En Côte d’Ivoire, le député proche de Guillaume Soro et ancien ministre des Sports, Alain Lobognon, a été condamné en première instance ce mardi à un an de prison ferme et 300 000 francs CFA. En grève de la faim depuis le 21 janvier, il est en détention depuis deux semaines, poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles, troubles à l’ordre public et incitation à la haine ». En cause, un tweet du 9 janvier dans lequel il affirmait, à tort, que le procureur avait ordonné l’arrestation du député PDCI Jacques Ehouo.
Lorsque le juge des référés, Amouroulaye Cissoko, prononce la décision du tribunal, c’est une audience tendue de plus de 4 heures qui s’achève. Avant même l’entame des débats, une douzaine de députés, venus soutenir leur collègue, se voient interdire l’accès au palais de justice et font demi-tour.
Dans le box, Alain Lobognon, a ceint son écharpe tricolore de député. « Inadmissible » pour le procureur Richard Adou. Le prévenu accepte à la demande des magistrats de la retirer.
Ses huit avocats soulèvent alors une série d’exceptions pour contester la compétence du tribunal et la recevabilité des poursuites. Selon eux, notamment, les faits allégués n’entrent pas dans le cadre du flagrant délit puisque le tweet incriminé date du 9 janvier et que les poursuites débutent le 15 et le procès le 29. « La publication sur les réseaux sociaux est toujours visible à l’heure où nous parlons », rétorquera le procureur.
La défense quitte la salle
La défense invoque aussi la demande du bureau de l’Assemblée nationale de suspendre les poursuites contre le député Lobognon. La Constitution permet en effet à la chambre de demander cette suspension. « Le bureau n’est pas la chambre », estime le procureur.
Après une énième suspension d’audience, les magistrats décident de statuer sur ces exceptions en même temps que sur le fond de l’affaire, et ordonnent la poursuite du procès. Bronca dans l’assistance. Les avocats de la défense protestent, puis quittent la salle, suivis d’une vingtaine de leurs confrères présents pour d’autres affaires. Alain Lobognon invoque alors son droit au silence, avant de déclarer qu’il s’estime « détenu arbitrairement » et de dénoncer un « procès politique ».
Le procureur, qui affirme que le tweet a causé « des affrontements » entre sympathisants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et forces de l’ordre, réclamait une « peine exemplaire de 24 mois d’emprisonnement ». La défense a décidé de faire appel.