La terrible pandémie du Covid 19 qui frappe le monde a très vite franchi les portes des prisons et autres lieux de détention à travers le monde.
Les premiers malades graves des prisons ivoiriennes sont connus et le pire y est en marche. Ayant vu venir le danger, une fois de plus, avant bon nombre d’acteurs politiques ivoiriens, le leader de GPS, Guillaume Soro avait appelé dès le 25 mars 2020, le régime Ouattara a élargir le maximum de prisonniers possible en Côte d’Ivoire, afin d’éviter que les ravages du Coronavirus 19 ne transforment les prisons ivoiriennes en morgues jonchées de milliers de cadavres en un temps record. Le Che Bogota parlait en homme d’expérience et en homme d’Etat. Guillaume Soro, premier ministre pendant 5 ans, président du parlement pendant près de 9 ans, savait d’autant plus de quoi il parlait qu’il détient de longue date les chiffres de la surpopulation carcérale en Côte d’Ivoire : pour 8000 places disponibles dans les prisons ivoiriennes, le pays détient 21000 prisonniers dans ses 34 lieux de détention à travers le pays, frôlant souvent un taux de saturation de 300% dans ses prisons !
Le régime Ouattara a-t-il été sensible à la prise de parole de l’ancien premier ministre et ancien président de l’assemblée nationale ? Nullement. D’une oreille sourde, réfugié dans sa thébaïde d’Assinie avec sa bande de privilégiés insouciants, M. Ouattara entendait garder en prison, les 23000 détenus de Côte d’Ivoire, jusqu’au moment où l’injonction partit de l’ONU, dont le secrétaire général sonnait l’alarme à travers le monde, en début avril 2020. Pour l’administration Guttierez, la libération massive des prisonniers de tous les Etats du monde était la condition sine qua non de leur survie, en raison de la promiscuité et de l’exiguïté de bien des prisons du monde, qui favorisent tout naturellement la propagation rapide de la terrible pandémie. Réagissant enfin à cette alerte internationale, après que de nombreux Etats occidentaux et africains aient massivement libéré leurs prisonniers de droit commun, par milliers et parfois dizaines de milliers, le régime Ouattara a récemment annoncé l’accord de la grâce présidentielle à plus de 2000 personnes détenues, sur la base de deux critères : la proximité de la fin de leur peine et la nature relativement moindre des délits qui les avaient conduites à l’incarcération.
Quid cependant de ces personnes détenues depuis 2011 en Côte d’Ivoire en raison de leurs opinions politiques ? Quid des militants du FPI, du PDCI-RDA, de GPS, qui croupissent encore en prison, uniquement pour avoir exprimé des positions politiques opposées à celle du RHDP d’Alassane Dramane Ouattara ? S’il y a exigence morale de libérer des prisonniers pour les protéger de la pandémie du Covid 19, les prisonniers politiques, qui sont par essence des personnes innocentes, ne doivent-ils justement pas être prioritaires dans cette prise de décision, car ils sont en prison par le seul fait du prince et non en raison d’une moindre infraction commise ? IL nous importe donc, dans cet éditorial, de comprendre I) pourquoi il y a indubitablement des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire. Ensuite, II) nous nous demanderons si c’est uniquement parce qu’il est de mauvais caractère que l’autocrate Ouattara ne les libère pas. Enfin, nous verrons que manifestement, III) l’obstination du pouvoir à garder ses prisonniers politiques au frais est partie totale d’un plan plus vaste : la capture de l’Etat de Côte d’Ivoire par un clan déterminé à tout boucler, à tout fixer et à tout gérer d’ici le 31 octobre 2020, par tous les moyens possibles.
Une évidence incontestable : la persistante existence des prisonniers politiques en Côte d’Ivoire sous Ouattara
La présente réflexion ne se fonderait pas sur l’objectivité de la science si nous osions croire le discours délirant du président du RHDP selon lequel le sieur Hamed Bakayoko, son fils de circonstances, aurait été le premier prisonnier politique de Côte d’Ivoire ! Les universitaires membres du RHDP qui ont osé assister impassible à un tel péché contre la mémoire de la nation ivoirienne se sont à jamais discrédités, disons-le tout net. La prison politique, qui se définit comme l’incarcération de citoyens par le pouvoir, en raison de leurs opinions politiques opposées à celles du pouvoir, est un phénomène ancien et chronique dans ce pays. Qui ne se souvient point, dans les années 60, des prisonniers d’Assabou, victimes des faux complots du régime naissant du Président Houphouët-Boigny ? Qui a oublié les camps de punition militaire des années 70, tels celui de Séguéla, où se rencontrèrent pour la première fois de leur histoire, un certain capitaine Robert Guéi et un opposant politique nommé Laurent Gbagbo, alors syndicaliste enseignant ? Qui donc nous dira que le règne du parti unique PDCI-RDA de 1960 à 1999 ne vit pas de nombreux opposants politiques, jetés en prison ? On oublierait ainsi les étudiants brutalisés par le gouvernement Ouattara dès 1990. On oublierait ainsi la violence avec laquelle le 18 février 1992, le premier ministre d’un Houphouët vieillissant, Alassane Ouattara, encore lui, jetait en prison toute la direction de l’opposition ivoirienne dont notamment le couple Gbagbo, pour simple fait de manifestation publique ! On oublierait qu’en fin d’année 1999, la direction du RDR de Ouattara, qui avait lui-même fui vers l’exil, était jetée en prison sous le pouvoir Bédié, avant le coup d’Etat fatidique du 24 décembre/ Qui dira que sous le régime Gbagbo de 2000 à 2010, des Ivoiriens ne connurent point la prison politique ? Des brutalités d’octobre 2000 aux massacres de mars 2004, des traques de militaires pro-opposition aux drames comme l’assassinat des Camara Yèrèfè ou du journaliste français Jean Hélène, le FPI au pouvoir eut ses pages noires dans la gestion des libertés individuelles de ses opposants politiques. Non, trois fois non : ni le PDCI-RDA, ni le FPI, ne peuvent dire aujourd’hui aux Ivoiriens qu’il n’y eut pas de prisonniers politiques sous leurs magistères respectifs à la tête de l’Etat.
Et ce n’est donc surtout pas le pouvoir Ouattara qui viendrait faire exception dans cette histoire sombre. Pourtant, Alassane Ouattara avait juré, lors de la campagne présidentielle 2010, qu’il n’y aurait « plus jamais de prisonniers politiques sous Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire », reconnaissant par-là même qu’il avait emprisonné à tour de bras des opposants ivoiriens lorsqu’il était premier ministre d’Houphouët entre 1990 et 1993. Or qu’avons-nous obtenu à la suite du retour de Ouattara au pouvoir d’Etat ? Arrivé au terme d’une guerre fratricide au pouvoir le 11 avril 2011, Alassane Ouattara a dû emprisonner massivement des militaires, des cadres, des militants et des sympathisants du régime FPI de Laurent Gbagbo pour asseoir et stabiliser son pouvoir. Ministres, militaires, militants de base, jeunes et vieux dirigeants du FPI ont massivement rejoint les geôles de Ouattara ou l’exil. Des morts par centaines furent comptés dans cet embastillement et cet exode massifs des frontistes. Ouattara a maintenu, contre toute volonté de réconciliation nationale, son prédécesseur le Président Laurent Gbagbo en exil, après 7 ans de prison à La Haye, tout comme Charles Blé Goudé. IL leur a fait infliger par une justice aux ordres des peines préventives de 20 ans de prison qui s’appliqueraient s’ils remettaient à court terme les pieds en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui encore, l’essentiel des détenus militaires de cette période demeure emprisonné. A la suite de la rupture d’alliance entre le PDCI-RDA du président Bédié et le RHDP Unifié fraîchement créé par Alassane Ouattara en juin-juillet 2018, ce fut le tour de nombreux cadres et militants du PDCI-RDA de subir l’arbitraire du régime : avec les Jacques Mangoua et Akossi Bendjo, icônes des persécutés du PDCI-RDA, de nombreux militants et sympathisants du PDCI-RDA, croupissent aujourd’hui dans les geôles de Ouattara. Mais la part maudite de la répression de Ouattara contre les opinions politiques opposées au RHDP a été incontestablement réservée à Guillaume Kigbafori Soro et ses compagnons de Générations et Peuples Solidaires. Une violence inouïe, surtout après que le 12 octobre 2020, Guillaume Soro se soit officiellement déclaré candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020. Aux limogeages massifs de cadres des Forces Nouvelles qui ne se sont pas soumis au RHDP, se sont très vite ajoutées des purges de militaires soupçonnés sans preuves de sédition, des éliminations sommaires d’Ivoiriens soupçonnés de proximité avec Guillaume Soro, et des arrestations de députés, de cadres de la direction de GPS, accélérées notamment depuis la traque massive lancée le 23 décembre 2019 par le pouvoir Ouattara. Alassane Ouattara, pour qui Guillaume Soro et ses compagnons se sont battus et ont laissé nombre de leurs vies sur le carreau, a depuis le 23 décembre 2019, contraint le leader de GPS et bon nombre de ses compagnons à l’exil, désertifiant ainsi pour l’essentiel le leadership de l’opposition politique présente sur le terrain ivoirien. Ainsi, des militants, parlementaires, cadres de GPS, croupissent en prison depuis plus de trois mois, au mépris de tous leurs droits, platement et banalement bafoués, malgré les dénonciations de Human Rights Watch, d’Amnesty International, de l’Union Européenne, de nombreux observateurs français, américains et britanniques de la scène politique ivoirienne.
Nous pouvons donc conclure cette première partie de notre analyse : à moins d’être d’une mauvaise fois démoniaque, nul ne peut nier aujourd’hui en Côte d’Ivoire l’existence des prisonniers politiques en grand nombre dans les geôles d’Alassane Dramane Ouattara qui s’avère ainsi être un immense parjure devant la conscience nationale. Sa promesse de respecter le pluralisme politique n’a pas été tenue. De surcroit, et nec plus ultra, des imams, des pasteurs, des internautes citoyens, ont connu la prison politique pour leur opinion, comme les opposants politiques. Connaît-on un seul pays africain où un député se soit retrouvé jeté en prison comme l’honorable Alain Michel Lobognon, pour un simple tweet de 140 caractères ? Non, la Côte d’Ivoire sous Ouattara en 2020 n’est pas un Etat de droit. La réalité est désolante et atteste de tout le contraire : un pays privé de ses libertés démocratiques fondamentales. Mais pourquoi s’obstine-t-il à détenir, me direz-vous ? Pourquoi Ouattara ne veut-il pas sortir de l’Histoire par la grande porte, comme le Président qui aurait pardonné, réconcilié, rassemblé en Côte d’Ivoire ? Ces interrogations méritent d’être approfondies à présent, afin que nul n’en ignore.
La psychologie rancunière de l’homme explique-t-elle tout ?
Une certaine opinion veut que l’attitude psychorigide, froide et cynique d’Alassane Dramane Ouattara envers les prisonniers politiques du FPI, du PDCI RDA et de GPS notamment s’explique par le ressentiment psychologique profond qui dominerait le caractère du président sortant de la république de Côte d’Ivoire. On parle tantôt de méchanceté gratuite de Ouattara, qui prendrait plaisir à voir souffrir ses adversaires et ennemis politiques d’autrefois et d’aujourd’hui ; tantôt de désir de vengeance infinie, liée à une frustration terrible d’avoir dû souffrir, par la faute des Ivoiriens qu’il maudirait tous les jours, 17 longues années de traversée du désert avant d’atteindre le poste fatidique de Président de la République qu’il convoitait dès la mort du Président Houphouët en 1993. En effet, nul ne saurait douter que Ouattara ait gardé une certaine dent contre tous les Ivoiriens – c’est-à-dire finalement la majorité de ce peuple- qui se sont opposés à ses velléités de conquête du pouvoir d’Etat en 1993. Le général Guéi alors Chef d’Etat major, refusa de mettre l’armée au service de Ouattara et il se dit qu’il l’a payé très cher par la suite. Le ministre Laurent Dona Fologo, alors SG du PDCI-RDA, a eu le courage de raconter pendant la crise postélectorale de 2010-2011 que le premier ministre Alassane Ouattara l’avait approché, après avoir convaincu le président du Conseil Economique et Social Philippe-Grégoire Yacé, afin qu’il l’accompagne dans son projet de violer l’article 11 de la constitution d’alors qui faisait du président de l’assemblée nationale Henri Konan Bédié, le dauphin du président de la république en cas de décès. Peine perdue toutefois, puisque Fologo resta loyal à la constitution et contribua ainsi à l’accès d’Henri Konan Bédié au pouvoir en décembre 1993. Manifestement donc, nul ne saurait nier que Ouattara continue à régler des comptes à ses vieux adversaires et rivaux, quand on voit par exemple le sort funeste qu’il continue à réserver à Laurent Gbagbo, qui a osé refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes de la présidentielle 2010. Son attitude rusée et trompeuse avec l’ancien président Bédié semblerait aussi appartenir à ce registre de la rancune tenace, tout comme son hostilité démesurée envers un Guillaume Soro qui a osé refusé d’adhérer de force à son RHDP unifié. IL est vrai donc que la psychologique rancunière de Ouattara est évidente, d’autant plus que nos propres analyses précédentes ont décelé, dans sa négation obsédée de son passé voltaïque, une profonde névrose identitaire, qui peut expliquer sa rage intérieure envers les Ivoiriens. En effet, tout se passe comme si Ouattara, qui ne s’est pas entièrement ouvert aux Ivoiriens, puisqu’il n’a jamais voulu assumer son parcours multinational, en veut aux Ivoiriens de ne pas l’avoir entièrement accepté comme l’un des leurs, alors que c’est lui-même qui leur a en fait refusé son cœur. En fait, Ouattara n’a pas joué franc-jeu avec le peuple de Côte d’Ivoire, qu’il évite, en se planquant dans son luxe d’Assinie ou au Palais présidentiel, quand il n’est pas parti dans l’un de ses milliers de voyages à l’étranger. De même Ouattara n’assume pas véritablement son africanité, lui qu’on n’a jamais vu de toute sa présidence en pèlerinage sur sa tombe paternelle au Burkina Faso, ni en séjour prolongé dans sa ville familiale alléguée de Kong. Au total, l’hypothèse d’un manque d’amour de Ouattara pour le peuple ivoirien est hélas incontestable, et elle explique que le peuple de Côte d’Ivoire soit resté sur sa faim et sa soif de le voir vraiment et le sentir comme son président. IL y a donc un désamour mutuel et chronique entre Ouattara et le peuple de Côte d’Ivoire, que les derniers événements en date n’ont fait que confirmer, lorsqu’on voit le repli égoïste sur soi du clan Ouattara, quand le malheur du Covid 19 s’est abattu sur le pays.
Le plan de capture de l’État de Côte d’Ivoire : la cause profonde
Mais, je me dois à présent de dire qu’aussi sérieuses que soient ces raisons psychologiques et historiques profondes, elles ne suffisent pas à expliquer la détermination, que dis-je l’obstination de Ouattara à garder des centaines de prisonniers politiques dans les geôles de l’État de Côte d’Ivoire. L’autocrate cynique de la lagune ébrié n’a pas pris le risque de perdre à jamais sa réputation de technocrate bien policé venu du FMI et de la Banque Mondiale, pour une simple histoire de sentiments. Non, Alassane Dramane Ouattara aurait bien aimé avoir un bon nom dans la postérité. Mais, plus forte que la recherche d’une bonne renommée, est chez Alassane Ouattara la passion de la conservation ad vitam aeternam du pouvoir d’Etat pour lui et son clan en Côte d’Ivoire. IL faut s’émanciper des limites et insuffisances des facteurs émotionnels pour comprendre la rationalité politique sous-jacente à l’obstination de Ouattara, ce que j’appelle son plan A : sa détermination tactique et stratégique à capturer avec son clan pour de nombreuses décennies, l’Etat de Côte d’Ivoire.
A partir de la révision de la constitution de 2016, Alassane Dramane Ouattara a commencé sous nos yeux à dérouler un véritable plan de capture de l’Etat. IL a commencé par trahir ouvertement et concomitamment ses deux principaux alliés politiques, Henri Konan Bédié et Guillaume Kigbafori Soro, confisquant désormais l’essentiel des manettes financières et stratégiques de l’Etat. C’est ce quadruple plan de maîtrise du pouvoir par le clan Ouattara qui explique la détention actuelle des prisonniers politiques.
Ensuite, le satrape d’Assinie a déployé une capture de l’Etat en trois axes. D’abord, il s’est agi de modifier le cadre constitutionnel et institutionnel ivoirien, de telle sorte que Ouattara ait le contrôle total du cadre de la concurrence politique dans le pays. Alors qu’on voyait dans la fin de l’article 35 le cycle discriminatoire dans les lois du pays, Ouattara s’est octroyé le droit de nommer un Vice-président de la République, de se fabriquer un sénat à sa botte et de semer le doute sur l’interprétation de la clause de limitation de mandats présidentiels. La dernière violation de la constitution de 2016 en mars 2020, n’est que la suite logique de cette planification de la capture du pays. Puisque Ouattara a constitutionnalisé le principe de désignation du prochain vice-président, et prolongé au mépris de tout consensus le mandat d’un parlement soumis à sa botte.
Ensuite, Ouattara a mis la main sur l’organisme et la loi électoraux : il contrôle sans le moindre consensus politique, plus de 75% de la Commission Centrale de la CEI, et 529 des 549 postes de présidents des Commissions régionales, départementales, sous-préfectorales et communales de la CEI. IL a modifié par ordonnance et selon ses propres intérêts, la loi électorale en mars 2020, alors que le pays était sous l’attaque massive de la pandémie du Covid et que les manifestations publiques de l’opposition en sont empêchées. Dans le même esprit, Ouattara s’est mis à tripatouiller le fichier national de l’identification et la liste électorale, afin d’y assurer la dominance d’électeurs à sa solde, comme l’ont confirmé les déclarations publiques des ministres Adjoumani et Bictogo. L’un a assuré que le RHDP enrôle des étrangers dans les listes électorales pour gagner en 2020 ; l’autre a prétendu que le RHDP détenait déjà 3 millions 750 mille militants, soient 62,5% du corps électoral ivoirien !
Enfin, Ouattara a ouvertement modifié le schéma de commandement des Forces de Défense et de Sécurité, en imposant à l’armée régulière la présence des Escadrons de la mort directement coordonnés par son frère Tene Birahima Ouattara, le préfet Traoré Vassiriki, le ministre de la sécurité Vagondo Diomandé et le ministre d’Etat de la défense Hamed Bakayoko. Une chape de terreur s’est emparée des esprits, de la police aux armées nationales, et elle s’est répandue dans toute la Côte d’Ivoire, notamment quand on a vu opérer les barbouzes encagoulés de Ouattara contre GPS à ciel ouvert depuis le lundi noir du 23 décembre 2019.
Cette quadruple capture financière, constitutionnelle, électoraliste, et militariste de l’État de Côte d’Ivoire a pour but : truquer l’élection présidentielle de 2020 et nommer Gon Président de la république au soir du 31 octobre 2020 ; nommer Ibrahim Ouattara ou Alassane Ouattara lui-même, ou tout autre sous-fifre de Ouattara Vice-Président de la République dans la foulée, avec l’approbation naturelle d’un parlement soumis et émasculé ; assurer la perpétuité de Ouattara et son clan au sommet de l’Etat après son départ officiel de la présidence de la République le 31 octobre 2020.
Libérer les prisonniers politiques, mettre fin à toutes les poursuites imaginées pour paralyser la concurrence politique en Côte d’Ivoire, c’est donc pour Ouattara, reconnaître que l’opposition politique embastillée , a bel et bien raison. C’est reconnaître à Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Guillaume Kigbafori Soro, le droit de participer de plein droit à la compétition politique à venir en Côte d’Ivoire. Or Ouattara sait, par tous les sondages qu’il a commandés, qu’aucun candidat du RHDP ne pourrait faire le poids devant l’opposition ivoirienne unie. Ouattara a choisi, au mépris de toute démocratie interne, Amadou Gon comme candidat du RHDP parce qu’il sait que Gon qui ne peut pas gagner la présidentielle à la régulière, lui devra justement la totalité de son pouvoir, et par conséquent gouvernera sous sa direction. Ouattara sait clairement , que jouer le jeu de la démocratie, c’est accepter de quitter, avec tout son clan au soir du 31 octobre 2020, le sommet de l’Etat de Côte d’Ivoire. Ce n’est donc pas par émotion, mais par calcul que Ouattara retient tous ces Ivoiriens en prison.
Le Peuple de Côte d’Ivoire doit par conséquent savoir que seule une mobilisation large de l’alliance des forces démocratiques de l’opposition ivoirienne, autour des trois leaders que sont les Présidents Gbagbo, Bédié et Soro, obligera et contraindra Alassane Dramane Ouattara à renoncer à son seul et unique plan , son plan obsessionnel et étroit de capture de l’Etat de Côte d’Ivoire pour plusieurs décennies. La lutte citoyenne ne libère que ceux que la raison éclaire, bien au-delà des émotions primaires, dans une alliance réussie des énergies de l’intelligence et de l’amour infinis.
Correspondance : Pr. Franklin Nyamsi Wa Kamerun