En date du 8 juin 2019 à Yaoundé, j’ai été interpellé dans un snack de la ville où je prenais un pot, par des éléments de la police sous instructions d’un commissaire tous non identifiés car ils ne se sont pas présentés . J’y ai été enlevé manu militari à bord d’un jeep et conduit au service central de renseignement . Après de multiples brimades tant physique que psychiques, à l’endroit de ceux avec qui j’ai été arrêté, j’ai été appelé à fournir des informations pour remplir une fiche d’identification personnel qui comportait une rubrique relative à ma filiation politique. Après mon identification et après de multiples autres brimades, nous avons été conduit pour ce qui est de notre vague au commissariat du 3ième arrondissement à Nkoldongo où nous avons passé trois jours en cellule en compagnie d’individus de moralité douteuse et extrêmement agressifs qui nous ont dépouillés de nos finances moi et mes camarades de circonstances avec qui j’ai été transféré.
Pendant notre séjour nous avons été exposés 2 matin de suite( lundi et mardi) à des invités de circonstances pire que des animaux de zoo, comme des pires terroristes, comme des trophées de guerre.
Nous avons été transférés de la cellule de commissariat de Nkoldongo directement pour la prison centrale de Nkodengui Sans aucune audition, sans qu’il ne soit notifié à chacun le reproche qui lui est attribué, ni l’acte par lequel nous sommes détenus.
Nous nous retrouvons donc à la prison centrale de Nkodengui sans savoir pourquoi nous y sommes dans un pays dit de droit. Mais quelque élément me permet bien plus que de spéculer sur le pourquoi de ma à Nkodengui : [les informations obtenues de moi sont principalement de deux ordres : Mon appartenance ethnique qui est “Bamileke ” et mon adhésion à l’idéologie d’un parti politique qui est celle du MRC] . De plus, les échanges avec quelques camarades de circonstances conduits comme moi à Nkodengui révèlent que nous partageons tous ces deux caractéristiques : nous sommes Bamileke et nous sommes du MRC. Dès lors en absence de toute notification sur un délit éventuellement commis, il est clair pour moi, pour mes camarades conduits comme moi à Nkodengui que nous sommes victimes d’une TRAQUE AU FACIÈS commanditée et exécutée par l’appareil repressif du régime . Oui nous sommes victimes de nos opinions et de nos origines.
Pendant mon parcours depuis que ma liberté à été retirée j’ai subi de l’autre la suffisance, l’arrogance, le mépris . J’ai écouté ceux qui pensent avoir la science infuse, les dépositaires du pouvoir absolu.
J’ai connu l’oppression dans un pays où on parle du vivre ensemble.
Comment l’oppresseur et l’oppressé peuvent vivre ensemble ?
Comment parler de vivre ensemble quand des gens s’érigent en prédateur des citoyens simplement parce qu’ils bamileke ?
Comment parler du vivre ensemble avec une telle condescendance ?
Je suis un prisonnier politique kidnappé et embastillé par l’appareil répressif du régime
Après 3 jours de détention dans les cellules et 30 jours de détention arbitraire à la prison centrale de Nkodengui, force est de constater que l’injustice est devenue la règle et la justice l’exception.
Prison Central de Nkodengui, Jeudi 11 juillet 2019
MOMO NAGUE Rodrigue