Monsieur MARAFA Hamidou Yaya et ses enfants Lydienne, Aissatou et Fayçal, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès de Madame Jeannette Noora MARAFA,
Vous prient de trouver, ici, leurs très sincères remerciements.
CL2P, Hommage de Fabienne DEBARGE à une dame d’exception:
À vous, Monsieur MARAFA, absent mais tellement présent dans nos pensées, vous tous, ici présents, je veux dire mon émotion et ma peine.
Jeannette, dans nos longues années d’amitiés et d’engagements communs, nous a souvent, avec confiance, demandé des tâches difficiles mais aujourd’hui, lui rendre hommage… en est une encore plus difficile.
Il est difficile de faire l’éloge de toute personne, de trouver les bons mots pour exprimer les événements et les dates qui font une vie. Mais l’essence, les joies, les moments privés, les qualités uniques qui illuminent une âme comme l’âme de Jeannette sont inexprimables.
Sa personnalité nous a marqué à ce point au CL2P car elle fut la force synergique qui permit la naissance du CL2P, alors que nous sortions déjà d’un long combat et doutions de la portée de notre mission.
Ce fut pour moi un honneur immense de militer avec elle pour la libération de son mari Marafa Hamidou Yaya. Jamais des minutes de ma vie ne m’ont parues plus utiles. Mais ce fut surtout pour moi un privilège d’être l’amie, la sœur de combat d’une femme qui a consacré chaque minute, chaque seconde de sa vie y compris vers les derniers mois de sa vie à la Justice et au rétablissement de la Vérité pleine et entière pour la libération de Marafa Hamidou Yaya.
Juchée sur les hauteurs de sa vie où désormais elle repose, Jeannette Noora Marafa nous a montré à quel point la liberté est belle et que le seul chemin à suivre est celui de l’unité et de l’amour, même si pour elle, le prix à payer fût élevé.
Si sa vie fut un météore de conscience dans nos existences, sa mort doit être pour nous un cri de ralliement.
Permettez-moi en conclusion de dire ces quelques mots: LA cause que nous avons servie autant que nous le pouvions, restent à l’ordre du jour. L’Histoire chemine à son pas, et la vie humaine est courte. Il n’empêche, Jeannette a bien rempli sa propre vie en faisant le pari optimiste du progrès humain ».
Nous ne t’oublierons pas. La lutte, le combat pour la Liberté et la dignité humaine continuera de plus bel, jusqu’à la victoire.
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Tribune: De Quoi Jeannette Marafa Était Le Nom: Prisonniers politiques et la Politique du Sacrifice Personnel au Cameroun
Comme nous regrettons le décès de Mme Jeannette Marafa, épouse du célèbre prisonnier politique camerounais Marafa Hamidou Yaya, après avoir mené une longue et terrible lutte pour libérer son mari!
Nous nous associons naturellement à la douleur du ministre d’État, Marafa Hamidou Yaya, de leurs trois enfants, de toute la famille, des proches, et des amis qui ont été témoins de sa détermination et de sa chaleur humaine, même dans les heures les plus sombres de son combat.
Nous devons nous poser ici pour réfléchir sur ce que Jeannette Marafa a réellement été le nom.
En effet les Marafas faisaient partie d’une jeune élite africaine qui aurait pu choisir d’utiliser leur talent à l’étranger pour un confort matériel et personnel encore plus grand. Leur sens du patriotisme et du sacrifice les ont conduit à un retour au pays natal afin de construire celui-ci à un moment où la bureaucratie nationale, dans le moule du colonisateur français, était un modèle de compétence administrative et démocratique, d’intégration, et de développement national. Les Marafas sont une véritable famille camerounaise à la fois hautement qualifiée, multiconfessionnelle, reliant le sud et le nord du pays, et surtout un exemple radieux du succès camerounais.
La compétence du ministre d’État Marafa Hamidou Yaya, qui a été notée y compris par des acteurs internationaux tels que l’ancien ambassadeur des États-Unis au Cameroun, Janet Garvey, et divulgué sur WikiLeaks, a mis en branle l’engrenage de sa chute orchestrée autour d’ accusations fallacieuses «d’Intelligence» avec l’acquisition illégale d’un avion présidentiel en violation des Directives du Fonds monétaire international (FMI) qui contrôle réellement les finances camerounaises. Les retombées de cette acquisition illégale sont devenues l’alibi en or pour le président du Cameroun Paul Biya, âgé de 84 ans et au pouvoir depuis 1982, de purger des bureaucrates hautement qualifiés et compétents tels que Marafa Hamidou Yaya, puis d’enfoncer définitivement les clous sur toute possibilité d’une alternance démocratique au pouvoir au Cameroun, à partir des résultats sortis des urnes.
Le ministre d’État a ainsi été immédiatement arrêté puis jeté aux chiens pour le plaisir pervers et sadique d’une population docile et pacifiée. Aujourd’hui Marafa lui-même traîne une mauvaise santé, qui nécessite une évacuation médicale pour raisons humanitaires en Europe. Mais il a été confiné dans un mouroir concentrationnaire du régime de Paul Biya pour y succomber d’une mort lente.
Une autre raison: le ministre d’État est un prisonnier politique parce que son incarcération n’a pas permis de changer les structures fondamentales de l’État et de transformer radicalement la politique de la lutte contre la corruption. Le Cameroun est toujours classé parmi les pays les plus corrompus au monde par Transparency International. La raison pour laquelle le ministre d’État Marafa est torturé est d’abord liée à la jalousie politique, au ressentiment, et aux préjugés tribaux. Son sacrifice personnel est, de fait, inutile, parce qu’il ne sert pas le bien commun, quelque chose que le ministre d’État, comme vrai Patriote, aurait à la limité été prêt à supporter si son sacrifice et le sacrifice de sa femme bien-aimée avaient effectivement pu servir les intérêts des Camerounais. Que non!
Précisément il est important de discuter sur la notion de sacrifice personnel et la politique de l’émotion.
Un intellectuel américain tel que Martha Nussbaum, l’un des philosophes les plus respectés et les plus prospères du monde, a exploré les relations entre les émotions politiques et la justice sociale. Nussbaum soutient que la culture de l’amour et de la compassion crée un contexte de possibilités imaginatives, d’enthousiasme, et d’engagement motivé qui fait du sacrifice pour l’activisme social le plus grand bien possible. Le CL2P a beaucoup écrit sur le fait que les rituels de commémoration, les cérémonies publiques, par exemple, peuvent produire des émotions positives et un enthousiasme qui font du sacrifice pour le bien commun possible. L’abnégation est ce qui rend le sacrilège impossible.
Martha Nussbaum a également noté que les émotions telles que le chauvinisme, la colère, l’envie, le ressentiment personnel, et la jalousie sont de mauvaises émotions qui créent la haine et la division. Seul l’autosacrifice personnel est au cœur des fondements nécessaires pour les changements et les réformes substantielles. Le régime autocratique de Paul Biya doit encore démontrer toute capacité de sacrifice, le pouvoir de produire des émotions positives, et surtout de l’imagination publique où chaque Camerounais ordinaire se visualiserait et pourrait se projeter comme un agent de changement.
Jeannette Marafa nous lègue un héritage fait d’amour, de lutte pour la liberté, et d’exultation de la sagesse, mis à rude épreuve par un régime despotique. Mais sans l’amour et l’autosacrifice personnel, rien de bon ne sera atteint au Cameroun.
Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)
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English version
What was Jeanette Marafa the name of: Political Prisoners and the Politics of Personal Self-Sacrifice in Cameroon
As we regret the passing of Mrs. Jeannette Marafa, wife of the famous Cameroonian political prisoner Marafa Hamidou Yaya, after having waged a long and terrible fight to free her husband. We naturally associate ourselves with the pain of Minister of State Marafa Hamidou Yaya, their three children, the whole family, relatives, and friends who witnessed his determination and human warmth even in the hours the darkest she must have crossed.
We need to pose here to reflect on what Jeanette Marafa was the name of. The Marafas was part of young African elite who could have chosen to take their multiple talents and competence overseas for a much better material and personal comfort. As Cameroonian patriots, they chose instead to go back to Cameroon and build their country at a time where the national bureaucracy, in the French former colonizer model, as a model of administrative competence and a democratic model of national integration and development. The Marafas are a real Cameroonian family both highly educated, multi-confessional linking both the south and the north of the country and a successful example of Cameroonian success.
The minister of state Marafa’s highly competence who was noted by international actors such as former US Ambassador to Cameroon and leaked on WikiLeaks began the engrenage of his downfall who led to trumped up charges of “Intelligence” with the illegal acquisition of a presidential airplane against the directives of the International Monetary Fund (IMF) who actually control Cameroonian finance. The fallout of that illegal acquisition become a godsend opportunity for the president of Cameroon, 84 years of age and in power since 1982, to purge highly qualified and competent bureaucrats such as Marafa Hamidou Yaya and the beginning of the end of any democratic alternance of power through the ballot box. The Minister of State Marafa, was quickly arrested and fed to the dogs for the perverse and sadistic enjoyment of a docile and pacified population.
The minister of state Marafa himself suffers from ill health that necessitates a medical evacuation to Europe but he is been confined to a Biya’s regime dungeon for a slow death. One more reason, the Minister of State is a political prisoner is because his incarceration has not given ways to any sort of radical structural change and political transformation to fight corruption. Cameroon is still highly ranked as the most corrupt country in the world by Transparency International. The reason the minister of state Marafa is been tortured is because of political jealousy, resentment, and tribal prejudices and his sacrifice is, de facto, pointless, because it does not serve the common good, something that the minister of state, as a bona fide patriot, would be willing to endure if his sacrifice and the sacrifice of his beloved wife did.
This is important to discuss notion of personal self-sacrifice and the politics and emotion. American intellectual such as Martha Nussbaum, one of the world most respected and prolific philosopher, have explored the relationships between political emotions and social justice. Nussbaum argues that the cultivation of love and compassion create a context of imaginative possibilities, motivated engagement that make sacrifice for social activism and the greater good possible. The CL2P has written a lot about how commemoration rituals, public ceremonies, for example, can produce positive emotions and enthusiasm that make sacrifice for the common good possible. Self-sacrifice is what makes sacrilege impossible.
Martha Nussbaum has also noted how emotions such as chauvinism, anger, envy, resentment and jealousy are bad emotions that create hatred and division. Only personal self-sacrifice is at the core the necessary foundation of substantive changes and reform. Biya’s autocratic regime has yet to demonstrate any capacity for self-sacrifice and the power a power to stir positive emotions and public imagination where each ordinary Cameroonians visualize himself as a change agent.
Jeanette Marafa is a legacy of love and fight for freedom and the wisdom that without love and personal self-sacrifice, nothing good will be achieved in Cameroon because of Biya’s despotic regime.
The Commitee For The Release of Political Prisoners (CL2P)