Nous avons eu tort de prévenir des mois voire des années durant sur les risques y compris de mort encourus à maintenir l’organisation de cette CAN au Cameroun…
Nous y sommes pleinement…
Il faut juste maintenant prier que d’ici le 09 février d’autres drames ne viennent pas assombrir davantage le triste bilan de cette édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Pour autant il faudra veiller par la suite à ce que les membres et dignitaires de la dictature camerounaise ainsi que la Fédération nationale de football ne se dérobent de leur responsabilité écrasante dans ce fiasco comme on le voit déjà à travers leurs relais médiatiques et partisans, en mettant tout sur le dos de la Confédération Africaine de Football (CAF).
JDE
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CAN 2022 au Cameroun : le pays organisateur enchaîne drame, crises et polémiques
Les Lions indomptables vont sortir de leur tanière de Yaoundé. Samedi 29 janvier, le Cameroun affrontera, à 17 heures, la surprenante Gambie en quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), à Douala. La sélection du pays hôte quitte ainsi, pour la première fois, sa nouvelle demeure : le stade d’Olembé. Cet anneau entouré d’écailles colorées, posé précieusement à une dizaine de kilomètres du centre de la capitale, devait être la promesse d’un tournoi grandiose. Mais depuis le début de la compétition, la CAN enchaîne drame, crises et polémiques.
Le stade d’Olembé d’abord, qui porte aussi le nom de Paul Biya, le président du pays depuis près de quatre décennies, semble maudit. Des retards dans sa construction avaient contribué à la décision de la Confédération africaine de football (CAF) de délocaliser l’édition 2019 du Cameroun en Egypte. Puis, le 24 janvier, lors des huitièmes de finale entre les Lions indomptables et les Comores (2-1), « la grande fête du foot africain », selon l’expression utilisée par les officiels, tourne à la tragédie. Ce soir-là, huit personnes, dont un enfant et deux femmes, sont tuées sur le bitume de l’arène, piétinées dans une bousculade près de la porte Sud.
Le lendemain, lors d’une conférence de presse montée en urgence, le président de la CAF, Patrice Motsepe, a expliqué, après avoir demandé un moment de recueillement et présenté ses condoléances aux familles des victimes, que ce drame était lié à la fermeture d’une des grilles d’accès au stade. Une décision « inexplicable » pour lui. « Si cette porte avait été ouverte comme elle aurait dû l’être, nous n’aurions pas eu le problème que nous avons à présent, ces pertes de vie. Qui a fermé cette porte ? Qui est responsable de cette porte ? », a répété le Sud-Africain devant les journalistes. Fin novembre 2021, le secrétaire général de la CAF, Véron Mosengo-Omba, avait écrit au ministre des sports du Cameroun, Narcisse Mouelle Kombi, pour lui faire part de « sérieuses inquiétudes concernant l’organisation du tournoi ».
Tragédie « sans justification »
Face à cette tragédie qui a également blessé une quarantaine de personnes, la CAF a décidé que le duel Egypte-Maroc, prévu à Olembé dimanche, serait déplacé au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé ; l’institution a également exigé qu’un rapport complet de la commission d’enquête sur la bousculade lui soit remis au plus tard ce vendredi. Pour l’heure, on ne sait pas si les autres matches (demi-finales et finale) seront maintenus à Olembé. Fallait-il arrêter la compétition ? « Non. C’est regrettable, mais la vie continue. Espérons que cela ne se reproduise plus », assure Awa Fonka Augustine, gouverneur de la région Ouest. « Ce drame n’a pas de justification dans la mesure où le Cameroun a eu le temps de préparer cette CAN », assène Mourad Zeghidi, journaliste tunisien, spécialiste du football africain.
Lors du premier tour, l’organisation avait semblé être au rendez-vous malgré quelques couacs comme une erreur sur l’hymne mauritanien ou l’invasion du terrain après l’élimination de l’Algérie. Et une polémique : l’état des pelouses. Celle du stade de Japoma est particulièrement visée. Des rumeurs, plusieurs fois démenties, ont circulé sur d’éventuelles délocalisations à cause de l’état désastreux du gazon. Le sélectionneur des Fennecs, Djamel Belmadi, avait ainsi souligné qu’il n’était pas « catastrophique, mais pas d’un niveau permettant une fluidité totale ni ce qu’on espère des grands tournois comme une Coupe d’Afrique ». D’ailleurs, l’Algérie avait demandé que son match décisif contre la Côte d’Ivoire soit disputé ailleurs. Sans succès.
Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a, à l’inverse, pris la défense du terrain de Douala : « Les footballeurs de bonne foi ne se plaignent pas. Tout Africain devrait être fier de ce bel édifice qui côtoie les plus beaux stades du monde. » Finalement, la CAF vient d’annoncer qu’un quart de finale et une demi-finale vont être déplacés de Douala à Yaoundé, une décision motivée par le… mauvais état de la pelouse du stade de Japoma.
Gestion du Covid défectueuse
A partir des huitièmes de finale, les critiques contre les organisateurs de la Coupe d’Afrique se sont multipliées. Notamment à cause de la gestion du Covid qui est venue brouiller la bonne tenue du tournoi. En termes de logistique, le défi s’est révélé impossible lorsqu’il a fallu isoler les joueurs positifs dans les chambres, leur monter leurs repas tout en les entraînant à l’écart des autres pour qu’ils se maintiennent à un niveau de préparation physique suffisant. Chez les Lions de La Teranga, où plusieurs joueurs ont été testés positifs au début de la compétition, le nombre de chambres dans leur hôtel, en dehors de Bafoussam, est apparu insuffisant. Des membres du staff sénégalais ont été contraints de résider ailleurs.
Une sélection, qui n’a pas souhaité être citée, a dû − à ses frais – loger une partie de son staff dans un autre hôtel parce que l’établissement réservé par la CAF ne possédait pas suffisamment de chambres pour recevoir joueurs et membres de l’encadrement. « Même si le Cameroun a montré de la bonne volonté, il n’était pas prêt pour accueillir une CAN à vingt-quatre sélections », déplore un cadre de cette équipe.
Cette gestion anti-Covid défectueuse a atteint son paroxysme peu avant les huitièmes entre le Cameroun et les Comores. Les Cœlacanthes n’ont pas pu aligner leur gardien, testé positif deux jours plus tôt. Or, au matin du match, il était négatif. La CAF a toutefois refusé qu’il figure sur la feuille de match : l’instance venait de décider que les joueurs positifs devront s’isoler cinq jours. Cette directive appliquée à ce moment du tournoi est vécue comme une injustice par les Comoriens, certains parlant de « dés pipés ».
Ils ne comprennent pas cette soudaine décision d’autant que le 17 janvier, veille d’un duel face au Ghana (remporté 2-3), Youssouf M’Changama avait été testé positif, alors même qu’un autre prélèvement, effectué plusieurs heures avant la rencontre, négatif cette fois, lui a permis de jouer face aux Black Stars. « C’est étrange. Je ne parle pas de conspiration, mais ça n’a pas de sens de changer le règlement en plein tournoi », argue Youssouf M’Changama qui a dénoncé « le manque d’éthique » de la CAF : « L’Afrique se serait bien passée de ces couacs. » « Pendant la compétition, on connaissait au dernier moment notre horaire pour aller s’entraîner au stade », explique de son côté le capitaine des Comores, Nadjim Abdou.
« L’arbitrage laisse à désirer »
Enfin, l’arbitrage a posé question. Par deux fois, l’arbitre a dû quitter le terrain à la fin du match escorté par des volontaires, tel un chef d’Etat en danger. Lors de Tunisie-Mali (0-1), Janny Sikazwe, officiellement victime d’une insolation, a sifflé deux fois la fin du match avant son terme. Et lors du Cameroun-Comores, même s’il restait quelques secondes dans les arrêts de jeu. « C’était une contre-attaque et il ne laisse pas l’action se terminer. L’arbitrage laisse à désirer », regrette Nadjim Abdou. Sans parler des hors-jeu imaginaires, des penaltys oubliés, alors que l’assistance vidéo (VAR) est utilisée depuis la première rencontre du tournoi.
« Le bilan de cette CAN est factuellement négatif. Il y a un sentiment d’improvisation et de mauvaise foi des organisateurs », déplore Mourad Zeghidi, en pointant les applications à géométrie variable de certaines règles. De Bafoussam à Douala, en passant par Yaoundé, il n’est pas rare que des Camerounais rencontrés critiquent également le manque de préparation du tournoi. « On n’en avait pas besoin. Cette CAN, elle est très politique. Elle a été organisée pour distraire le peuple, mais la réalité nous a rattrapés », estime un haut fonctionnaire de Bafoussam. « A l’avenir, il faut que les pays soient prêts − infrastructures et stades − avant de déposer une candidature pour accueillir ce genre d’événement », explique au Monde Matar Ba, ministre des sports du Sénégal, venu assister à la victoire de son équipe face au Cap-Vert (2-0).
Comme un symbole : lundi, la bousculade mortelle d’Olembé a provoqué d’énormes embouteillages, bien plus que d’habitude. Le président de la CAF, Patrice Motsepe, n’a réussi à rejoindre le stade qu’à la fin du match Cameroun-Comores.
Le Monde