Après le feuilleton de l’arrestation avortée du Président soudanais Omar El Béchir en Afrique du Sud, les auteurs de crimes contre l’humanité, de génocide, ou de torture… ne seront visiblement plus à l’abri d’une arrestation chaque-fois qu’ils fouleront le sol des démocraties.
À bon entendeur salut!
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)
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Le chef des services de renseignement rwandais arrêté à Londres
Cette arrestation intervient sept années après l’émission de mandats d’arrêt internationaux par un juge espagnol, et dix ans après le début des enquêtes en Espagne visant le chef des services de renseignement rwandais.
Le Foreign Office britannique a confirmé à RFI en début de soirée que Karake avait été arrêté samedi par la police métropolitaine, sans donner plus de précisions si ce n’est ce rappel des relations étroites et des nombreux intérêts partagés par le Rwanda et la Grande-Bretagne.
D’après l’avocat des parties plaignantes en Espagne, les services d’Interpol en Grande-Bretagne se sont tournés vers Interpol Espagne pour vérifier que les mandats d’arrêt internationaux étaient toujours actifs, ce que leur a confirmé le juge espagnol.
Accusations
Maître Jordi Palou Loverdos espère désormais que Londres acceptera d’extrader Emmanuel Karenzi Karake pour qu’il soit jugé en Espagne. « Il a été le chef des services renseignements militaires parallèles et secrets en 1994 et 1997. Ça coïncide avec beaucoup de tueries dans le pays pendant le génocide, mais surtout après le génocide et pas seulement au Rwanda, mais aussi au Congo [RDC, NDLR], souligne-t-il. Et pas seulement contre des personnes (espagnoles, rwandaises, hutues et congolaises), mais aussi des pillages systématiques dans l’est du Congo qui d’une façon ou d’une autre avait financé la guerre. »
Il n’est pas impossible qu’Emmanuel Karenzi Karake soit de nouveau au cœur d’une brouille diplomatique. Il avait été commandant adjoint de la Minuad, la force hybride de l’Union africaine et de l’ONU au Soudan de janvier 2008 à avril 2009. Kagame s’était résigné à ce qu’il quitte son poste sous la pression de l’ONU, justement car son nom figurait sur une liste de quarante personnalités visées par la justice espagnole pour avoir commandité des massacres et des assassinats.
Kigali demande une « explication »
Le Rwanda a officiellement demandé une « explication » au gouvernement du Royaume-Uni sur les raisons de l’arrestation du général Karenzi Karake, alors que ce dernier allait s’embarquer dans un avion pour Kigali à l’aéroport de Londres. Cité par le quotidien rwandais New Times, le ministre rwandais de la Justice, Johnson Busingye, a expliqué que le chef des services de renseignements avait été présenté à un tribunal dimanche pour une audience d’identification et a été informé qu’il comparaîtrait à nouveau jeudi.
Il a ajouté que le gouvernement rwandais serait « surpris » si le général avait été arrêté dans le cadre de la procédure judiciaire espagnole, laquelle selon lui ne répond pas aux critères requis par Interpol et « dont la légitimité aurait été sérieusement mise en doute par la justice espagnole », concluant enfin que si c’était le cas, la procédure serait contestée devant les tribunaux.
■ Une figure clé de l’appareil sécuritaire rwandais
Agé de 54 ans, le général Emmanuel Karenzi Karake, dit « KK », est issu, comme le président Kagame, de la diaspora ougandaise. Il a fait partie des chefs militaires de la rébellion du FPR avant qu’elle ne prenne le pouvoir en 1994.
Il a ensuite toujours occupé des postes importants et avait été choisi de janvier 2008 à avril 2009 pour être numéro deux de la Minuad, la force hybride de l’Union africaine et de l’ONU, déployée au Darfour. C’est à cette période que le mandat d’arrêt espagnol a été émis provoquant des tensions entre le Rwanda et l’ONU.
Réputé pour son franc-parler, Emmanuel Karenzi Karake est brièvement tombé en disgrâce en avril 2010 et mis en résidence surveillée pour « mauvaise conduite » avant d’être libéré en novembre de la même année après avoir « demandé pardon ». Retour définitif en grâce en juillet 2011, lorsqu’il prend la tête des renseignements rwandais.