Mardi 13 novembre, une cérémonie sobre a eu lieu pour le repos de l’âme de Charles Truman Wesco, le pasteur américain tué le 30 octobre dernier près de Bamenda dans la région anglophone du nord-ouest du Cameroun. La polémique sur l’identité des auteurs de son martyr a éclipsé l’essentiel. Les sécurocrates, qui font la pluie et le beau temps, nous ont obligés à nous mobiliser pour faire libérer une journaliste arrêtée. Pendant ce temps, nous avons oublié de marquer un temps d’arrêt pour dire merci à cet homme tué loin de son pays natal, alors qu’il venait travailler pour une communauté qui n’est pas la sienne. On n’a pas consacré une minute pour consoler sa femme et ses enfants, privés d’un être cher à cause de la folie des Hommes. Banalisation de la violence. Folie meurtrière, dans laquelle nous entraîne le feu croisé de la guerre la plus stupide au monde, faite au nom d’une République qui n’en est plus une, contre une autre qui n’en est pas une, menée par des belligérants aveuglés par l’orgueil et encouragée par une foule de « Patriotes » à l’esprit obtus.
Dans la salle de la Community Baptist Church de South Bend dans l’Etat d’Indiana, où se tenait la cérémonie, il n’y avait pas un seul camerounais. Pas même un diplomate venu de Washington pour dire « Nous sommes désolés ». Eux, ils y ont quand même glissé un drapeau de ce pays qu’ils auraient toute raison de détester. Comme pour dire, ” We don’t hate”. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il n’est pas tard pour aller témoigner à la communauté d’origine de cet homme qu’en dépit des apparences, il avait eu raison d’aimer l’Afrique. Et que le pays qui l’a si mal accueilli a encore du cœur.
Par Georges Dougueli