Au Cameroun “protéger nos forêts est notre première urgence climatique”…
Une urgence dans ce pays où la déforestation s’apparente à un véritable crime contre l’Humanité, car commis par des personnalités du sérail politique ou des individus qui leur sont proches.
Il est visiblement aisé pour le Président Paul BIYA de publier une tribune dans le quotidien Le monde le 31 novembre, appelant notamment à « un vrai plan de financement des pays industrialisés ».
Mais ses concitoyens attendent d’abord de lui l’arrêt de l’exploitation anarchique de la forêt primaire camerounaise avec son lot d’expropriation des terres par des entreprises apparentées notamment à son fils Frank BIYA, et qui contraignent nombre de villageois et de paysans Camerounais à l’errance, l’exode rural, la mendicité, et parfois la mort dans le dénuement complet.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
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Le chef de l’État qui se trouve à Paris en France à l’occasion de cette grande messe sur les changements climatiques est intervenu au cours de cette rencontre.Mais au-delà de cette prise de parole formelle, devant un parterre de chefs d’État, dont les plus puissants du monde, des questions se posent sur la capacité du président du Cameroun à structurer des propositions sur les changements climatiques susceptibles d’être prises en compte par les « grands » de ce monde.
Il s’agit d’une réunion de haut niveau qui rassemble environ 150 chefs d’État et de gouvernement. Baptisé Cop21, cette 21ème conférence des parties à la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques s’est ouverte hier, lundi 30 novembre 2015 au Bourget à Paris. Le président Paul Biya du Cameroun s’y trouve, invité par le président de la République française, François Hollande. Parti du Cameroun samedi 28 novembre 2015, le chef de l’État qu’accompagne son épouse Chantal est arrivé à Paris en début de soirée.
Le dispositif d’accueil était essentiellement camerounais. Avec à sa tête au pied de l’avion spécialement affrété, le chargé d’affaire par intérim à l’ambassade du Cameroun à Paris, Jean-Joseph Atangana. Le président a par la suite retrouvé au salon d’honneur de l’aéroport qui l’a accueilli, les membres de sa propre délégation venus l’accueillir.
Côté français, aucun officiel du gouvernement. «Normal», indique-t-on de source diplomatique. « Si le président du Cameroun a été invité par le président français pour prendre part à cette conférence sur le climat, c’est parce qu’elle se déroule en France. En tant que hôte du sommet, le président français envoie des invitations officielles aux chefs d’État et de gouvernement, invitations qui les autorisent à venir en France pour cette conférence. Mais il ne s’agit pas d’une invitation pour une visite officielle ou d’Etat à effectuer en France. Le chef de l’État camerounais est dans ce cas. La conférence est placée sous l’égide des Nations-Unies. Les chefs d’État qui y sont conviés sont officiellement accueillis le jour de l’ouverture de la conférence par le président du pays hôte, qui est le président de la République française et le secrétaire général de l’Onu», poursuit notre source diplomatique.
Face aux puissants…
Prendre part à une conférence de ce niveau sur un sujet qui préoccupe le monde entier à savoir, parvenir à un accord global qui favorise la réduction des gaz à effets de serre, stimulateur du réchauffement climatique de la planète terre, est pour un chef d’Etat, un acte d’importance. Et le président du Cameroun, au pouvoir depuis 33 ans, qui dispose dans son gouvernement d’un département ministériel en charge de l’environnement et de la protection de la nature, est censé savoir qu’il s’agit d’un sujet planétaire. Le Cameroun, comme beaucoup des pays africains et du Tiers-monde subit les effets du réchauffement climatique dont les pays les plus industrialisés sont les auteurs. A Paris, depuis avant hier, se trouvent de nombreux dirigeants du monde, et parmi eux, les plus puissants qui, cette fois, ne se retrouvent pas entre eux dans le cadre du G7 ou G8. Ils ont face à d’eux des dirigeants d’autres pays soit émergents, soit pauvres, soit encore très pauvres. C’est dans ce tourbillon global où les puissants et les riches vont essayer de s’entendre, face aux récriminations des autres pays moins influents, sur les compensations à payer par rapport à la pollution climatologique qu’ils exercent sur notre planète, que des chefs d’Etat des pays pauvres et moins influents vont essayer de se faire entendre.
On peut être président d’un pays pauvre, mais se faire entendre quand on a de la personnalité. Le dernier empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié ou encore les feux présidents tanzanien, Julius Nyerere, et sénégalais, Léopold Sédar Senghor, et plus récemment, feu le président Nelson Mandela d’Afrique du Sud, étaient de ceux-là qui, dans de telles circonstances, savaient inspirer le respect et se faire écouter. C’étaient des sincères leaders africains, capables lors d’une tribune d’une conférence de haut niveau telle que Cop21, de se faire entendre, de se faire comprendre, et de convaincre.
A Paris, on sait que sur la sensible question du réchauffement climatique qui divise les pays les plus industrialisés et les pays les moins avancés économiquement, l’Afrique depuis essaye de parler d’une même voix. L’Union africaine tente de forger une position commune propre au continent africain.
…être simplement présent
C’est le cas pour du Cameroun qui par la voix de son président, a traduit ce que notre pays entend faire prévaloir. Mais alors, comment le président Paul Biya, peut-il retenir l’attention, des puissants de ce monde tels que Barack Obama des États-Unis d’Amérique, James Cameron de Grande Bretagne, Wladimir Poutine de Russie, François Hollande de France, Shinzo Abe du Japon, Justin Trudeau du Canada, Xi Jinping de Chine, ou encore Colin Barnet d’Australie, qui, tous, de manière préalable ont pratiquement déjà une idée de l’accord qui va sortir des assises de Paris.
De plus, le pays dont Paul Biya est le champion depuis 33 ans, est réputé être parmi les plus corrompus du monde, avec une gouvernance qui laisse à désirer. La plupart de ces chefs d’État et de gouvernement des pays les plus puissants du monde qui participent à la Cop21, étaient tout jeunes quand Paul Biya accédait au pouvoir au Cameroun. Et dans la mentalité occidentale, lorsqu’on totalise plus de 20 ans de pouvoir, en Afrique subsaharienne surtout, en réussissant à verrouiller toutes les possibilités d’alternance politique démocratique au sommet de l’État, on est forcément considéré comme un despote, un tyran. Même si chez nous au Cameroun, on pense plutôt que « ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ». camer.be Il sera donc bien difficile au président Paul Biya de se faire écouter dans ce forum où les puissants, élus démocratiquement, évitent généralement les pauvres qui s’éternisent au pouvoir par la force et la corruption, question de prévenir toute confusion.
© Le Messager : Jean François CHANNON