A la fin de juin, Pékin a imposé au territoire une loi drastique sur la sécurité nationale qui a contribué à renforcer considérablement l’emprise du pouvoir central chinois.
Le Monde avec AFP
La reprise en main par les autorités hongkongaises alignées sur Pékin se veut musclée et démonstrative. Deux parlementaires de l’opposition de l’ex-colonie britannique ont été arrêtés mercredi 26 août pour leur participation à une des manifestations de l’été 2019.
Lam Cheuk-ting et Ted Hui ont été interpellés au petit matin à leur domicile, selon leur parti démocrate et des communiqués sur leur compte Facebook. Une source au sein de la police a confirmé leur arrestation, ainsi que celle de quatorze autres personnes dans cette opération mercredi matin en lien avec certaines des manifestations prodémocratie de juillet 2019.
MM. Lam et Hui siègent dans l’opposition au sein du conseil législatif (LegCo, Parlement local), où ils n’hésitent pas à critiquer frontalement les autorités chinoise et hongkongaise. « Cela relève de la persécution politique », a dénoncé devant les journalistes l’avocat James To, membre du Parti démocrate.
Une publication sur la page Facebook de M. Lam annonce qu’il a été arrêté car il est « soupçonné d’avoir participé à une émeute le 21 juillet » 2019. Ce jour-là, l’élu et des dizaines de manifestants avaient été brutalement attaqués dans la ville de Yuen Long par plus d’une centaine de partisans du gouvernement, dont certains sont soupçonnés d’appartenir aux triades.
La police avait tardé à arriver, et certains policiers avaient été filmés en train de laisser partir des agresseurs armés. Cela avait contribué à nourrir la méfiance de la population à l’égard des forces de l’ordre, qui fut pendant des mois l’un des ferments de la contestation sans précédent depuis la rétrocession, en 1997.
La police a déjà inculpé huit personnes pour ces attaques, dont certaines ayant des liens avec le crime organisé. Elle décrit aujourd’hui cet événement comme un affrontement entre forces rivales. « Aujourd’hui, nous avons arrêté des personnes que nous soupçonnons d’appartenir à l’autre camp », a déclaré à la presse Chan Tin-chu, un haut responsable policier.
M. Lam avait été blessé à Yuen Long, souffrant notamment de lacérations aux bras et au visage. Des figures du camp pro-Pékin se sont félicitées de ce coup de filet.
Pire crise politique
« La justice est peut-être lente, mais elle n’est jamais absente », a déclaré aux journalistes le parlementaire Junius Ho, qui avait été vu serrant la main de certains des agresseurs avant l’attaque. Il a toujours nié avoir été averti en amont de ces agressions.
Le bureau de M. Hui a diffusé une vidéo de l’arrestation de ce dernier, au cours de laquelle des policiers annoncent qu’il est poursuivi, notamment, pour tentative d’obstruction à la justice. Il a été emmené menotté. Son parti a précisé que son arrestation était également liée à une manifestation du 6 juillet 2019.
Hongkong a connu de juin à décembre sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine, en 1997, avec des manifestations quasi quotidiennes, qui ont parfois violemment dégénéré, pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de Pékin.
Loi drastique sur la sécurité nationale
A la fin de juin, Pékin a imposé au territoire une loi drastique sur la sécurité nationale qui a contribué à renforcer considérablement l’emprise du pouvoir central chinois sur Hongkong. Nombre de militants pour la démocratie dénoncent un texte liberticide qui vient en finir avec le principe « Un pays, deux systèmes » établi lors de la rétrocession, en 1997, et qui garantissait jusqu’en 2047 aux Hongkongais des libertés inconnues dans le reste de la Chine.
Une dizaine de figures du mouvement prodémocratie se sont vu interdire en juillet de se présenter aux prochaines élections au LegCo. Plus de 9 000 personnes ont été arrêtées à Hongkong depuis juin 2019.
Le Monde avec AFP