Carton Rouge
Beaucoup d’entre nous dans la communauté des droits de l’Homme ont de nombreuses raisons de considérer le football au Cameroun comme un véritable opium du peuple; et que le fait de payer régulièrement des salaires décents aux enseignants serait bien plus bénéfique pour le Cameroun qu’une énième qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
En effet, le football ne sert à rien d’autre qu’à soutenir les intérêts de la dictature, à l’instar du pain, de la sardines et le cirque permanent qu’elle distribue à ses partisans clochardisés, afin prétendument de pacifier et discipliner les Camerounais ordinaires.
L’acte d’accusation contre le sport est long et accablant dans les républiques bananières comme le Cameroun. Il reflète en effet les pires aspects de la dictature et de ses créatures, et concentre toutes les caractéristiques les plus désagréables de l’ethnofascisme, du sexisme, de l’homophobie, du nationalisme, et du militarisme exacerbé d’une tyrannie vieillissante et agonisante. Bien que l’on puisse trouver des fanatiques lors de la plupart des évènements sportifs, ce n’est en réalité pas « leur » jeu, contrairement à la manipulation officielle, et ils ne devraient objectivement pas être amenés à le penser.
Nous comprenons donc que chaque fois que les lions indomptables gagnent, cela renforce nos pulsions nationalistes et patriotiques. Surtout, étant donné que la dictature nous offre si peu d’opportunités de nous épanouir socialement et nous sentir bien dans notre peau, chaque match gagné par les Lions indomptables devient ainsi l’occasion rêvée pour nous amuser en noyant nos soucis autant que nous le pouvons dans l’alcool.
Cependant, il faut reconnaitre que ces émotions éphémères ne résoudront pas durablement les problèmes créés par la dictature quarantenaire de Paul Biya.
Parce qu’il est peu probable que ces émotions soient constructives pour jeter les bases d’une action future qui s’attaquerait collectivement aux problèmes plus larges de la société – qu’il s’agisse du sous-financement des écoles, des services publics, des infrastructures et des niveaux croissants de violences dans la société, ou du déclin de la cohésion nationale.
Faut pas rêver!
Comité de Libération des Prisonniers Politiques – ICL2P / CL2P
http://www.cl2p.org
English version
Red Card
Many of us in the human rights community have many reasons to view football in Cameroon as a veritable opium of the people and that regularly paying decent salaries to teachers is far more beneficial to Cameroon than yet another qualification for the African Cup of Nations (CAN).
Indeed, football serves no purpose other than supporting the interests of the dictatorship, partly as bread, sardines and the circus, pacifying and disciplining ordinary Cameroonians.
The indictment against sports is long and damning. It can show the worst aspects of dictatorship and its creatures and reflect the most unpleasant characteristics of ethnofascism, sexism, homophobia, nationalism and militarism. Although fanatics can be found at most sporting events, it’s not « their » game and they shouldn’t be allowed to think that.
Emotions will not solve the problems created by dictatorship. Yet since dictatorship gives us so few opportunities to feel good about ourselves and ourselves, we should take advantage of these opportunities to have fun when we can.
These emotions are unlikely to be constructive in laying the groundwork for future action that would collectively tackle society’s broader problems – whether underfunding of schools, public services, infrastructure and increasing levels of violence in society, or decline in community cohesion.
The Committee For The Release of Political Prisoners Institute – ICL2P / CL2P
http://www.cl2p.org