Cameroun, Crise anglophone: LES LEADERS ANGLOPHONES DÉNONCENT 73 VILLAGES BRÛLÉS PAR LES FORCES DE SÉCURITÉ EN ZONE ANGLOPHONE. La liste.
1. Kembong ( 1st Village Burnt On The 18 Dec.2017,BBC Reported )
2. Kwakwa ( 2nd Village Burnt With 2 Person Burnt Alive, 4th Jan.2018 )
3.Bole Bakundu
4.Dipenda Bakundu
5.Big Ngwandi
6.Bakumba
7.Bokosso
8.Nake
9.Kombone Mission
10.Kake I
11.Kake II
12.Bekondo
13.Big Massaka
14.Nganjo
15.Foe Bakundu
16.Ekombe
17.Small Ekombe
18.Ediki
19.Kuke
20.Ebonji
21.Etam
22.Nguti
23.Mongo Ndor
24.Bello
Liste des Villages incendiés par les forces de l’ordre
25.Anjang
26.Angin
27.Anyagwa
28.Azi
29.Kumbo
30.Doti Nobi
31.Kugwe
32.Ambo
33.Efah
34.Kumku
35.Ashong
36.Ngie
37. Boa Bakundu
38.Ejeke
39.Mbene
40.Bati-Numba
41.Kajifu
42.Dadi
43.Gurifen
44.Munyenge
45.Bafia
46.Ekwe
Liste des Villages incendiés par les forces de l’ordre
47.Kumbe-Balue
48.Ekona
49.Batibo
50.Bafut
51.Mbalangi
52.Oshie
53.Baingo
54.Bombele Mbonge
55.Kumu Kumu
56.Bangele
57.Konye
58.Guzang
59.Widikum
60.Babadiehka
61. Tadu
62. Djottin
63.Bai-Kuke
64.Djitchami
65. Bessi
66. Munyenge
67. Dikomi Bafaw
68. Ikata
69. Baba Ekombe Water Fall With A Total Number Of 11 Persons Killed By Cameroun Colonial Military
70. Babensi 1- Nguti Sub County, Kupe Muniguba County
71. Mofako butu
72. Wone, in Meme. burnt on March 31st 2018
73. Mombo
List Compile by Kemi Ashu, Mark Bareta & Ashu Kingsley
Boris Bertolt
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CAMEROUN: L’ENLISEMENT
Il y a quelques jours, l’Ambassadeur des États-Unis a été reçu par le Président de la République, Son Excellence M. Paul Biya au pouvoir depuis novembre 1982 et l’un des Chefs d’Etat les plus âgés de la planète.
En un mot, l’Ambassadeur a relayé auprès du Président de la République le sentiment du gouvernement américain selon lequel le moment était arrivé : les États-Unis ne verraient pas d’un bon œil sa pérennité au pouvoir. Le temps était venu de passer la main.
Des élections se préparent. Tout ayant été verrouillé et au vu de la faiblesse de l’opposition et de sa fragmentation, le Président est assuré de l’emporter.
Victoire inutile, en réalité. Jamais le pays n’a autant été en conflit avec lui-même. On connaissait Boko Haram et la déstructuration d’une partie du Nord soumise à ses coups de boutoir. Pique-nique, en vérité, si l’on prend en compte la sale guerre en cours dans les régions anglophones – l’incendie de villages entiers, la fuite des civils dans les forêts, des dizaines de milliers d’exilés au Nigeria, la ponction des soldats, les multiples exactions, la violence prédatrice de l’armée et l’autre violence non moins sanguinaire des sécessionnistes, les enlèvements, décapitations, mutilations et autres formes d’éviscération.
Le tournant sanglant de ce conflit inutile, totalement auto-infligé – et donc qui aurait pu être évité – constitue un moment décisif de l’histoire postcoloniale de ce pays, et sans doute la plus grande menace au contrôle que le régime post-Ahidjo exerçait depuis 1982.
A ceci il convient d’ajouter l’intensification des antagonismes ethniques. Il est toujours hasardeux de réfléchir en termes généraux, comme si les ethnies formaient effectivement des entités stables ou des blocs tangibles. Toujours est-il que plus que jamais auparavant, nombreux sont ceux qui s’identifient de plus en plus ouvertement en tant que Bamileke ou Beti, deux des pôles belliqueux les plus usités dans les représentations publiques.
Pendant ce temps, la corruption est devenue systémique. La vandalisation du trésor public aussi. Dans un pays où les niveaux d’appauvrissement sont parmi les plus spectaculaires en Afrique, d’incroyables sommes d’argent sont détournées presque chaque semaine au vu et au su de tout le monde. Plus de 36 ans de recul dans tous les domaines ont fini par conduire à une grave impasse. Beaucoup ne savent plus ou donner de la tête. “On va faire comment?”, ne cesse-t-on de répéter à qui veut l’entendre. La prédation s’effectue à tous les niveaux de la société, chacun s’efforçant de l’externaliser et de la faire financer par plus faible que lui.
Dans ce contexte, les Américains pour une fois chercheraient-ils à anticiper? Si oui, le chemin est encore long et étroit. Il ne s’agit pas seulement de signifier à un vieux satrape que la récréation est terminée.
Si l’on ne veut pas que tout s’achève comme en Centrafrique ou au Congo sous Mobutu, ou encore par des pogroms à géométrie variable (anglophones vs francophones, Bamileke vs Beti etc…), alors il faut préparer la suite, et le plus rapidement possible.
Et d’abord en mettant sur pied une plate-forme au sein de laquelle les différents acteurs puissent renégocier la forme de l’Etat puisque tel est le différend majeur.
On le sait, le différend concernant la forme de l’État porte en réalité sur la redistribution équitable des pouvoirs et des richesses et opportunités entre toutes les composantes de la nation. Seule une régionalisation radicale peut permettre d’y répondre.
Élections ou pas, la base sociale du régime au pouvoir continuera de s’effriter. Et le potentiel de conflits explosifs ira croissant. L’actuel Président semble avoir perdu toute capacite ou volonté d’enrayer et la spirale du déclin, et l’engrenage sanglant. Les Américains en ont-ils conclu que son maintien au pouvoir constitue un facteur d’aggravation des risques et d’insécurité à l’échelle sous-régionale? La France, qui est une partie intégrante du “problème national camerounais”, a-t-elle une position claire sur cette question? Qu’en pensent les puissances régionales, à l’exemple du Nigeria?
La partie ne fait que commencer.