Simplement inadmissible de penser qu’en 2016 des militants anti-esclavagistes fassent encore l’objet d’une répression brutale et de parodies procès, à un moment où la communauté des Nations attendrait de la Mauritanie une lutte sans merci contre ce fléau social qui touche prioritairement les négro-mauritaniens.
Il faut espérer que les partenaires extérieurs de ce pays, dont la France, rappelleront et ramèneront les autorités de Nouakchott au nécessaire respect de la dignité humaine.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Mauritanie : prison ferme pour treize militants anti-esclavagistes
Le Monde.fr avec AFP
Treize militants de l’ONG anti-esclavagiste mauritanienne IRA, accusés notamment d’« usage de la violence », ont été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans de prison ferme, a annoncé jeudi la Cour criminelle de Nouakchott.
Les treize membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ont été arrêtés entre fin juin et début juillet pour leur implication présumée dans une manifestation violente survenue lors du déplacement forcé par les autorités, le 29 juin, d’habitants du bidonville de Ksar à Nouakchott. Un véhicule de la police avait été incendié et plusieurs policiers blessés, selon les autorités.
Ils étaient accusés de « rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue ».
Habitants du bidonville
Leur procès s’était ouvert le 3 août devant la Cour criminelle de Nouakchott, qui a prononcé jeudi soir les condamnations à leur encontre après environ huit heures de délibération.
Trois des militants, dont le chef d’une section de l’IRA à Sebkha, un quartier populaire de Nouakchott, ont écopé de quinze ans de prison ferme. Huit autres ont été condamnés à cinq ans de prison ferme, les deux derniers doivent purger trois ans de prison ferme.
Ces membres de l’IRA ont été jugés en même temps que dix autres personnes arrêtées et inculpées pour les mêmes motifs qu’eux.
Sur ces dix accusés – des habitants du bidonville déplacé -, six ont été condamnés à des peines allant d’un à trois ans de prison ferme. Les quatre autres ont été acquittés.
Les militants de l’IRA ont été condamnés en l’absence du collectif constitué pour leur défense, qui avait décidé il y a trois jours de se retirer du procès pour protester contre les tortures infligées, selon ces avocats, à leurs clients.
« Condamnation hors-la-loi »
Depuis cette décision, le procès s’est poursuivi avec des avocats de la défense commis d’office. Ces derniers n’ont fait aucune déclaration jeudi soir après l’énoncé du verdict, et aucune indication n’était disponible sur un éventuel recours contre les condamnations prononcées.
En revanche, le collectif des avocats des militants de l’IRA a dénoncé le jugement lors d’une conférence de presse tard jeudi soir, expliquant que toute possibilité de recours leur a été refusée en raison de leur boycott.
« La Cour a rejeté toute introduction de recours dans cette affaire invoquant le boycott des audiences par les avocats », cela signifie « qu’on n’est plus dans le cadre de la justice », a expliqué l’avocate Fatimata Mbaye.
« Il s’agit d’une condamnation hors-la-loi, qui explique bien qu’on est dans une parodie de justice », a de son côté affirmé Me Gourmo Lô.
Amnesty International s’indigne de cette condamnation qui « confirme encore la volonté des autorités mauritaniennes de réduire à jamais au silence les défenseurs des droits humains ».
Selon Me Brahim Ould Ebetty, le collectif des avocats se réunira prochainement « pour dégager une stratégie de défense » en faveur des condamnés, qui sera menée « à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Il n’a pas fourni de détails.
Des proches des accusés présents au tribunal ont aussi dénoncé un « procès politique », selon le terme de l’un d’eux. Ils ont rappelé que certains accusés ont été arrêtés à leurs domiciles et sans qu’ils se soient rendus sur le site des événements.
Le Monde.fr avec AFP