Civilité et Amnésie en période de Conflit Politique
Par Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
La question clé de la manière dont nous interagissons les uns avec les autres, en particulier dans les situations de conflit politique extrême, est très importante dans le Cameroun contemporain.
En effet Agir avec les bonnes manières et la civilité est la façon dont nous pratiquons les valeurs humaines fondamentales dans la vie quotidienne. Cela signifie devenir un observateur social compètent et imaginatif qui comprend l’interdépendance et les coopérations mutuelles, ce qui exclut le manque de respect de soi et d’autrui, puis le fait de se moquer des soi-disant « ennemis » et appeler au génocide.
Aussi, le besoin d’une forme constante d’introspection et de vigilance sociale devient vital. Précisément, parce que la nécessité de s’attaquer aux systèmes et logiques qui encouragent des formes de masculinité toxique et criminalisée, puis la question de savoir quel type de masculinité productive voulons-nous pour préserver un sens de la communauté à des moments parfois traumatisants est incontournable.
Par conséquent, le manque de civilité peut aussi être un signe d’amnésie qui permet la dépravation des mœurs, la dégradation du ton et le mépris de certaines vies humaines (dont celles des femmes et des minorités) qui justifient le manque de réciprocité et le triomphe d’une masculinité toxique et criminelle.
À cet égard, comme Joël Didier Engo, président du CL2P, démontre dans sa réponse au «professeur titulaire Nganang, que la « civilité » a toujours un sens aujourd’hui au Cameroun, malgré la tyrannie et les guerres civiles meurtrières, puis le combat pour la défense des droits de l’Homme, l’égalité et la diversité, parce que la civilité au sens d ‘ »habitudes et coutumes » peut avoir plus d’importance que la loi pour contrôler les comportements anti-sociaux dans le pays comme le démontre fréquemment le CL2P.
En pratique, la civilité concerne ce que font les gens ordinaires.
Cela signifie développer des bonnes habitudes pour l’auto-amélioration constante. Ces habitudes de civilité incluent le respect, la considération et la tolérance, et la position selon laquelle aucun individu – peu importe son appartenance ethnique, sa classe sociale, son sexe et son orientation sexuelle, sa religion ou son niveau d’éducation – ne doit être soumis à des formes extrêmes de privation et d’humiliation. Ces habitudes sont des indices suffisants qui signalent sur le sens emprunté par la vertu dans notre société et peuvent permettre de communiquer une forme de langage social favorable à l’égalité et à la justice sociale.
D’où l’importance de comprendre les pratiques de communication. De cette manière, une communication utile exige que nous soyons plus ou moins d’accord sur le sens de nos mots, ou que nous révélions respectueusement leur différence car, comme Albert Camus l’a dit un jour, mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
Au Cameroun, bien nommer les choses s’appelle une transformation en profondeur du système de justice et une redéfinition radicale des concepts fondamentaux de la société, tels que l’égalité et la justice sociale.
L’approche tribaliste et les autres formes de domination sociale ne favorisent pas la civilité. Elles prospèrent sur l’exclusion, sur le fait de considérer les autres comme inférieurs, et sur le déni du droit de la politesse et du respect à tous. Ce type de « civilité» signifie qu’il est temps que la hiérarchie soit restaurée et que le décorum ne coule pas que dans un sens – vers le haut, vers les personnes au pouvoir, et vers une tribu aux dépens des autres.
C’est aussi un style parasite qui se nourrit de tous les effluves de griefs culturels de ces dernières années, qui sont synthétisés en quelque chose de toxique et incendiaire avant de se propager dans tous le corps politiques. Ces personnes s’autorisent à laisser libre cours aux préjugés, à la bigoterie, et au ressentiment; puis à les présenter comme une forme de libération. Elles vont toujours trouver une organisation juste et sereine, telle que la CL2P, pour les arrêter, malgré les intimidations, les calomnies, la médisance obsessionnelle, et les procès systématiques en filiation associée à la tribu d’origine.
En effet, des mots tels que «civil» évoquent la vie sociale d’un peuple et le monde de la civitas – la communauté organisée – le seul endroit où, selon Aristote et Cicéron, la vie est possible. La vertu des citoyens comprend à la fois la «politesse» et «l’état de civilisation», puis les mœurs de la vie quotidienne qui incluent les coutumes et les attitudes de la nation soi-disant civilisée. La civilité ici n’a pas besoin d’être déférente; elle peut généreusement faire preuve d’équité, de volonté d’écouter, et de respecter les autres.
Ce n’est que lorsque l’on admettra que la civilité signifie la tolérance de la différence – qu’elle soit ethnique, tribale, religieuse, ou sexuelle – que l’on pourra espérer protéger l’humanité de nouvelles catastrophes.
Un idéal civilisé, difficile à atteindre mais essentiel à poursuivre.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Porte-parole du CL2P
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English version
Civility and Amnesia in Contentious Times
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P
The key question of how we interact with each other, especially in politically contentious situations times and situation is very important in contemporary Cameroon?
Acting with good manners and civility is the way we practice core human values in everyday life. It means becoming good and imaginative social observer that understand mutual interdependency and cooperation that excludes lack of self-respect and respect for other people and laughing at them. Thus, the need of a constant form of social introspection and vigilance.
Consequently, lack of civility can also be a sign of amnesia that allows for vandalism of manners, decay of tone and disregard for some human lives that justify lack of reciprocity and the triumph of a toxic and criminalized masculinity. Precisely, the need to tackle systems and logics that encourage forms of toxic and criminalized masculinity and the question of what kind of productive masculinity do we want to preserve a sense of community at times that can be traumatic?
Thus, as with Joel Didier Engo, President of the CL2P, demonstrates in his response to “full professor Nganang, that “civility” still has meaning today in Cameroon, despite the tyranny and the deadly civil wars and the struggles for human rights, equality, and diversity because civility in the sense of “habits and customs,” can have be more significant than laws in controlling antisocial behavior in the country as the CL2P manages to do.
For the CL2P, civility is about what ordinary people do. It means developing the right habits at self-improvement. These habits of civility include respect, consideration and tolerance and taking the position that no individual, no matter of his ethnicity, social class, gender and sexual orientation and religion, must be subjected to extreme forms of deprivation. These are forms of virtue-signaling that communicate a form of social language that promote equality and social justice. Hence, the importance to understand practices of communication. In this way, useful communication requires that we more or less agree on the meaning of our words or reveal how they differ because as Albert Camus once said to name things wrongly is to add to the misfortune of the world.
In Cameroon, it calls for an in-depth transformation of the justice system and a radical redefinition of core concepts in society such as equality and social justice.
Tribalistic and other forms of social domination approach do not promote civility. They thrive on exclusion, on seeing others as inferior, and the denial of the right of politeness and respect to everyone. This kind of “civility” means it is time for the hierarchy to be restored and for decorum to flow only one way – upwards, towards those in power and towards one tribe at the expense of others.
This is also a parasitic style that feeds on all the cultural grievance effluvia of the past few years that are synthesized into something toxic and incendiary and then spread to the whole-body politics. These people give themselves the permission to unleash prejudice, bigotry and resentment and– branding it as a form of liberation.
They always going to find a human right organization, such as the CL2P, to stop them. This is because words such as “civilian” evoke the social life of a people and the world of the civitas—the organized community—the only place, according to Aristotle and Cicero, where the good life is possible. The virtue of the citizens includes both “politeness” and “the state of being civilized,” and manners in daily life that include the customs and attitudes of the allegedly civilized nation as a whole. Civility here need not be deferential; it can generously embrace fair-mindedness, readiness to listen, and respect for others.
Not until it is accepted that civility means tolerance of difference, whether ethnic, religious, or sexual, can it be expected to protect humanity from further disasters. A civilized ideal, hard to achieve but vital to aim for.
Olivier J. Tchouaffe, PhD, Spokesperson of the CL2P