CAN 2019: Mafiocratie, l’indignation et le Consensus morale au Cameroun
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
Retrait de la Can 2019 au Cameroun: Quand l’écrivaine Calixte Beyala se lâche…enfin contre les psychopathes qui tiennent ce pays en otage (quels qu’ils soient!).
Elle retrouve sa vocation.
En effet, Calixte Beyala est généralement une partisane des attentes politiques peu glorieuses de nos responsables politiques. Mais avec la perte de la CAN 2019, elle aussi est outrée et comprend le fait que le pays n’a pas clairement endossé les notions fondamentales de décence et de moralité.
Calixte Beyala a raison de dire que ce type de violation des normes et de la décence ferait virer et emprisonner un grand nombre de hauts fonctionnaires du gouvernement et les Judas du régime Biya. De plus, on aurait même pu imaginer un débat ouvert sur la destitution, parce que le public a perdu confiance dans ce président presque aussi rapidement que quand il avait volé les dernières élections et toutes les précédentes.
Car la perte de la CAN n’est pas anodine mais grave. Comme Beyala le soutient, la confiance du public a été violée au Cameroun. En effet, une « crise de confiance » a touché à peu près toutes les institutions camerounaises, y compris l’exécutif, le parlement, le pouvoir judiciaire et même les instances dites « apolitiques » telles que la FECAFOOT qui constituent, finalement, des moteurs de la corruption généralisée fonctionnant comme un véritable système fiscal parallèle.
Le mise sous les tapis est la réaction instinctive de la plupart des organisations face au scandale et il faut un leadership particulièrement fort et moral pour résister à cette envie de tout balayer y compris sous la moquette. En fin de compte, toutes les institutions et leurs régulateurs ne peuvent jamais être aussi moraux que les personnes qui y travaillent. C’est ce qui se passe depuis que Platon a observé: «Les gens de bien n’ont pas besoin de lois pour leur dire d’agir de manière responsable, alors que les méchants trouveront toujours un moyen de contourner les lois.»
Une autre réponse par défaut à l’éruption de ce genre de scandale est la conclusion plutôt lasse qu’il n’y a aucun espoir de règlement en l’état de cette « crise de confiance». Notre responsabilité, cependant, est de ne pas laisser ces scandales flouer complètement nos perspectives. Le fait que le «Gopna» (la puissance publique en jargon populaire) soit maintenant considéré comme une entreprise témoigne de la perversion de la vocation et des idéaux désintéressés, qui ont émergé de l’état de putréfaction avancée du service public au Cameroun.
Aujourd’hui, les gouvernements sont de grandes entreprises. Ils manipulent souvent la bonne nature et la volonté des gens de la manière la plus cynique. Le concept dans son ensemble a été corrompu par ceux qui ont industrialisé le service public. Un changement radical est nécessaire.
En pratique, cela signifie mettre fin à un système de favoritisme politique qui récompense les criminels qui perçoivent des pots-de-vin en tant que mode parallèle d’imposition des particuliers, mettant en valeur un État mafieux dans lequel les vrais criminels sont protégés.
Des journalistes, tels que Michel Biem Tong, qui exposent sans cesse ce que le journalisme est censé faire de toute façon, sont jetés en prison. Seuls les médias qui mentent, s’aliènent, et se prostituent auprès du pouvoir en place, comme la plupart le font de nos jours au Cameroun et ont le culot de s’appeler médias et journalisme sont épargnés par sa répression. Pourtant le pays ne serait pas dans cette situation si la plupart d’entre-eux exerçaient honnêtement leur métier.
L’échec de la CAN est donc symptomatique de ce que le régime de Biya a réellement accompli en 36 ans: un État international subversif basé sur le crime organisé. Ces échecs ont confirmé ce que beaucoup d’entre nous disaient depuis des années en dépit des dénégations vierges de Yaoundé. Ces cinglés voudraient bien ternir toute démocratie existante et éliminer toute critique de leurs actes, comme au bon vieux temps du régime Ahidjo (1960-1982).
Clairement, ce que l’échec de la CAN confirme à propos du régime de Biya, et ce que Calixte Beyala appelle «intégrité», c’est le vieil adage selon lequel «la liberté est pour ceux qui sont dignes de l’être». Le régime de Biya a longtemps abandonné la seule fondation capable de soutenir des sociétés libres: l’autonomie gouvernementale.
Par conséquent, ils se dirigent et s’enfoncent depuis longtemps dans un abîme qu’ils avaient eux-mêmes creusé. Seules les personnes morales peuvent faire confiance à la liberté. La responsabilité personnelle, la retenue, l’intégrité, la modestie, la charité, l’économie, le travail acharné, et la responsabilité personnelle sont des caractéristiques qui rendent possible et soutiennent un gouvernement civil limité. Leur absence finit par engendrer un état semblable à un Léviathan qui imposera extérieurement un ordre civil collectif – un ordre dont les individus véritablement libres n’ont guère besoin – car ils sont régis d’abord par un ordre moral interne.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
CAN 2019: Maffiocracy, Outrage and Moral Consensus in Cameroon
By Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P
Withdrawal of Can 2019 in Cameroon: When Calixte gets loose … finally against the psychopaths who hold this country hostage (whoever they are!).
She finds her vocation again.
This is because Calixthe Beyala is usually a partisan of low political expectations from our political officials but with the loss of the CAN she too is outraged and understand the country failure to speak clearly about basic notions of decency and morality.
Calixthe Beyala is right that this kind of violation of norms and decency would have a great number of high ranking cabinet officials and Judas from the Biya’s regime fired and imprisoned. More, even open talk about impeachment, because the public would have lost faith and confidence in the president almost as quickly when he stole the last election and the previous elections as well.
Indeed, the loss of the CAN is not trivial but grave. As Beyala argues, the public trust has been violated in Cameroon. Indeed, a “crisis in trust” has enveloped just about every Cameroonian institution including the executive, the parliament, the judiciary and even so-called “apolitical” institutions such as the FECAFOOT were rampant bribery works as a parallel tax system.
Carpet-sweeping is the instinctive reaction of most organizations when confronted with scandal and it takes particularly strong and moral leadership to resist that urge. In the end, all institutions and their regulators can only ever be as moral as the people who work within them. This has been the case since Plato observed: “Good people do not need laws to tell them to act responsibly, while bad people will always find a way around laws.”
Another default response to the eruption of this kind of scandal is the rather weary conclusion that there is no hope of relief from this “crisis of trust”. Our responsibility, however, is to not let outrage cloud perspective. The fact that the “Gopna” is now considered to be a business demonstrates the perversion of the vocation and selfless ideals they have emerged from the nature of public service. Today, governments are big business. They often manipulate the good nature and will of people in a most cynical fashion. The whole concept has become corrupted by those who have industrialized public service. Radical change is needed.
In practice, it means putting an end to a system of political patronage that reward criminals who collect bribes as forms of personal taxation system highlighting a mafia state where real criminals enjoy protection from the state.
Journalists, such as Michel Biem Tong, who continuously expose such things which is what journalism is originally meant to be doing anyway, are in jail. Only the media that is lying, alienating and whoring itself as most of them do this days and have the nerve to call themselves as media and journalism, the country would not be in this situation.
So, the CAN’s failure is symptomatic of what the Biya’sregime has really achieved in 36 years; a subversive international state based on organized crime. These failures have confirmed what many of us have been saying for years despite continued blank denials from Yaoundé. These nut cases would dearly like to knobble any democracy in existence and eliminate any criticism of their actions just like in the good old days of the Ahidjo’s regime.
Clearly, what the CAN’s failure confirms about the Biya’s regime, and what Calixthe Beyala calls “integrity” is the old adage that « Freedom is for those who are fit for it. » The Biya’s regime has long abandoned the only foundation capable of supporting free societies: self – government.
Hence they are moving head long into an abyss that they themselves had dug. Only moral people can be trusted with liberty. Personal responsibility, self-restraint, integrity, modesty, charity, thrift, hard work and personal accountability are traits that make possible and sustain limited civil government. Their absence eventually breeds a leviathan like state that will externally enforce a collective civil order – one that truly free individuals have little need of – because they are governed first by an internal moral order.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesman of the CL2P