2011, Kah Walla a réussi à se classer en 6ème position, loin devant des anciens combattants comme la Dynamique d’Albert Dzongang, le Paddec de Jean De Dieu Momo, le Mp de Jean Jacques Ekindi, l’Afp de Bernard Muna, le Manidem d’Anicet Ekane ou l’Ufdc de Hameni Bieleu. Reste à transformer cet essai lors des prochaines échéances.
Le Mrc quant à lui a participé à sa première élection le 30 septembre 2013 alors qu’il n’avait même pas encore fêté le premier anniversaire de son existence. Pourtant, il a réussi non seulement à décrocher un siège de député à l’Assemblée nationale, mais a raflé de nombreux sièges de conseillers municipaux dans des mairies à travers la République. Une performance qui fait de ce parti l’un des plus attendus lors des prochaines élections au Cameroun.
Jean-Bruno Tagne, Le Jour