Congo Brazzaville: Un tyran sanguinaire ne lâche jamais sa proie…
Sassou Nguesso tient à écraser ce général Mokoko qui a osé le défier et le vaincre véritablement dans les urnes, quoiqu’en disent ses résultats truqués.
Qu’il en soit au moins empêché par ceux de ses soutiens qui se disent démocrates en occident, notamment en France, et qui l’ont pourtant laissé séquestrer cet homme, puis lui infliger cette peine inique et infamante dans le silence de leurs chancelleries.
Nous pensons notamment à François Hollande, en espérant qu’Emmanuel Macron ne fera pas preuve de la même collusion passive.
Messieurs exigez parce que vous le pouvez la libération immédiate du Général Mokoko, et vite!!!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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Le général et opposant congolais Jean-Marie Michel Mokoko, 71 ans, a été condamné vendredi à 20 ans de “détention criminelle” pour “atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat”, à l’issue d’un procès qu’il a qualifié de “règlement de comptes politiques”.
“La cour criminelle déclare Jean-Marie Michel Mokoko coupable” et le “condamne à une peine de 20 ans de détention criminelle”, a déclaré le président de la cour criminelle Christian Oba.
L’ex-candidat à l’élection présidentielle a trois jours pour se pourvoir en cassation, a-t-il ajouté.
La cour affirme avoir condamné par contumace à la même peine sept co-accusés dont six Français et un Congolais pour complicité “de l’infraction d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat”.
Le général Mokoko, ex-chef d’Etat major, était conseiller du président Denis Sassou Nguesso qu’il a finalement défié à l’élection présidentielle de 2016.
Il a été arrêté en juin 2016 après avoir refusé avec d’autres candidats de reconnaître la réélection du président Sassou Nguesso qui cumule près de 35 ans de pouvoir.
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“La décision de la cour criminelle ne nous surprend par parce que tout a débuté dans l’illégalité en violation de l’immunité juridictionnelle de notre client”, a déclaré l’avocat du général Mokoko, Me Eric Yvon Ibouanga.
Sa défense affirme qu’il tient son immunité de son titre de “dignitaire de la République”, un argument réfuté par l’accusation.
“C’est un jugement qui nous satisfait compte tenu de la gravité de l’infraction et des éléments qu’il y avait dans le dossier”, a déclaré un des avocats de l’Etat congolais, un Français inscrit au barreau de Brazzaville, Me Gérard Deviller.
Lire aussi : Sévère bilan des évêques sur la situation au Congo-Brazzaville
Vendredi, les évêques du Congo-Brazzaville ont dressé un bilan sévère des maux qui frappent le Congo-Brazzaville, sans ménager le pouvoir.
Sans faire référence au général Mokoko, les évêques soulignent le besoin d'”une justice équitable et indépendante” et demandent la libération de “toutes les personnes en prison à la suite des contentieux politiques”.
Avec AFP
CONGO-BRAZZAVILLE
Madame Mokoko sort de son silence et adresse un Message au SG de l’ONU ,au Président de la Commission de l’Union Africaine et au Peuple Congolais .
Message de Madame MOKOKO
Mesdames
Mesdemoiselles
Messieurs
Combattantes Combattants de la Liberté
Citoyennes et Citoyens du monde libre
Comme vous le savez, à la suite des élections de mars 2016 qui aurait pu faire éclore un nouveau Congo , cela fait deux ans, mon très cher époux, le Général Jean Marie Michel MOKOKO victime d’injustice est incarcéré arbitrairement au Congo Brazzaville, au mépris de tous les traités et/ou conventions des droits de l’homme ratifiés par la République du Congo.
Ainsi, je saisis l’occasion à travers cette déclaration, pour lancer un appel pressant au Secrétaire Général de l’ONU, au Président de la Commission de l’Union Africaine , à la présidente de la FIDH , à Amnesty International et à la Communauté Internationale toute entière de ne ménager aucun effort afin d’interpeller les autorités du régime de Brazzaville de procéder à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, dont mon Epoux le Général Jean Marie Michel MOKOKO, ainsi que tous ceux qui au nom de la démocratie sont arbitrairement harcelés et arrêtés à l’instar de la vingtaine des jeunes du Mouvement Le « RAS-LE –BOL » interpellés le 7 et 9 Mai passé à Brazzaville et à Pointe-Noire .
Mesdames Mesdemoiselles et Messieurs,
Tous les détenus politiques soumis à des tortures sont officiellement présentés comme des prisonniers de droit commun, alors que les présumés motifs de leur détention répondent tous aux critères objectifs de «prisonniers politiques», tel que définis dans la déclaration universelle des Droits de l’homme de 1944.
Au regard de cet état de fait, je voudrais ici rappeler la nature dictatoriale du régime qui se présente ‘ironiquement’ à la face du monde comme un modèle de «démocratie apaisée», alors qu’il pratique, systématiquement, au vu et su du monde entier, l’élimination extrajudiciaire et carcérale de leurs rivaux potentiels qu’il désigne au préalable comme des <<auteurs de trouble à l’ordre publique et d’atteinte à la sûreté de l’Etat>>.
Au Congo-Brazzaville, l’exercice politique contraire au dogme dictatorial en place est une condamnation certaine. Le présent système a pour leitmotiv «la propagande diabolisante et l’achat systématique des consciences». La parodie de justice en cours en est une preuve visible aux yeux du monde. En effet, les juges qui ont pourtant prêtés serment pour rendre la justice au nom du peuple sont complices d’un système oligarchique qui s’arroge le droit de vie et de mort sur des citoyens honnêtes.
Mes Dames, Mes Demoiselles et Messieurs
Certains diront que je rêve mais je garde l’espoir d’un grand Congo Républicain qui retrouvera sa place au sein des nations dignes de ce nom. J’ai la foi et je crois que c’est une cause noble d’œuvrer pour la justice et la défense des Droits de l’homme. Non, je ne me tairai plus, je ne me résignerai plus et je ne serai plus silencieuse face aux injustices que subissent mon époux et les nombreux pères de familles arbitrairement emprisonnés.
Ainsi, j’interviens à cet instant où s’est ouvert depuis le lundi 7 mai 2018, le simulacre de procès du Général Jean-Marie Michel MOKOKO, mon époux, victime d’avoir cru en la démocratie en répondant à l’appel de détresse de son peuple qui aspirait au changement.
En tant qu’épouse je partage ma détresse, Je crie mon indignation de citoyenne face à la situation dramatique que vit un homme de conviction qui au terme d’une brillante carrière militaire a œuvré sans relâche à la consolidation et au maintien de la paix dans son pays tout comme à l’extérieur dans le cadre des missions conjointes Union Africaine – Nations Unies en Côte d’Ivoire, République Centrafricaine et au Mali. J’œuvre dans l’ombre, je tape aux portes, j’écris aux chefs d’Etats, espérant que mes appels au secours trouvent un écho favorable dans l’opinion. Mais trop c’est trop !
Le principal tord de mon époux c’est celui d’avoir eu foi en la force des institutions de son pays en se déclarant candidat à l’élection présidentielle anticipée de mars 2016.
Au lendemain de l’officialisation de sa candidature, le régime avait fait diffuser par voie de presse et sur les réseaux sociaux une vieille vidéo non expertisée datant de 2007 comme pièce d’accusation. Je connais mon mari… Sorti de la prestigieuse école militaire française Saint-Cyr , il a été formé avec la vocation de servir la République, la Nation et le peuple. Cette accusation mensongère lui a valu une traque policière assortie des convocations délivrées par les services de la police politique du Régime .Tout ce cirque ayant comme seul but d’empêcher mon époux d’être candidat à la présidentielle; car la déclaration inattendue de sa candidature à un mois de la tenue du scrutin a bouleversé les plans du régime de Brazzaville.
Porté par une ferveur populaire, en dépit de tous les obstacles visibles et invisibles dressés sur son chemin, Jean Marie Michel MOKOKO a battu campagne tout en prônant les valeurs de la démocratie, de la réconciliation de l’honneur et de la dignité.
Mes Dames, Mes Demoiselles et Messieurs,
Au terme de 2 ans de détention arbitraire sans aucun contact avec son épouse et tous ses enfants vivants à l’étranger, le pouvoir a décidé d’ouvrir le procès de la honte dont la manipulation et la fabrication des preuves montées de toute pièce apparaissent aux yeux du monde entier, comme un simulacre de procès.
Face à cette parodie de justice éhontée qui bafoue au passage l’immunité juridictionnelle de mon Époux qui conformément au décret présidentielle N° 2001/179 du 10 Avril 2001,portant création et organisation du Conseil des Ordres Nationaux lui attribuant la distinction de dignitaire de la République, Non ! Mon Epoux ne peut –être ni entendu ni jugé par une quelconque juridiction Congolaise . Mais dans une République d’injustice, le ridicule a été érigé en institution. J’en appelle donc à la communauté internationale d’intervenir auprès du régime de Brazzaville afin qu’il mette un terme à la mascarade en cours qui discrédite le noble et prestigieux métier de juge.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Cette situation d’injustice caractérisée m’oblige, en cette journée d’Ascension de sortir de ma réserve pour lancer cet appel solennel au vaillant peuple Congolais.
Permettez-moi d’emprunter les phrases de Nelson Mandela je cite : «Notre lutte a atteint un moment décisif. Nous appelons notre peuple à saisir cette opportunité, afin que nous puissions accéder rapidement à la démocratie. Nous avons attendu trop longtemps notre liberté. Nous ne pouvons plus attendre davantage. C’est le moment d’intensifier notre combat sur tous les fronts. Relâcher nos efforts à présent serait une erreur que les générations qui nous suivront ne nous pardonneraient pas. La vision de la liberté, qui point à l’horizon, devrait tous nous encourager à redoubler nos efforts. »
A la Jeunesse Congolaise montante, vous qui incarnez l’avenir du Congo
A la majorité silencieuse,
Aux femmes du Congo profond,
A mes filles, fils, frères et sœurs de la Diaspora Congolaise à travers le Monde,
Je vous exhorte à l’unité et à la transcendance de vos contradictions.
A mon très cher digne et tendre Epoux « John », Un seul mot pour toi mon Grand Général « Tiens Bon », car l’ordre divin se rétablit dans toutes situations de la vie .Ta famille au Congo, ta famille dispersée au quatre coins du monde, tout comme ton peuple, ils continuent de demeurer Serein.Car comme le dit l’adage: « Quel que soit la durée de la Nuit le Soleil finit toujours par apparaitre». Je reste forte convaincue que le ciel du Congo s’éclaircira bientôt; comme les pères fondateurs de notre nation en 1960 ont su bien l’écrire dans les premières lignes notre Hymne Nationale. Le soleil s’élèvera et notre Congo Resplendira.
Madame Safy SOW MOKOKO
Epouse du Général Jean Marie Michel MOKOKO
Le 10 Mai 2018
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« Il ne me reste que mon honneur », écrit le général Mokoko depuis sa prison de Brazzaville
L’ancien militaire, jugé pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », garde le silence au tribunal mais s’exprime dans une lettre que « Le Monde » s’est procurée.
Son écriture est élégante et précise. C’est celle d’un homme qui croupit depuis près de deux ans dans une cellule de la prison de Brazzaville, isolé pour avoir osé défier dans les urnes un chef d’Etat autoritaire, au pouvoir depuis une trentaine d’années. C’était lors de l’élection présidentielle du 20 mars 2016 remportée par le président sortant, Denis Sassou-Nguesso, à l’issue d’un scrutin contesté par la communauté internationale.
Le général Jean-Marie Michel Mokoko et ses soutiens avaient été empêchés de faire campagne, harcelés par les forces de sécurité. Les télécommunications avaient même été interrompues dans le pays. « Je me suis heurté à la machine totalitaire, écrit aujourd’hui Jean-Marie Michel Mokoko, dans une lettre datée du 8 mai que Le Monde a pu obtenir. Cette machine, via ses émissaires congolais et ses complices étrangers, [a] essayé en vain de me faire plier en exigeant de moi la reconnaissance des résultats que le monde entier savait avoir été grossièrement truqués. Face à mon refus, la dictature a ensuite entrepris de m’intimider, d’arrêter et de torturer mes compagnons, de dépenser des fortunes avec des consultants et des complices étrangers pour me diaboliser. »
Conditions de détention
Général saint-cyrien et ancien chef d’état-major des armées du Congo (de 1987 à 1993), Jean-Marie Michel Mokoko, 71 ans, avait suscité l’espoir d’une partie de la population de ce pays pétrolier d’Afrique centrale, dont les richesses captées par le clan au pouvoir font l’objet d’enquêtes en France, en Suisse et aux Etats-Unis. Il est arrivé en troisième position, avec moins de 14 % des voix selon les résultats officiels. Puis, après avoir été maintenu à résidence, il a été jeté en prison, astreint à « rester dans une pièce dont il ne peut pas sortir », selon ses avocats. Cette version contredit celle de Gérard Devillers, l’un des avocats français de l’Etat congolais, qui avait assuré sur le plateau de la chaîne TV5 Monde que M. Mokoko bénéficiait de conditions de détention privilégiées. Sa famille, menacée par les nervis du régime, n’a pas pu lui rendre visite.
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M. Mokoko a été inculpé le 16 juin 2016 d’« atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et [de] détention illégale d’armes et munitions de guerre ». Ces derniers mois, les avocats congolais ont été surpris de ne pas être convoqués aux audiences préalables au procès, qui s’est ouvert le 7 mai dans la capitale en l’absence des représentants de la presse internationale, empêchés d’y assister. Ces derniers ont finalement été admis dans l’après-midi.
Hasard du calendrier, le fils cadet du chef de l’Etat, Denis Christel Sassou-Nguesso, 43 ans, publiait justement sur son site Internet un opuscule livrant sa vision du « Congo de demain ». Ce député, élu avec près de 100 % des voix dans le fief familial, et qui a la haute main sur le secteur pétrolier, semble envisager de succéder à son père lorsque ce dernier quittera le pouvoir. Il le cite d’ailleurs pour énumérer les « antivaleurs » qui mineraient ce pays criblé de dettes, dont plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté malgré ses ressources en or noir et en bois. « Il s’agit de la corruption, du détournement, de la cupidité, de la concussion, de la fraude, de la paresse, du vol ou même de l’incivisme », écrit Denis Christel Sassou-Nguesso, lui-même mis en cause dans plusieurs procédures judiciaires pour corruption et concernant des « biens mal acquis », aux Etats-Unis et en France.
Silence de l’expert
Pendant ce temps, à Brazzaville, les militants de la société civile, les journalistes et les intellectuels opposants du régime sont traqués par les forces de sécurité, arrêtés et emprisonnés. Et Jean-Marie Michel Mokoko est jugé. Il s’est présenté droit et digne, le visage fermé. Il a d’abord invoqué son immunité puis a souhaité exercer son droit au silence malgré les invectives de la cour, dont le président s’est estimé « outragé ». « Nous en tirerons toutes les conséquences juridiques mais les débats doivent se poursuivre », a déclaré Me Devillers.
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Présent dans la salle, un expert en armement convoqué par la cour a refusé de témoigner sur les armes retrouvées dans la résidence de l’accusé, qui a toujours expliqué qu’elles appartenaient à sa garde. « J’ai reçu ordre de ma hiérarchie de ne pas intervenir à ce stade », a-t-il précisé à Radio France internationale (RFI).
« C’est un procès grotesque où les droits de la défense sont complètement bafoués, souligne Etienne Arnaud, l’un des trois avocats français de M. Mokoko. C’est totalement exubérant et grossièrement politique, avec des décisions délirantes, tordant le cou au droit congolais. » Quant à l’accusation selon laquelle le général aurait souhaité mener un « coup d’Etat », le principal témoin qui devait la soutenir ne s’est pas présenté. Le régime congolais avait pourtant mandaté des spécialistes français de l’investigation privée pour tenter d’étoffer le dossier, comme Bernard Squarcini, l’ancien directeur de la direction centrale du renseignement intérieur. En vain.
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« Après plus de quarante ans d’une carrière militaire sans tache au service du peuple congolais, et au terme de deux ans de prison, il ne me reste que mon honneur, […] je n’ai pas l’intention d’en faire offrande à ce régime, visiblement d’un autre âge », écrit M. Mokoko dans sa missive de deux pages manuscrites. Il cite le visionnaire socialiste français Jean Jaurès et appelle ses compatriotes à avoir le courage « de rechercher la vérité et de la dire ». Et de conclure : « Il nous faut par conséquent continuer d’espérer car rien n’est perdu, contrairement aux apparences ».