Cette position fait suite à de nombreux rapports, notamment celui d’Amnesty International, qui affirme qu’au moins 17 personnes auraient trouvé la mort dans les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants pro-sécessionnistes du 01er octobre dernier.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, affirme qu’il «reste profondément préoccupé par la situation au Cameroun». Par ailleurs, «il condamne fermement les actes de violence signalés dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du pays le 1er octobre, y compris des pertes en vies humaines».
Déclaration attribuable au porte-parole du Secrétaire général sur le Cameroun
Suite à sa déclaration du 28 septembre, le Secrétaire général reste profondément préoccupé par la situation au Cameroun. Il condamne fermement les actes de violence signalés dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest du pays le 1er octobre, y compris des pertes en vies humaines. Il invite les autorités camerounaises à mener une enquête sur ces incidents et exhorte les dirigeants politiques des deux côtés à appeler leurs partisans à s’abstenir de tous nouveaux actes de violence et à condamner sans équivoque toute action qui puisse nuire à la paix, la stabilité et l’unité du pays.
Le Secrétaire général prend note de l’appel au dialogue lancé par les autorités et encourage les représentants de la communauté anglophone à saisir cette opportunité dans leur recherche de solutions aux griefs de la communauté, dans le cadre de la constitution camerounaise.
Le Secrétaire général réitère le soutien des Nations Unies à ces efforts, à travers le Bureau régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général
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Le message de Mme Edith Kah Walla, Présidente du Cameroon People Party (CPP)
Sommes-nous à présent unis ?
À ceux qui ont exigé que la force extrême soit utilisée contre les manifestants parce que le Cameroun est un et indivisible ; cela a été le cas. Sommes-nous maintenant unis?
À ceux qui ont dit que le drapeau a été profané et que cela est impardonnable ; la peine a été infligée. Sommes-nous maintenant unis?
À ceux qui aimaient tant nos enfants au point où ils voulaient user de la force pour les envoyer à l’école, mais ne les aimaient pas assez pour dire STOP alors qu’on tirait sur eux; je vous pose la question, sommes-nous à présent unis?
À tous ceux qui ont dit que les anglophones doivent se taire, car tous les Camerounais ont les mêmes problèmes; hier les armes à feu ont muselé les anglophones, sommes-nous donc unis?
À ceux qui nous ont traités de terroristes, de rats, de chiens et de cafards ; nous avons bien été traités de la sorte, chassés, tabassés, brutalisés et même exterminés pour certains. J’espère que nous sommes maintenant unis?
Le plus grand dommage de notre histoire coloniale, menée d’abord par les Européens et ensuite par nos frères camerounais pour les 57 dernières années, est ce qui a été fait à nos mentalités. Nous avons été tellement gouvernés par décrets que nous en sommes venus à être convaincu de leurs puissances nous-mêmes.
Quand nous avons vu venir le danger de plus en plus près de nous, de nombreux Camerounais eux-mêmes ont commencé à émettre des décrets.
Ils ont posté sur Facebook : Le Cameroun ne sera jamais divisé. Ils oubliaient ainsi qu’ils n’ont jamais fait un pas pour qu’il soit uni.
Ils ont tweeté : Je suis franglophone. Et pourtant ils n’ont jamais mis pied dans une autre région et sont certainement incapables de parler l’autre langue.
Ils ont crié sur les médias : Qui sont-ils ? Ils se prennent pour qui? Oubliant que si vous ne savez pas qui ils sont et ne comprenez pas ce qu’ils veulent, alors l’idée d’union avec eux est absurde.
Moi aussi, je ne crois pas à la séparation du Cameroun.
Cependant, je vis avec un grand nombre de Camerounais qui veulent quitter l’union. Non pas parce qu’ils n’y croient pas ou ne l’aiment pas, mais à cause de la façon dont cette union a été entretenue jusqu’ici.
Ce n’est guère la quantité de brimades qui va résoudre le problème. Le célèbre écrivain Stephen Covey a écrit: «Vous ne pouvez pas par la parole, résoudre les problèmes que vous avez par votre comportement engendrer.»
L’unité est basée sur des principes et des valeurs partagées. Pour convaincre quelqu’un de resté uni avec vous, vous devez vous comporter de façon à incarner et défendre ces principes et valeurs.
La voix d’un anglophone crie et pleure depuis un an.
Cette voix dit :
Si ce qui nous unit c’est «Tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs.», alors, vous devez nous soutenir quand nous sommes victimes de traitement inégal.
Si ce qui nous unit est «l’État assure la protection des minorités», alors quand je suis victime de discrimination, vous devez vous tenir à mes côtés au nom de l’unité.
Si ce qui nous unit est « Nul ne peut être poursuivi, arrêté ou détenu que dans les cas et selon les formes déterminées par la loi», alors, vous devez hurler de toutes vos forces quand je suis arrêté arbitrairement et illégalement, puis détenu pendant des mois injustement.
Si ce qui nous unit est «Toute personne a droit à la vie et à l’intégrité physique et morale. Elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité.», vous devez vous lever et me défendre avec vigueur quand je suis humilié, torturé et tué.
Si dans de telles circonstances, vous avez été à mes côtés au nom de l’unité, alors vous pouvez vous plaindre le jour je veux vous quitter.
Si vous avez protesté en faveur de mes droits, alors vous pouvez faire flotter le drapeau, le jour où je dis que je veux m’en aller.
Si vous avez marché pour ma sécurité et ma liberté, vous pouvez me rappeler que nous sommes un et indivisible le jour où je veux la séparation.
Par contre, si vous êtes restés silencieux et bras croisés alors que le fondement même de l’unité était bafoué, si vous étiez inactif quand je me faisais battre, arrêter, violer et tuer,
Si vous avez regardé ceux qui profanent le mot unité abuser de moi dans tous les sens,
Si vous avez été sourd, aveugle et muet alors que j’étais victime d’injustice …alors vous avez choisi le camp de mon oppresseur.
Puisque vous avez choisi le camp de mon oppresseur, je crains de ne pas pouvoir entendre vos cris d’unité aujourd’hui. Lorsque vous faites flotter le drapeau, je pourrais ne pas le voir. Lorsque vous prononcez des mots de prudence, je pourrais ne pas en tenir compte.
Parce que la force et la violence sont de votre côté, en ne vous écoutant pas, je peux perdre la vie.
Et devant mon corps gisant sur le sol, si vous versez une larme ou vous formulez une complainte, une chose est certaine, vous entendrez ma voix chuchotant dans le vent …. «Sommes-nous à présent unis ? »
La voix de cet anglophone me hante. Que vous dit-elle ?
(Toutes les citations sont de la Constitution du Cameroun).
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Are We Now United Now?
For all those who asked that maximum force be used against protestors because Cameroon is One and Indivisible, it was used. I ask you, Are we now united?
To those who said the flag was desecrated and this was unpardonable, the punishment has been inflicted. So, are we now united?
To those who so loved our children that they wanted to use force to send them to school, but did not love them enough to say STOP as they were being killed, I ask you, Are we now united?
To those who said the Anglophones should be quiet, because all of us as Cameroonians have the same problems, yesterday the gun quieted the Anglophones, Are we now united?
To those who labeled us terrorists, rats, dogs and cockroaches, well, they have been treated as such, chased, smashed, brutalized and some exterminated. I hope we are now united.
The greatest catastrophe of our colonization, first by Europeans and for the last 57 years by our Cameroonian brothers, is what it has done to our minds.
We have been so ruled by decree, that we have come to believe in it ourselves. So as we moved towards danger and people saw it approaching closer and closer to themselves, Cameroonians themselves starting issuing the decrees.
They shouted over Facebook: Cameroon shall never be divided. Forgetting they have never taken one step for it to be united.
They tweeted: I am Franglophone. Never having set foot in another region and most certainly incapable of speaking the other language.
They screamed over media: Who are they? What do they take themselves for? Forgetting that if you do not know who they are and do not understand what they want, then the idea of uniting with them is absurd.
I too do not believe in the separation of Cameroon.
However, there is no question in my mind that many Cameroonians want to leave the union, not because they did not believe in it or did not love it, but because of the way this union has been governed.
No amount of shouting at them, will resolve this. The great writer Stephen Covey says “You cannot talk yourself out of problems you behaved yourself into”.
Unity is based on shared principles and values. To convince anyone that you want to unite with them, you must behave in a way that defends these principles and values.
I hear the voice of an Anglophone over the last year. That voice is saying:
If what unites us is “all persons shall have equal rights and obligations”, then in the name of unity you must support me when I am not treated equally.
If what unites us is “the State shall ensure the protection of minorities”, when I am discriminated against you must stand with me in the name of unity.
If what unites us is “no person may be prosecuted, arrested or detained except in the cases and according to the manner determined by law” you must shout with all your might when I am arrested arbitrarily and illegally, then held for months on end unjustly.
If what unites us is “every person has a right to life, to physical and moral integrity and to humane treatment in all circumstances”, you must stand up and defend me vigorously when I am humiliated, tortured and killed.
If you have stood in unity with me, then you may shout the day, I want to separate.
If you have protested for my rights, then you may fly the flag, the day I say I want to leave the union.
If you have marched for my safety and my freedom, you may remind me we are one and indivisible the day I want to divide.
However, if you have stood by, silent and arms folded while the very foundation of unity was trampled upon;
If you were dormant when I was beaten, arrested, raped, killed. If you watched as those who defile the very word unity abused me in every way;
If you have been deaf, blind and dumb as injustice was meted out, then you have sided with my oppressor.
As you have sided with my oppressor, I am afraid my friend that when you shout one and indivisible today, I may not hear. When you fly the flag, I may not see. When you pronounce words of caution, I may ignore.
Because force and violence is on your side, by not heeding you, I may die. And when it is my dead body lying there. Whether you shed a tear or you gloat. One thing is certain, you will hear my voice whispering in the wind…. “Are we now united?”
The voice of this Anglophone is haunting me. What does it say to you?
(Quotes above are from the Constitution of Cameroon)