DÉBAT- PARODIE PRÉSIDENTIELLE 2018: QUELLE CRÉDIBILITÉ POUR L’OPPOSITION CAMEROUNAISE?
DE QUOI L’OPPOSITION CAMEROUNAISE EST-ELLE RÉELLEMENT LE NOM? S’AGIT-IL DE CELLE QUI VA EN PERMANENCE À LA SOUPE DE PAUL BIYA, OU DE CELLE AVEC DES LEADERS À L’ÉGO SURDIMENSIONNÉ, L’UNE N’EXCLUANT ÉVIDEMMENT PAS L’AUTRE???
Rappelons pour ce faire qu’elles s’accommodent toutes les deux et le plus normalement au monde, à l’exception notable du Pr Maurice Kamto – de l’épuration politique menée systématiquement dans les rangs du pouvoir en place, sous couvert d’une imposture judiciaire dite de lutte contre la corruption?
Maintenant détaillons la liste non limitative de quelques attributs communs propres à cette dictature camerounaise: les médias appartenant aux copains du dictateur; une économie coloniale dominée par les mêmes; des politiciens de l’opposition (la vraie) constamment harcelés, poursuivis ou menacés de poursuites; l’État et la religion (notamment catholique) qui marchent la main dans la main, le système judiciaire sous des pressions permanentes pour se conformer aux volontés du dictateurs et ses proches; l’indépendance des établissements d’enseignement supérieur dont les «grandes écoles» pervertie sans relâche, une corruption endémique et omniprésente dans toutes les institutions étatiques; des marchés publics sous le contrôle des décideurs politiques et réseaux clientélistes; des ONG comme le CL2P, acculés à n’être que les boucs émissaires du chaos ambiant, etc…. Oh oui – presque toujours, rendues responsables de tous les malheurs du Cameroun, car accusées d’être de sinistres conspirateurs extérieurs, en collusion avec les «odieux» Occidentaux.
Malgré tout cela, vous trouvez néanmoins de pseudo-opposants, panafricanistes auto-proclamés, qui n’ont pas la moindre gêne à servir de marche pied pour la prochaine “ré-election” triomphale du dictateur Paul Biya.
C’est principalement cette opposition – baptisée G20 – qui a hélas perdu toute crédibilité et ne peut se revendiquer d’aucune culture démocrate…
Et si il y a une leçon à tirer de cette tragédie politique camerounaise, elle serait la suivante: les élections à elles seules ne font pas la démocratie. Les élections sans institutions démocratiques ne font que conduire à des dictatures élues, voire à une sorte de domination populaire. Le fait que tant de dirigeants dans le monde soient «réélus» dans de telles conditions ne devrait pas être une surprise.
En effet, dès lors que vous contrôlez les principaux moyens de communication avec le public, tout en intimidant et en faisant taire les opposants politiques et les médias indépendants; que vous monopolise toute forme de création d’activité salariée et entrepreneuriale, il n’est alors pas difficile de se faire réélire. Mais nous avons vu ce scénario trop souvent se répéter sous l’impulsion d’une sorte «d’international tyrannique», pour lui accorder un quelconque crédit démocratique. Et voilà le problème: il s’agit aujourd’hui d’un nouveau type de système, une approche codifiée de la gouvernance autoritaire, qui peut être reproduite et semble gagner du terrain dans plusieurs pays, y compris ceux dont on a longtemps pensé qu’ils en étaient suffisamment à l’abri, car souvent de vieilles et grandes démocraties.
C’est pourquoi au Cameroun, il faudra peut-être in fine songer hélas à se tourner du côté des personnalités maintenues en détention arbitraire pour entrevoir, comme en Afrique du Sud sous l’Apartheid, la possibilité d’une alternative apaisée et démocratique à la dictature trentenaire de Paul Biya.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
English version
PRESIDENTIAL PARODY DEBATE 2018: WHAT CREDIBILITY FOR CAMEROON’S OPPOSITION?
AS WITH THE VIRTUALLY UNCONTESTED ELECTION OF OCTOBER, 2018, WHAT ARE THE CAMEROONIAN OPPOSITION THE NAME OF? THE ONE THAT GOES PERPETUALLY TO THE SOUP OF PAUL BIYA, OR THAT WITH LEADERS WITH OVERSIZED EGO, ONE NOT EXCLUDING THE OTHER???
Even as they both agree and the most normally in the world, with the notable exception of Professor Maurice Kamto – with the political cleansing systematically conducted in the ranks of the power in place, under the guise of a judicial imposture pretending to fight against corruption.
More, Let’s itemize the list of common attributes of this dictatorship: media owned by the leader’s cronies; economy dominated by same; opposition politicians constantly harassed, prosecuted, or in danger of prosecution; state and religion hand in glove; judiciary pressured to comply with government’s diktat; independence of educational institutions relentlessly subverted; corruption ubiquitous in state institutions; free markets victimized by political expediency; NGO’s, such as the CL2P, scapegoated. And oh yes – almost invariably the country’s woes get blamed on sinister outside conspirators, usually the West. You get the picture.
After all of this, this so-called opposition has no problem serving as stepping stone for the dictator’s next triumphal reelection. This opposition has unfortunately lost all credibility and cannot claim any democratic culture…
If there is one overriding lesson to adduce from this it must be this: elections alone do not a democracy make. Elections without democratic institutions merely lead to elected dictatorships, indeed to a kind of mob rule. The fact that so many leaders get re-elected under such conditions should come as no surprise. If you control the means of communication with the public, while you intimidate and silence opposition politicians and media, and you monopolize the disbursement of employment, it’s not hard to get re-elected.
But we have seen this script too often now to grant such systems the name of democracy. And here’s the rub: they do represent a new kind of system, a codified approach to governance, one that can and does get replicated in disparate countries.
And unfortunately we must turn to the personalities held in arbitrary detention to glimpse, as in South Africa under Apartheid, the possibility of a peaceful and democratic alternative to the thirty-year dictatorship of Paul Biya.
The Committe For The Realise of Poliitical Prisoners – CL2P