Comme à l’accoutumée notre organisation a une pensée toute particulière pour Maître Lydienne Yen Eyoum séquestrée depuis 08 ans au Cameroun. Puis à toutes les autres femmes de ce pays et à travers le monde qui, comme elle, font courageusement face à l’innommable brutalité ou adversité, à l’arbitraire judiciaire, aux sévices en tous genres infligés dans le déshonneur par des tyrans.
Retour sur le destin tragique d’une pépite du barreau camerounais reconnue par ses pairs. Prise dans les griffes d’une machine politico-judiciaire qui ne veut pas la lâcher, Lydienne Yen Eyoum se bat au quotidien pour recouvrer sa liberté et son honneur bafoué.
Par Fabienne Debarge et Joël Didier Engo, cl2p.org. Inspiré de l’article de Michel Mbiem Tong,«Cameroun, spécial 08 mars, Maître Lydienne Yen Eyoum, la suppliciée du Renouveau», hurinews.com
La vie de Me Lydienne Yen Eyoum, âgée aujourd’hui de 56 ans, a basculé un certain 8 janvier 2010 au quartier Hippodrome de Yaoundé. Interpellée par des membres d’une unité spéciale de la police camerounaise lourdement armés, brutalement installée dans une camionnette entourée d’hommes en tenue, Lydienne Eyoum commence sa descente aux enfers: garde à vue pendant deux (02) jours, déferrement devant le juge, suivi immédiatement d’une interminable détention provisoire à la prison centrale de sinistre réputation de Kondengui à Yaoundé.
Le cœur du problème? Une somme de 1, 077 milliards de F Cfa, que son client de longue date (l’État du Cameroun) lui reproche d’avoir perçu de façon indue, alors qu’elle avait engagé pour son compte une procédure de contestation des modes de recouvrement des créances dudit État auprès – entre-autres – de la filiale camerounaise de la banque Société Générale, la Société Générale de Banque du Cameroun (SGBC).
Les dés sont jetés…
Aujourd’hui, cela fait huit (08) ans que Me Lydienne Yen Eyoum se trouve privée de liberté pour un prétendu crime de détournement de deniers publics qu’elle n’a pas commis. Mise en détention en 2010 sur une simple lettre de cachet, elle a été condamnée le 25 septembre 2014 à 25 années de prison au terme d’une autre parodie de procès, confirmée définitivement par la Cour Suprême du Cameroun.
Dans cette période tragique que vit Me Lydienne Yen Eyoum, la peine de 25 années de prison n’est pas le fardeau le plus lourd à porter. En effet le quotidien d’une journée à Kodengui – univers carcéral concentrationnaire, malodorant, bruyant, et insalubre – est un marathon de survie au jour le jour. Lydienne doit supporter encore et encore ce supplice dans un état de santé parfois chancelant, dans l’interminable attente d’une éventuelle grâce amnistiante du Président Paul BIYA.
Triste destin, pourrait-on conclure, dans un fatalisme doublé de résignation.
Non, Lydienne doit sortir de cet enfer parce qu’elle est innocente et tout le monde le sait. Juste devrons-nous redoubler d’effort afin qu’elle recouvre aussi l’entièreté de ses droits, notamment son honneur de citoyenne franco-camerounaise, de femme, épouse et mère bafouée.
Chère Lydienne, cette Journée du 08 mars sera encore naturellement la tienne, avec toutes les autres femmes au Cameroun et à travers le monde qui, comme toi, font courageusement face à l’innommable brutalité ou adversité, à l’arbitraire judiciaire, aux sévices en tous genres infligés dans le déshonneur par des hommes aux pouvoirs sans limite.
Nous n’avons jamais douté – car convaincus de ton innocence au tout début cette cabale – que nous pouvions un jour parvenir à y mettre un terme définitif. Le plus tôt serait évidemment le mieux, conscient du fait que chaque jour passée dans cet enfer représente un supplice.
Fabienne Debarge et Joël Didier Engo,
Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (Cl2P)