Le conseiller juridique de Paul Biya a fait virer un important montant dans un compte n’appartenant pas au vrai destinataire.
C’est un ordre de virement datant du 8 février 2005 avec, pour motif : «Rémunération ATT pour sa contribution au succès du procès qui opposait l’État du Cameroun et Cameroon Airlines à Transnet et South Africa Airways, en exécution du protocole d’accord signé à Paris le 28 juin 2001.» Il est signé de Jean Fouman Akame, le président du comité ad hoc mis sur pied pour faire la lumière sur des soupçons de corruption entre des responsables de Cameroon Airlines (Camair) et de la South African Airways (Saa) à la suite du crash, le 3 décembre 1995, du Boeing 737-200 «Le Nyong». ATT Ltd, c’est Advanced Technic Trust Limited qui, le 28 juin 2001 à Paris, signait un protocole d’accord avec l’État Cameroun en vue d’apporter des preuves de corruption liées à la maintenance depuis 1994 des aéronefs de notre compagnie nationale à South Africa Airways (SAA).
Le contractant sud-africain a effectivement réalisé sa mission, SAA ayant été condamnée au versement de quelque 32 milliards de FCfa au Cameroun. Le protocole d’accord prévoyait que 10% dudit montant soit attribué à ce cabinet. D’où l’ordre de virement de Jean Fouman Akame. L’homme n’est pas n’importe qui : conseiller juridique du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya. Un magistrat hors hiérarchie et confident du président de la République, connu pour sa discrétion légendaire.
La Société générale (agence centrale) de Paris est donc priée de virer, dès réception de l’ordre et au profit de «ATT/B», la somme de 1.703.721 dollars US (environ 1.014.855.488,06 Fcfa) à Bnp Paribas (Suisse) de Genève et à Bnp Paribas Private Bank Monaco. Cet argent, apprend La Météo de sources introduites, n’est jamais parvenu à son légitime bénéficiaire représenté dans le protocole d’accord par Fouad Srouji. Ce dernier, depuis quelques années, se bat comme un beau diable pour recouvrer la commission.
Il jure, surtout, que le compte bancaire n°6269080, figurant sur l’ordre de virement de Jean Fouman Akame et domicilié à Monaco, n’est pas celui figurant dans le protocole d’accord entre le Cameroun et ATT Ltd. Une affaire qui sent le souffre, et qui pourrait valoir au Cameroun de nouvelles avanies sur la scène internationale. Selon toute vraisemblance en effet, c’est de manière délibérée qu’une «confusion» a été introduite entre «ATT/B» et «ATT Ltd», la première entité citée étant tout ce qu’il y a de fictif. L’autre question qui taraude les esprits est de savoir pourquoi, pour la même opération et pour le même prestataire, l’État du Cameroun avait besoin de «virer» la même somme dans deux comptes bancaires.
Face à la confusion ainsi créée, on en vient aussi à douter de la destination réelle prise par les 31.998.296.279 FCfa revenant au Cameroun après déduction de la commission due au titre de «la fourniture des preuves de corruption, entre les hauts fonctionnaires camerounais et SAA». Comme souvent en pareil cas votre journal a, depuis des semaines, tout tenté pour entrer en contact avec M. Fouman Akame en vue de recueillir sa version des faits sur cette sombre et déshonorante histoire qui prend sa source dans l’entourage immédiat du chef de l’État.