Cameroun ou quand un ancien “bon élève” de la Françafrique se retourne contre son “maître Français”…
Alors à qui la faute? Aux activistes des Droits de l’Homme et partisans de l’alternance démocratique au Cameroun, que le despote Paul BIYA assimile souvent à des “apprentis sorciers” et autres “oiseaux de mauvais augure”; ou à la prise de conscience tardive mais salutaire des dirigeants Français.
Vraisemblablement les deux à la fois.
Pourtant les instances politiques et les milieux économiques hexagonaux étaient prévenus depuis tant et tant d’années. En effet aucune manipulation n’est assez grossière pour un dictateur, y compris celle d’un panafricanisme de pacotille et de l’exacerbation d’un sentiment anti-français, notamment lorsqu’il voit ses soutiens traditionnels lui échapper, et veut néanmoins pérenniser sa mainmise sur une présidence qu’il a conçue à vie, avec leur assentiment implicite.
Doit-on rappeler aux uns et aux autres leur mutisme lorsque les règles élémentaires de légitimation du pouvoir étaient systématiquement violées au Cameroun. Ou quand des innocents ont été jetés dans les geôles infâmes du régime de Yaoundé, et d’autres massacrés parce qu’ils s’opposaient – à travers des émeutes dites de la faim – à son projet de révision de la constitution en février 2008?
Il ne faut jamais désespérer de la raison d’État dans les véritables démocraties, parce qu’elle a l’art de s’adapter au fil du temps aux exigences de renouvellement et de transparence des peuples. Juste peut-on espérer dans le contexte délétère du Cameroun, qu’elle aura définitivement eu raison de la rhétorique complotiste qui y prospère.
En effet ceux qui ont vu ce dont une puissance occidentale…membre permanent du conseil de sécurité et de l’Otan (fut-elle moyenne) est capable en termes de renseignements et de puissance de feu en Côte d’Ivoire, en Libye, voire au Mali…ne peuvent raisonnablement penser un seul instant que la France (puisque c’est elle qui est généralement pointée du doigts derrière les incursions meurtrières du groupe terroriste Boko Haram) se soit réellement décidée à “déstabiliser” le régime de Paul BIYA, comme l’affirment régulièrement ses partisans, courtisans et thuriféraires. Car nul autre président africain et ses collaborateurs ne sont aussi connus dans les moindres détails à Paris. Non seulement la France a largement contribué à les mettre en place en 1982, puis à les maintenir pendant 33 ans; surtout ils séjournent à intervalle régulier dans l’hexagone avec leurs proches, ou chez les principaux alliés occidentaux de Paris.
Des articles successifs de la presse française sur Paul BIYA et son régime totalitaire ne traduisent pas nécessairement une stratégie ou une volonté coordonnée de déstabilisation du Cameroun. La France en a largement les moyens et n’aurait même pas besoin de s’encombrer de toutes ces couvertures de presse si elle en a réellement l’envie. Et sans l’ombre d’un doute, celles et ceux qui crient en chœur à la déstabilisation, ou attisent localement cette thèse au Cameroun, s’abriteraient eux dans leurs confortables demeures de Paris, Londres, Genève, ou des États-Unis d’Amérique.
De grâce, assez de cette grossière manipulation des masses paupérisées au Cameroun.