Amnesty International lance une pétition pour la libération de trois jeunes accusés de «non-dénonciation d’actes terroristes»
L’organisation demande la libération de Fomusoh Ivo Feh et ses deux co-accusés, tous condamnés pour avoir fait circuler un message évoquant Boko Haram.
La pétition lancée le 2 février a été clôturée le 15 février 2017. L’initiative a recueilli 31.756 soutiens, selon la plate-forme. «Fomusoh Ivo Feh était sur le point d’entrer à l’université quand un SMS a bouleversé le cours de sa vie. Il a fait suivre à un ami un message sarcastique affirmant que même le groupe armé Boko Haram n’embauchait pas si on échouait à ses examens. Arrêté à cause de ce texto, Ivo, a été condamné à 10 ans de prison le 2 novembre 2016», a rappelé Amnesty International.
Dans la pétition adressée au Président de la République du Cameroun, Paul Biya, l’organisation demande la libération immédiate de Ivo Fomusoh Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob (ses co-accusés); l’abandon de toutes les charges retenues contre eux, l’assurance qu’ils ne soient ni torturés ni mal traités et, enfin, la latitude pour les détenus de recevoir les visites régulières de leur famille, de leurs avocats et le pourvoi à leurs besoins jusqu’à leur libération.
L’affaire remonte au 13 décembre 2014 lorsque Fomusoh Ivo Feh a été arrêté par la police quelques semaines après avoir fait suivre à Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, un SMS reçu d’un ami militaire qui disait «Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement: avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat».
Un procès a été ouvert contre Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis et après plusieurs audiences, le 2 novembre dernier, les trois jeunes gens sont condamnés par le tribunal militaire de Yaoundé à 10 ans de prison fermes.
«Ces trois jeunes n’auraient jamais dû être arrêtés en première instance, d’autant qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression. Leur place n’est donc pas la prison, car un simple SMS sarcastique ne peut constituer un motif de condamnation», a déclaré Balkissa Idé Siddo, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.
«Les autorités doivent annuler leur condamnation et les libérer immédiatement et sans condition afin de leur permettre de retourner auprès de leurs familles et poursuivre leurs études. Elles doivent aussi libérer les dizaines d’autres prisonniers à Yaoundé et Maroua, arrachés à leurs familles et qui voient leur avenir compromis sur la base de preuves minces, voire inexistantes», demande Amnesty International.
Par Otric NGON | Cameroon-Info.Net