Commission d’enquête alimentaire
La ficelle est grosse, trop grosse même. Chaque fois qu’il se produit une catastrophe qui frappe l’imaginaire et l’imagination des Camerounais, Paul Biya, pour calmer les esprits, se précipite et annonce la création d’une commission d’enquête. Quelquefois, ce sont des députés qui décident de créer une commission d’enquête alimentaire, pardons parlementaire, dans l’optique d’analyser les circonstances dans lesquelles la catastrophe s’est produite et de tirer les leçons et les conséquences qui s’imposent.
Plusieurs commissions d’enquête ont déjà été mises sur pied, notamment dans les affaires Cellucam, Uccao, Sodecoton, pour ne citer que celles-là, ou après la survenance des catastrophes dont, entre autres, la catastrophe de Nsam Efoulam, le lac Nyos. Des rapports n’ont jamais été rendus publics.
Volonté délibérée de maintenir les Camerounais dans l’opacité, ou stratégie de gestion des affaires publiques sans susciter la peur, les inimitiés, ou enfin ruse de l’homme-lion pour tenir les coupables, en laissant planer sur leur tête une sorte d’épée de Damoclès ? Personne ne peut donner une réponse précise à cette question. Toutes les hypothèses sont envisageables. Car, il faut le dire, Paul Biya est un homme rusé.
Après la catastrophe ferroviaire survenue à Eséka, il a encore mis sur pied une commission d’enquête qui avait 30 jours pour déposer sur sa table son rapport. Parallèlement, des enquêtes judiciaires et administratives ont été ouvertes. Les experts requis pour mener ces enquêtes ont déjà déposé leurs rapports dans lesquels il est clair que la société Camrail est le principal responsable de ce carnage.
Les délais impartis par le président de la République sont largement dépassés. Les Camerounais attendent le coup de tête présidentiel qui tarde à venir. Paul Biya reste égal à lui-même. Son unité de temps est l’année géologique.
Tout comme certaines victimes attendent toujours d’être indemnisées à la hauteur des préjudices subis. Pendant ce temps, la société Camrail jongle avec les assureurs et fait croire aux victimes que le fronteur Activa est son assureur, son objectif étant de les faire tomber dans le piège des indemnisations du Transporteur par le Code Cima et les Smig. La machination est cousue de fil blanc. De sorte que même les aveugles voient.
Paul Biya, réveille-toi. Écoute le sang des innocents qui a coulé à Eséka.
Par Jean-Bosco Talla Germinal n°100, du 10 janvier 2017.